Le soleil brille, le Gipshorn est saupoudré d’un léger manteau blanc. «Ma montagne préférée», sourit Jasmine Flury en levant les yeux. Elle est déjà montée plusieurs fois au sommet de la chaîne du Monstein, à 2813 mètres d’altitude. Mais ces dix-huit derniers mois, c’était impensable. La Grisonne a dû faire preuve de plus de patience que jamais. Le chemin du retour après sa blessure au cartilage du genou, survenue en février 2024, s’est révélé interminable.
Cela fait plus de 620 jours que la skieuse n’a plus pris le départ d’une course. «Pendant la rééducation, il fallait supporter la douleur et la surmonter. Chaque jour. C’était épuisant mentalement. Ce n’est pas dans ma nature, et c’est pour ça que j’étais vraiment vidée ce printemps.»
Aujourd’hui, Flury retrouve le sourire. Son cartilage reste fragilisé, mais son genou va mieux. Lors du camp d’entraînement de vitesse à Valle Nevado, au Chili, la championne du monde de descente 2023 a retrouvé la montagne. «Découvrir ce que c’est que d’avoir du temps pour moi, mes nièces, mes amis et ma famille pendant un hiver entier, c’était une expérience nouvelle. Cela ne m’était pas arrivé depuis le début de ma carrière.»
La joie contagieuse des animaux
Elle n’a jamais envisagé de raccrocher les skis. «Au départ, je voulais simplement retrouver la santé. Pouvoir bouger librement à nouveau, jouer au tennis, me promener. Le ski, c’était très loin dans ma tête.»
La Grisonne a travaillé dur, encaissé les revers, fait preuve de patience, et surtout, n’a jamais abandonné. Des voyages à Dubaï, à Majorque et en Grèce l’ont aidée à se changer les idées. Et les promenades avec les border collies Flynn et Yuma lui ont fait un bien fou. «Ils m’apportent énormément. Quand je suis avec eux, je peux vraiment déconnecter. Souvent, je lance des pommes de pin qu’ils me rapportent avec un enthousiasme communicatif. Leur joie est contagieuse.»
Les chiens appartiennent à une amie de Monstein (GR). Chaque fois que Flury le peut, elle les emmène. Souvent sur le sentier d’altitude d’Inneralpbach, tout près de chez elle. «J’ai grandi dans une ferme. Les animaux font partie de moi, ils me rendent beaucoup. Ils ressentent nos émotions. Pendant ma rééducation, mon chat Chip se couchait souvent sur mon genou blessé, comme s’il comprenait.»
«J’ai retrouvé ce frisson»
Pour réussir son retour sur le circuit, Flury s’entraîne dur chaque jour et soigne méticuleusement son genou, notamment en s’échauffant avec une rigueur extrême avant chaque séance.
En août, elle a eu un déclic: «J’ai ressenti pour la première fois ce frisson, ce picotement… Et je me suis dit: oui, c’est possible. Je veux revivre cette sensation du départ à l’arrivée».
Encore une histoire à écrire aux Jeux olympiques
L’objectif de Cortina-Milan 2026 lui redonne une motivation puissante. «C’est là que je veux aller. Participer aux Jeux dans les Dolomites, ce serait un rêve. Le chemin reste long, un peu comme un marathon, mais je suis déjà en route.»
Flury a déjà participé deux fois aux Jeux d’hiver: en 2018 à Pyeongchang et en 2022 à Pékin. Les souvenirs sont toutefois mitigés avec une chute, une 15e place. «Jusqu’à présent, je n’avais pas vraiment ressenti l’esprit olympique. Mais cette fois, les Jeux auront lieu au cœur des Alpes, en Italie, sur l’Olimpia delle Tofane. On dit que jamais deux sans trois: j’espère que la troisième sera la bonne!»