La Poste a présenté cette semaine un bénéfice consolidé de 295 millions de francs. Conclusion de la direction du groupe: «La Poste est en forme, même dans un environnement très exigeant.»
Malheureusement, ça semble moins le cas des 46'500 personnes qui ont contribué à ce résultat. Un chiffre du rapport de gestion ne laisse pas indifférent: En moyenne, les collaborateurs de la Poste ont été absents du travail pendant 15,8 jours l'année dernière – pour des raisons médicales.
Un triste record; en 2010, le géant jaune comptait encore 10,5 jours d'absence pour raisons médicales par collaborateur. En 2015, ce chiffre était de 12,4 jours d'absence. En 2021, les employés du géant jaune ont été absents en moyenne 14 jours. En 2022, il s'agira donc de plus de trois semaines de travail, soit une augmentation de 13% en un an.
La cause de ces absences fait débat
Les syndicats expliquent cela par des journées de travail plus longues et plus flexibles: «Cela entraîne toujours plus de stress et de pression, en particulier chez les livreurs et livreuses, mais aussi dans les centres de tri des lettres et des colis», explique Matteo Antonini, responsable du secteur Logistique chez Syndicom.
Le président du conseil d'administration de la Poste, Christian Levrat, s'inquiète également de l'augmentation du nombre de jours d'absence. Mais le député au Conseil des Etats, qui a lui-même été syndicaliste par le passé, trouve l'explication de Syndicom peu concluante. D'autant plus que le volume de travail dans les centres de tri et dans la distribution aurait en fait plutôt diminué l'année dernière.
Dans un entretien avec «SonntagsBlick», il explique que les raisons les plus fréquentes des absences sont des problèmes avec l'appareil locomoteur, ou des souffrances psychiques. On enregistre une augmentation des absences longue durée. Mais aussi des absences de courte durée: «Nous constatons cette tendance pour l'ensemble de la Poste, ainsi qu'en comparaison avec d'autres entreprises.»
L'ancien président du PS ne peut pas en expliquer les causes précises. Les premières analyses permettent toutefois de conclure aux corrélations suivantes: «Les évolutions démographiques sont à prendre en compte, notre personnel vieillit. Les maladies sont de retour après la suppression des mesures Covid. Ainsi que des soucis dus aux événements mondiaux actuels.»
Des malades partout
En d'autres termes, Christian Levrat considère l'augmentation des journées passées au lit en premier lieu comme une conséquence des évolutions de la société dans son ensemble, et non pas comme un problème spécifiquement lié à la Poste.
Une étude sur la santé de la caisse maladie CSS, publiée à l'automne 2022, semble donner raison à la direction de la maison jaune. L'étude diagnostique une «détérioration inquiétante de l'état de santé général de la population suisse» – résultant ainsi en une augmentation du nombre de jours de congé maladie. L'impression générale d'être davantage alité depuis plusieurs mois ne trompe donc pas.
«La Poste doit veiller à un climat de travail sain»
Mais les arrêts de travail à la Poste restent exceptionnellement élevés, même en comparaison avec les autres grandes entreprises du pays. Selon l'Office fédéral de la statistique, la durée annuelle des absences par poste de travail était de 7,5 jours en 2021. Pour les «professions de service et les vendeurs et vendeuses», cette valeur était de 9,9 jours. Avec 13,1 jours, les «travailleurs auxiliaires» affichaient la plus longue durée d'absence pour cause de maladie ou d'accident. La Poste dépasse également ce chiffre.
La revendication du syndicaliste Matteo Antonini est quant à elle claire: «La Poste doit veiller à un climat de travail sain.» Son président souligne que les premières mesures ont déjà été prises, comme des formations concrètes pour les cadres ou des mesures dans le domaine de la réintégration. Christian Levrat le promet: «Nous prenons cette évolution très au sérieux.»