Nikles reçoit des menaces
«Rends-moi mes 2000 euros ou je te retrouverai»

Le Genevois Johan Nikles a été menacé par un parieur mécontent. Jeudi, le 435e joueur mondial s'était incliné face à Lukas Rosol 6-2 6-1 lors du Challenger d'Amersfoort aux Pays-Bas.
Publié: 16.07.2021 à 13:44 heures
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Dernière mise à jour: 16.07.2021 à 13:50 heures
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Photo: Urs Lindt/freshfocus
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Ce n’est pas la première fois qu’un joueur ou une joueuse de tennis dénonce des messages de parieurs mécontents. Nombreux, par le passé, l’avaient déjà fait. Mais le cas de Johan Nikles est tout de même différent. Le Genevois a été contacté via Instagram par un mauvais perdant. Jusqu’ici rien d’anormal dans ce monde où un tel comportement est devenu, hélas, la norme. Ce qui change? L’internaute réclame de l’argent au joueur. «Rends-moi mes 2000 euros», écrit-il en message privé au Genevois. La demande est accompagnée de menaces. «Tu as 2 jours et ensuite je viendrai en Suisse visiter ta famille avec des amis.»

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La missive est suivie de l’IBAN et d’un message subsidiaire: «Ce n’est pas une blague, je suis sérieux. Si tu veux tricher, tu dois être prêt à être puni.» Un comportement qui a choqué Johan Nikles: «A force, on est habitués à ces messages, nous explique-t-il à son retour des Pays-Bas. Mais là c’était quand même un autre niveau de violence. Dans un premier temps, je voulais simplement l’effacer, mais j’ai décidé de mettre son message sur les réseaux sociaux pour que les gens se rendent compte de ce que nous subissons régulièrement.»

Johan Nikles se dit que l’homme ne va pas mettre sa menace à exécution. Mais c’est tout de même une pression qui existe avec la démocratisation toujours plus grande des sites de paris sportifs. «Si un gars pète un plomb pendant un de mes matches depuis les gradins parce qu’il a perdu de l’argent, il se passe quoi? Il suffit d’une fois… Les instances dirigeantes du tennis ne font pas grand-chose pour nous aider, regrette-t-il. L’ITF a signé un très gros contrat avec un site de paris, mais en contrepartie, rien n’est mis en place. Ce sont les joueurs qui sont les victimes. Pas les dirigeants.»

Qui est-il?

Le plus choquant dans cette histoire? L’homme ne se cache pas derrière un pseudo. Son IBAN commençant par «CZ», il ne faut pas avoir fait de hautes études pour découvrir l’origine du gars. En un quart d’heure, il est très facile de retrouver sa trace sur internet. Joueur de football amateur, il évolue actuellement en République tchèque, dans un club situé à la frontière autrichienne. «Je me suis bien sûr demandé si je devais déposer plainte contre lui. Si oui, je le fais où? En Suisse ou en République tchèque? Bref, je ne sais pas trop comment faire, regrette le joueur de tennis. C’est en tout cas marrant que vous l’ayez retrouvé. Si vous lui parlez, faites-le moi savoir.»

Sur son Facebook, le club de football en question a récemment annoncé la venue de sa nouvelle recrue. Une photo d’un match de cette formation est d’ailleurs la photo de profil Instagram du harceleur. «J’étais également surpris qu’il ne se cache pas, précise Johan Nikles. D’habitude, ce sont des gens derrière des pseudos qui nous écrivent.»

Pas tous comme ça

Si les interactions avec les parieurs sont rarement agréables, le Genevois se rappelle tout de même d’un cas. «Mon match était interrompu par la pluie et j’ai reçu un message d’encouragement de quelqu’un qui avait parié sur moi. J’ai finalement perdu. A la fin, il m’a réécrit pour me dire que ce n’était pas grave et qu'il n'avait pas perdu beaucoup. C’était sympa de sa part.» Il regrette surtout le manque de prévention de la part des sites de paris. «Certains jouent leur vie sur un match de tennis, poursuit-il. En cas d'importante perte d’argent, il y a forcément des frustrations. Que font les bookmakers pour éviter cela?»

Au lendemain de sa défaite, le Genevois a directement sauté dans l’avion pour revenir en Suisse où il disputera les qualifications du tournoi de Gstaad. «Je vais passer de 3m d’altitude à 1000m, les conditions vont changer. C’est pour cela que je me rends le plus vite possible sur place.» En espérant une victoire, cette fois. «C’est déjà suffisamment frustrant de perdre, je n’ai pas besoin de devoir encore assumer la frustration des autres.»

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