Lars Leuenberger revient à Davos
«J'ai dû faire un travail sur moi pour accepter mon rôle»

Lars Leuenberger avait mené Fribourg Gottéron au premier titre de son histoire l'an dernier. Cette année, le technicien revient à Davos dans un rôle différent, celui d'assistant.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

C'était il y a un an jour pour jour. Le 29 décembre 2024, Lars Leuenberger venait de reprendre Fribourg Gottéron. L'intérimaire nous avait accueillis à l'hôtel des Dragons à Davos pour un entretien. Le technicien évoquait à l'époque ses ambitions avec le club de la BCF Arena ainsi que son avenir comme assistant de Roger Rönnberg dès la saison 2025/2026.

Douze mois plus tard, le lieu est différent. C'est toujours l'hôtel Morosani de Davos, mais «LL» préfère le canapé du bar de l'hôtel plutôt que la table haute. «On sera mieux là-bas». À quelques mètres, certains joueurs de Fribourg Gottéron profitent d'une journée plus tranquille avant la demi-finale de mardi soir (20h10, en direct sur Blick).

L'heure est à l'introspection avec Lars Leuenberger durant une petite trentaine de minutes. Le technicien porte un hoodie spécial avec l'inscription «One More Time« (ndlr Encore une fois), mot d'ordre des Dragons à Davos.

Lars, c'est ton idée l'inscription «One More Time» et le pull?
Non, tout le monde l'a reçu le premier jour. Le staff, les joueurs, les accompagnants. C'était une belle surprise et un joli cadeau. Et je trouve que le slogan colle bien à notre état d’esprit.

Tu reviens à Davos un an après, dans une autre fonction, mais entouré presque des mêmes visages. Qu’est-ce que ça te fait ?
C’est toujours spécial de revenir là où on a connu du succès. L’année passée reste un souvenir très brillant dans ma mémoire: on s’était mis à rêver, et tout s’est enchaîné. Le 23 décembre, quand je me suis levé pour le premier match avec Fribourg du côté de Zoug, c’était un jour particulier. Cette aventure a été magnifique… et aussi très intense. On savait qu’on devait être bon chaque soir. C’est une période que je n’oublierai jamais. La victoire de l'an dernier va me marquer à vie.

On peut dire que cette saison-là avait tout d’un scénario de film...
Exactement ! C'était hollywoodien, non? (rires) On partait des dernières places du classement, presque relégables, et on termine lors d'un match 7 à Lausanne pour une place en finale. Si on m’avait raconté ça avant, je n'y aurais pas cru. Malgré cette défaite en demi-finale, c'était une saison de rêve si l'on voit d'où l'on est revenus.

Aujourd’hui, tu es assistant, aux côtés de Roger Rönnberg. Le contraste est fort après un an de lumière et de focus essentiellement sur toi.
C’est vrai, mais pour moi, la lumière n’a jamais été essentielle. Être coach principal, c’est extraordinaire quand ça marche… mais il y a aussi la face sombre, quand les résultats ne sont pas bons. J’ai vécu les deux. Je ne vis pas ce retour à l’ombre comme une défaite. Ma mission a changé : je travaille plus individuellement avec les joueurs, sur la glace, avant et après les entraînements, avec de la vidéo et du dialogue. Dans ce rôle, beaucoup s’ouvrent davantage. On parle de hockey, mais aussi de vie privée. C’est un aspect du métier que j’aime énormément.

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Être coach principal, c’est extraordinaire quand ça marche… mais il y a aussi la face sombre, quand les résultats ne sont pas bons. J’ai vécu les deux.
Lars Leuenberger
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Comment s’organise ta collaboration quotidienne avec Roger Rönnberg?
Nos rôles sont clairs. Roger est très exigeant, avec les joueurs comme avec le staff. Il a cette capacité à rester toujours au même niveau d'intensité. Certains doivent s’y adapter, mais il amène une rigueur et une constance qui conviennent bien à Fribourg.

