Est-ce une attraction ou une grosse farce? Le tournoi de double mixte de l’US Open, complètement remanié, fait l’objet d’une controverse dans le monde du tennis. A partir de mardi, les superstars se succéderont dans ce nouveau format qui devrait redonner du lustre à la compétition. Le tableau des participants ne pourrait pas être plus illustre: Carlos Alcaraz fera équipe avec Emma Raducanu, Casper Ruud avec Iga Swiatek, Novak Djokovic avec Olga Danilovic, Jannik Sinner avec Katerina Siniakova. Seule représentante pour la Suisse, Belinda Bencic s’alignera avec Alexander Zverev.
Les finales de Cincinnati chez les hommes et les femmes ayant encore lieu ce lundi, il pourrait y avoir des ajustements de dernière minute. Mais une chose est sûre: les organisateurs veulent des participants de renom. Les spécialistes du double, qui ont disputé le tournoi mixte jusqu’ici peu remarqué, ne jouent plus aucun rôle dans leurs planifications. À moins qu’ils ne s’associent à une star pour cette nouvelle compétition à grand spectacle.
«C’est une blague»
«C’est une blague», s’insurgeait il y a quelques semaines l’Allemande Laura Siegemund, qui a déjà deux titres du Grand Chelem mixte à son palmarès, mais qui se voit désormais privée de la possibilité de continuer à décorer son armoire à trophées. Pour elle, «le mixte ne devrait pas être relégué au rang d’événement spectacle». Et la légende tchèque Martina Navratilova, vainqueur de nombreux tournois majeurs (18 en simple, 31 en double et 10 en mixte!), estime également que les organisateurs font fausse route: «Cela transforme ce titre en farce!», lance-t-elle.
L’idée derrière ce changement est simple: le tournoi mixte doit passer du statut d’événement secondaire à celui d’attraction supplémentaire pour le public. Au lieu de se dérouler durant la troisième semaine de l’US Open, il aura lieu durant la première semaine. C’est-à-dire pendant les qualifications individuelles et donc juste avant le tournoi principal qui débute dimanche. Comme il n’y a presque que des grands noms dans le tableau, la compétition mixte n’a jamais reçu autant d’attention. De plus, le chemin pour remporter un titre du Grand Chelem n’a jamais été aussi court: seules 16 équipes y participeront, contre 32 jusqu’à présent. Le tournoi ne durera donc que deux jours. Et seules quatre victoires suffiront pour décrocher le trophée. Le duo gagnant remportera un million de dollars américains (environ 805’600 francs).
Belinda Bencic se réjouit, mais comprend les critiques
Le prix n’est toutefois pas le seul facteur qui rend la participation attrayante. Les matches se déroulent en effet sous une forme raccourcie. Avec quatre jeux au lieu de six (sauf en finale, où il y en aura six), sans règle de l’avantage et avec un tie-break de match en dix points au lieu d’un troisième set. Tout se passe donc en un clin d’œil. De plus, les matches se dérouleront exclusivement dans les deux écrins new-yorkais: le stade Arthur-Ashe et le stade Louis-Armstrong.
Les experts n’ont guère de doute quant à l’impact de ce nouveau format. Y compris sur le plan financier. Et les joueurs de haut niveau sont jusqu’à présent également fans de l’idée. Belinda Bencic l’assure: «J’aime bien jouer en double ou en mixte, mais pendant un tournoi du Grand Chelem, c’est trop pour moi. Là, c’est une bonne opportunité pour nous, les joueurs de simple.» La Suissesse comprend toutefois que ce changement «n’est pas très populaire chez les spécialistes du double». «Pour eux, c’est autre chose», reconnait-elle.
La situation pourrait être encore plus délicate pour eux en cas de succès de cette formule. Si ce tournoi fonctionne à New-York, les autres Grand Chelem pourraient emboîter le pas.