La saison 2024-2025 a vu Isaac Schmidt disputer sa première saison à l'étranger. Et quelle année pour le Vaudois! Après avoir participé à une qualification historique en Coupe d'Europe en Turquie avec le FC Saint-Gall fin août, le latéral s'est engagé en deuxième division anglaise, où il a pu fêter une promotion en Premier League début mai. Et comme si cela ne suffisait pas, entre-temps, Murat Yakin lui a permis de faire des débuts convaincants en équipe de Suisse en mars. Tout n'a cependant pas été rose pour le joueur formé au Lausanne-Sport qui a été confronté à de gros défis. Interview au terme de festivités uniques.
Tu rentres de Las Vegas où tu as fêté la promotion en Premier League avec tes coéquipiers, comment c'était?
Franchement, c’est un truc de fou. Ça montre déjà la grandeur du club et aussi l’engagement et la joie des dirigeants, des propriétaires. Ce que ce club représente...
Ce sont les dirigeants qui vous ont envoyés là-bas?
Oui! Ils ont organisé et ont payé le séjour. C’était prévu depuis environ six mois. On savait que si on était champion, on partait à Vegas.
Cela a dû donner une petite motivation supplémentaire.
C'est sûr!
Et c’était comment alors, d’être avec ses coéquipiers dans cette ville?
Franchement, c’était cool. Fêter comme ça, après l'avoir fait avec les supporters, c’était un moment inoubliable. On ne va jamais revivre ça — enfin, j'espère qu’on va le revivre, mais il y a très peu de chances si on se dit la vérité. Et voilà, c’est un titre. Je ne sais pas où ce club peut aller, mais j’espère qu’on fêtera plus tard des choses encore plus grandes, comme une place en Europe. Et un jour, peut-être le titre de champion d’Angleterre.
Déjà à Leeds, cela avait l’air pas mal du tout avec plus de 150'000 personnes dans les rues lors de votre parade.
Oui, 150'000 personnes en feu, qui criaient, qui n’étaient pas juste là pour faire de la figuration. C’était incroyable.
Qu'as-tu ressenti au moment de devenir champion?
C’est mon premier gros titre à l’international, hors de Suisse. C’est un sentiment indescriptible. Ce n'est pas donné à tout le monde. Et je pense que c’est le fruit du travail de tout le monde, tu vois. Que tu aies joué 0 minute, 100 minutes, 2500 minutes... chacun a investi. L’accomplissement qu’on a fait ensemble, c’est un truc de malade. La manière dont ça s’est joué, c’est fou.
Tu parles des minutes. Toi, en ayant peu joué, te sens-tu pleinement champion?
Oui, clairement. Les gens voient les matches, mais pas les entraînements. Même ceux qui n’ont pas joué ont beaucoup donné. Si tu as un ou deux joueurs à côté de la plaque, l’entraînement change complètement. Et nous, on avait un groupe qui se donnait à fond. De très haut niveau. Peut-être pas sur le terrain en match, mais en dehors, certains ont apporté quelque chose de spécial.
As-tu une anecdote à raconter entre la fête à Leeds et celle à Vegas?
Ouais, jusqu’à Vegas, il y a des joueurs qui ont fait la fête tous les jours. Je n’avais jamais vu ça. Ils buvaient tous les jours, sans pause. (Rires)
Quel bilan tires-tu de cette première saison à Leeds?
J’ai beaucoup appris. C’était un autre football que celui joué en Suisse. Une année d’adaptation et d’apprentissage: nouveau pays, nouveau style de jeu, loin de la famille.
Comment as-tu géré le fait d’être un titulaire indiscutable à Saint-Gall, de marquer ce but si important face à Trabzonspor pour mener les Brodeurs en Coupe d'Europe, puis d’être cantonné au banc à Leeds?
Tu peux avoir de l’ego, vouloir jouer tout de suite. Mais je suis quelqu’un de terre-à-terre, de rationnel. Je m’analyse, je me compare sans me surestimer. J’ai vu dès le début que l’intensité des entraînements était autre, qu’il fallait que je m’adapte. C’est un autre football. Beaucoup plus de duels, d’intensité. J’étais mentalement prêt à toute épreuve et je savais que ça pouvait ne pas se passer comme je voulais, qu'il allait sûrement falloir de la patience. Et un peu de chance aussi — qu’il faut provoquer, mais qui ne vient pas toujours, même si tu bosses.
C’est ce que te disait ton coach?
