Bruno Kernen (53 ans) est attristé. L’ancien champion du monde de descente est en ce moment à Reutigen (BE), dans ce qui fut pour lui un petit paradis durant son enfance. Depuis deux jours, l’endroit ressemble a un petit goût d'enfer.
Heureusement, pas de blessés
La maison de ses parents a en effet été détruite par un incendie, lundi dernier. «Cela m’a presque déchiré le cœur lorsque mon père m’a dit au téléphone que notre maison avait brûlé», confie Bruno Kernen au Blick. La cause du sinistre n’a pas encore été déterminée.
L’ancien athlète de classe mondiale relève néanmoins un seul point «positif» dans cette douloureuse affaire: «Outre ma sœur, deux locataires vivaient également dans cette maison. Ils ont pu se mettre à l’abri par leurs propres moyens. Les animaux de la bergerie ont eux aussi pu être sauvés.»
Cette maison, l'œuvre de toute une vie pour son papa
Mais Bruno Kernen souffre surtout pour son père Franz, âgé de 76 ans. Ce dernier ne vivait certes plus dans cette ferme construite au XVIIIᵉ siècle, mais il l’avait reprise dans sa jeunesse. «Comme il ne gagnait pas un gros salaire horaire en tant qu’ouvrier, certaines personnes lui avaient déconseillé de reprendre cette ferme. Mais mon père était un formidable bricoleur, et il exerçait une activité complémentaire pendant son temps libre. C’est ainsi qu’il a pu financer la rénovation de ce bâtiment très ancien. Voir partir en fumée l’œuvre de sa vie, acquise à la sueur de son front, est d’autant plus douloureux pour lui.»
Bruno Kernen pose son regard sur l’endroit où se trouvait, dans le bâtiment détruit, son petit royaume d’enfant. «Il y avait dans cette maison deux grandes chambres et une petite. Mon frère aîné, Roland, avait choisi l’une des grandes. Moi, je me suis toujours senti si bien dans le petite, sous les combles, avec cette vue magnifique sur la montagne de Reutigen.»
De nombreux élans de solidarité
C’est dans cet environnement modeste, mais empreint de chaleur et de bienveillance, que le «Brüneli», comme il est surnommé, est devenu un véritable géant de la vitesse. Après avoir remporté l’or en descente et l’argent en combiné aux Championnats du monde de Sestrières, Bruno Kernen a décroché deux fois le bronze mondial (descente 2003 et super-G 2007) et une fois le bronze olympique (descente 2006). Le 18 janvier 2003, il est devenu le dernier Bernois de l’Oberland à remporter la mythique descente du Lauberhorn.
Bruno Kernen n’oubliera jamais le rôle essentiel que son père a joué dans ses succès. «Avant que je ne gagne mes premiers sous en tant que coureur, mes parents investissaient environ 30'000 francs par an dans ma carrière sportive. Comme ils ne voulaient pas que mes frère et sœur soient lésés, mon père travaillait encore comme boucher, en plus de son emploi principal. Je lui en serai éternellement reconnaissant.»
Aujourd’hui, Bruno Kernen, Managing Director chez le fabricant de fart de ski «Toko», veut tout faire pour que son père se remette le plus vite possible de ce drame. Pour l’heure, la solidarité du voisinage contribue à apaiser un peu la douleur. Franz Kernen témoigne: «De nombreuses personnes nous ont contactés pour nous proposer leur aide. Des paysans m’ont proposé d’héberger mes moutons chez eux. Je tiens à remercier ces gens du fond du cœur.»