Justement, comment perçois-tu cette mentalité fribourgeoise ?
Pour moi, c’est une organisation humble avec les pieds sur terre. Je me souviendrai toujours du soir où on a perdu le match 7 à Lausanne. Des membres du conseil d’administration nous attendaient dans le vestiaire pour nous dire merci. C’est rare. Ce respect, cette reconnaissance, c’est ce qui m’attache au club. Fribourg, ce n’est pas « too high » ou « too low ». C’est les deux pieds sur terre. 

Le groupe actuel te semble plus fort que celui de l’an passé ?
Oui, je le crois. Et je ne le dis pas contre ceux qui ne sont plus là. Mais il y a eu des ajouts très intelligents: Andrea Glauser, Patrik Nemeth, Henrik Borgström, Attilio Biasca… Tous amènent quelque chose de précis. Sandro Schmid a prolongé, ce qui est un atout majeur. Et les jeunes progressent vite: Kevin Nicolet, par exemple, qui avait marqué ici son premier but l'an dernier, a fait un pas vers l'avant. C’est un puzzle qui s’emboîte de mieux en mieux.

Un effectif étoffé, mais une concurrence plus rude aussi…
Forcément. Plus la qualité augmente, plus c’est difficile pour les jeunes de se faire une place. C’est le défi d’un club qui progresse : gérer l’équilibre entre ambition et développement. À Berne, j’avais connu cette situation: quand tout le monde est fort, c’est la gestion humaine qui devient centrale. La compétition interne, c’est sain, mais il faut faire attention à ne pas perdre nos jeunes talents en route.

Tu parles de ton rôle davantage centré sur l’individuel. Tu y trouves un nouvel équilibre ?
Oui. Ce changement m’a fait du bien. Revenir dans le soutien, dans le dialogue, ça m’a ramené à l’essence du métier. Je me sens utile autrement. Évidemment, la première semaine avec un nouveau staff, tout le monde observait tout le monde: «Comment il travaille?», «Comment je m’intègre?». Ça a pris un peu de temps, mais on a trouvé notre rythme. Aujourd’hui, c’est fluide.

Ton nom circule régulièrement pour des postes de coach, notamment à Berne. Comment le vis-tu?
Ça fait partie du métier. D’un côté, c’est flatteur, ça veut dire que le travail est reconnu. De l’autre, ce n’est jamais agréable quand ça devient un sujet, parce que ça entraîne plein de rumeurs. Tant qu’il n’y a pas de contact officiel, je n’y pense pas. Le jour où une proposition arrivera, il faudra réfléchir à ce qui est le mieux. Mais la situation est finalement très claire. Je suis sous contrat pour deux ans supplémentaires avec Fribourg. Si une autre formation veut discuter, cela passera par les dirigeants de Gottéron et non par moi. Mais ce n'est pas d'actualité.

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Si une autre formation veut discuter, cela passera par les dirigeants de Gottéron et non par moi. Mais ce n'est pas d'actualité.
Lars Leuenberger
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Tu sembles attaché à Fribourg.
Oui. Je suis reconnaissant pour la chance qu’on m’a donnée ici, pour la confiance du club, des joueurs, du public. 

Le club investit beaucoup cette année, avec un effectif dense et des signatures ambitieuses. Un risque aussi?
Quand les moyens augmentent, les attentes grimpent aussi. Ce sera le vrai défi des prochaines saisons: maintenir cette identité, continuer à intégrer des jeunes et gérer un vestiaire très compétitif. C’est passionnant, mais ça demande une ligne claire.

Avec ou sans Lars Leuenberger?
Tout va très vite dans ce milieu. Il y a une année, j'avais annoncé à ma famille que, pour la première fois depuis longtemps, j'allais passer l'hiver avec eux. En une journée, je suis passé d'une position d'attente à celle de coach principal à Gottéron. Tout ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui, je me sens bien à Fribourg. Mais je ne m'en cache pas. Oui, c'était une adaptation et ce n'est pas toujours évident de trouver nos marques dans ce staff. Tout le monde en est conscient et j'ai l'impression que nous sommes sur une excellente voie. J'ai dû faire un travail sur moi pour l'accepter et je pense y être arrivé.

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