Pas forcément. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup avec le coach. Je ne suis jamais allé me plaindre. Il gagnait ses matches, son latéral jouait 90 minutes à chaque fois et a été élu meilleur joueur du championnat à son poste. J’ai été dans la position inverse avant, donc je comprenais. J’ai appris que s’énerver ne sert à rien et qu'être rationnel est la clé. Le coach n’a pas eu besoin de me gérer. Parfois, il me disait que je m’entraînais bien, c’est tout. Mais mes concurrents, à chaque fois qu’ils jouaient, ils faisaient le taf. Il avait ses joueurs.
Et la Championship alors, c’est musclé?
C’est très musclé (Rires). Très intense. Il faut être fort physiquement et endurant. Ce n'est pas le tiki-taka espagnol. C’est un football de bagarre, du début à la fin. Et ça va très vite.
Cet hiver, quand tu voyais que ça n’évoluait pas, tu n'as jamais songé à changer de club?
J’y ai réfléchi. Mais je venais d’arriver, j’avais besoin de m’adapter. Et je voyais que je progressais. Même sans jouer, je sentais que ma progression était constante. J’espérais jouer si on devenait champion plus tôt. Et puis, je ne voulais pas manquer ce moment unique. On ne vit pas ça tous les jours.
On voit une bascule statistique dès mars (25 minutes de jeu à l'automne, 46 lors des 7 derniers matches) et la convocation avec la Nati. Coïncidence?
Je pense que oui, c’est une coïncidence. Mais j’avais eu des échos, des raisons pour lesquelles je ne commençais pas certains matches. L'enjeu était énorme. On savait que chaque rencontre comptait énormément. Tout était calculé, tout roulait et il ne fallait pas prendre de risques. Après ces deux matches avec l'équipe de Suisse, le coach et son staff, qui m'ont félicité pour mes performances, ont vu que je pouvais jouer sous pression. Mais ils n'ont pas voulu changer une formule qui gagnait.
Tout de même, jouer et réussir un bon match contre l’Irlande du Nord a pu être utile.
Oui, c’est une équipe remplie de joueurs de Championship. Donc c’était parfait et cela a pu jouer en ma faveur. Mais pour être honnête, je m’entraînais aussi bien depuis des mois. Après, comme je l’ai dit, il y avait de la concurrence. Et dans le foot, parfois, peu importe combien tu t’entraînes bien, si l’autre joue bien, tu ne joues pas. J’espère que la chance tournera pour moi.
Tu es revenu de Saint-Gall après le Luxembourg avec le moral à bloc, j’imagine?
Ouais, clairement. Ça m’a fait du bien moralement. J’étais récompensé pour mon travail. Même si je ne jouais pas, je savais que j’étais prêt. Il suffisait de me donner ma chance.
L’an prochain, tu te vois toujours à Leeds?
On verra. Je suis ouvert à tout. Mais Leeds, en Premier League… c’est une expérience unique.
C'était un rêve pour toi, la Premier League?
Oui, bien sûr. C’est un rêve. Je n’avais pas de club préféré en Premier League… maintenant, c’est Leeds!
Et la Coupe du Monde?
Ah oui, cela a toujours été un rêve. Avec mes cousins, on en parlait à Lausanne quand j'étais en M21, on se disait: «2026, Coupe du Monde». C'est là que j'ai commencé à y réfléchir. Et aujourd’hui, c’est plus un objectif qu’un rêve.
Donc pas de vacances pour toi avant la mi-juin?
Si, je pars, mais je continue à bosser. Cela va me faire du bien. Le corps a besoin de souffler. On n'a pas eu de pause cette saison et fait beaucoup de trajets. Mais je continue à m’entraîner. Tout est organisé pour que je sois prêt.
Et j'imagine qu'un deuxième aller-retour pour les États-Unis en quelques semaines ne te dérangerait pas.
(Rires) Non, ça ne me dérangerait pas.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Bâle | 36 | 48 | 70 | |
2 | Servette FC | 36 | 8 | 59 | |
3 | Young Boys | 36 | 7 | 57 | |
4 | FC Lucerne | 36 | 7 | 52 | |
5 | FC Lugano | 36 | -3 | 52 | |
6 | FC Lausanne-Sport | 36 | 8 | 51 |
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 36 | 1 | 53 | |
2 | FC St-Gall | 36 | 0 | 49 | |
3 | FC Sion | 36 | -9 | 41 | |
4 | Grasshopper Club Zurich | 36 | -11 | 36 | |
5 | FC Winterthour | 36 | -27 | 36 | |
6 | Yverdon Sport FC | 36 | -29 | 35 |