Un 10e pays pour le Vaudois
Shamakhi, la nouvelle escale du voyageur Karim Rossi

Globe-trotter du football, Karim Rossi a posé ses valises en Azerbaïdjan cet été. L'attaquant vaudois raconte son nouveau quotidien, entre Asie et Europe.
Publié: 20:52 heures
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Dernière mise à jour: 20:55 heures
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Karim Rossi a posé ses valises en Azerbaïdjan cet été.
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Bastien FellerJournaliste Blick

Après avoir passé le printemps en Suisse, à Schaffhouse, Karim Rossi a décidé de repartir à l'aventure. L'attaquant lausannois, déjà passé par l'Angleterre, les Pays-Bas, l'Indonésie, la Bulgarie et Chypre, pour ne citer que ces pays, a cette fois-ci posé ses valises en Azerbaïdjan. Un nouveau défi pour le Vaudois de 31 ans qui s'est tout de suite imposé du côté du FC Shamakhi, septième du dernier championnat.

Un pays de plus pour toi. Comment s’est faite la transition vers l’Azerbaïdjan?
J’ai fini mon contrat à Schaffhouse, où j’étais venu pour aider le club à éviter la relégation et surtout pour être présent lors de la naissance de mon deuxième enfant. Malheureusement, on n’a pas réussi à se maintenir. Ensuite, je ne voulais pas rester en Promotion League malgré une offre du club, car je pense avoir encore des années à bon niveau, en Challenge League ou plus haut. J’ai eu quelques contacts en Suisse, mais rien de vraiment intéressant. Puis j’ai reçu un appel d’un agent pour l’Azerbaïdjan. J’avais déjà eu une proposition de là-bas il y a deux ans. Cette fois, le coach m’a appelé, il m’a présenté le projet et ça m’a plu. J’aime les nouveaux défis, découvrir d’autres cultures et championnats. L’opportunité est arrivée un peu par hasard, mais elle collait bien à ce que je recherchais.

Les six mois à Schaffhouse ont été compliqués.
Je savais que la situation n’était pas simple. Je connaissais le club pour y avoir déjà évolué et j'avais réellement envie de participer à son maintien en Challenge League. Malheureusement, mes 2 buts et 4 passes décisives n'ont pas suffi. Les nouveaux dirigeants, qui sont arrivés en toute fin de saison, ont de bonnes idées et veulent remettre le club dans la bonne direction. Schaffhouse est un historique du football suisse, il mérite de retrouver de la stabilité.

Tu n’as pas eu de problèmes de salaires, contrairement à ce qu’on a pu lire?
Non, sur mes six mois là-bas, tout a été payé à temps. Par contre, j’avais entendu qu’en première partie de saison, il y avait eu des salaires impayés. Ce que j’ai surtout remarqué, c’est une gestion un peu spéciale, à laquelle on n’est pas habitué en Suisse. Ça a clairement eu un impact sur le sportif.

Après la relégation, tu n’as pas eu peur de ne pas retrouver de projet intéressant?
Quand tu arrives en fin de contrat, c’est toujours une période particulière. Tu n’es jamais complètement serein, surtout après une saison moyenne. J’ai fini avec cinq buts et quatre passes décisives, ce n’est pas ma meilleure saison. Mais j’étais confiant. Avec l’expérience, tu apprends à ne pas paniquer dans ces moments-là. Il faut juste rester en forme et attendre la bonne opportunité.

Ta famille t’a accompagné dans cette nouvelle aventure?
Oui, ils m’ont suivi ici. On fait parfois des allers-retours, mais ils vivent la plupart du temps avec moi. Les conditions sont bonnes, donc on peut se le permettre.

Comment juges-tu le niveau du championnat azerbaïdjanais?
Je le comparerais à celui de Chypre ou de Bulgarie. C’est un championnat compétitif, avec des équipes proches les unes des autres, sauf Qarabag, qui domine. Le pays investit beaucoup dans les infrastructures et les académies. La fédération fait un vrai travail de développement. C’est un championnat intéressant, en progression.

Justement, Qarabag impressionne en Ligue des champions.
Oui, ils ont battu Benfica et Copenhague, fait match nul contre Chelsea... C’est énorme! Je ne suis pas trop surpris, car je les vois jouer toutes les semaines. C’est une équipe très solide. Leur parcours est une bonne chose pour le championnat: ça attire le regard sur la ligue et montre qu’il y a un vrai niveau ici.

Après un passage à Schaffhouse ce printemps, Karim Rossi est reparti à l'aventure à l'étranger.

Vous avez fait match nul contre eux récemment (0-0). Une fierté?
Oui, forcément. Le football, c’est ça: il n’y a pas de logique. Sur le papier, Qarabag est largement favori, mais sur le terrain, tout peut arriver. On avait un plan et on l’a bien exécuté. Le football reste imprévisible, c’est ce qui fait sa beauté.

Ton club est assez jeune et a changé plusieurs fois de nom, ce qui est spécial. Sens-tu les fans attachés au club?
Aujourd’hui, le club est bien installé dans sa ville actuelle. Il y a un petit groupe de supporters fidèles, mais ce n’est pas comparable à Qarabag ou Neftchi. Beaucoup d'équipes s’entraînent à Bakou et jouent ensuite leurs matches ailleurs, c’est un système particulier. Ce n’est pas l’idéal pour créer une vraie base de fans, mais il y a tout de même un certain engouement.

C’est très différent de ton expérience en Indonésie où tu menais un peu une vie de rockstar.
Ah oui, complètement! (Rires) En Indonésie, c’est la folie. Les gens vivent le football. Tu sors dans la rue, on te prend en photo, les stades sont pleins. Ici, c’est plus calme. Les gens aiment le foot, mais ils n’ont pas la même culture du club. C’est une autre ambiance.

Comment se passe ton adaptation à la vie sur place?
Très bien. L’Azerbaïdjan est un pays musulman, donc les coutumes me sont familières. Il y a les mosquées, l’appel à la prière, tout ça fait partie de ma culture aussi. Ce n’est pas un choc culturel pour moi. La langue, c’est autre chose: elle est proche du turc. J’ai appris quelques mots, mais on a un traducteur. La plupart des joueurs parlent anglais, donc on se comprend. Et Bakou m’a vraiment surpris: c’est une ville ultra-moderne, avec des gratte-ciel, un peu comme un petit Dubaï. Le pays s’est énormément développé.

Le Vaudois découvre un dixième pays en carrière.

Tu te considères en Asie ou en Europe?
C’est une bonne question! (Rires) Je dirais que c’est un entre-deux. L’Azerbaïdjan a une influence turque et russe, c’est très particulier. Géographiquement, c’est plus proche de l’Asie, mais dans le ressenti, c’est à mi-chemin. Par contre, ce n’est pas dans l’Union européenne: recevoir un colis depuis la Suisse, par exemple, c’est considéré comme un envoi international.

Quels sont tes objectifs pour cette saison?
Comme toujours: réussir à faire la meilleure saison de ma carrière. J'espère atteindre la dizaine de points entre buts et passes décisives. C’est un objectif réaliste.

Le club vise-t-il une qualification européenne?
Non, ce n’est pas l’objectif pour cette saison. Le budget est trop éloigné des grands clubs du pays. L’objectif, c’est de faire mieux que l’an passé, où on avait fini septièmes. Si on peut gagner une ou deux places, aller titiller les gros du championnat, ce serait déjà très bien. Dans un championnat à douze équipes, tout va vite: deux victoires et tu joues le haut, deux défaites et tu regardes en bas.

Tu as signé un contrat d’un an. Un choix réfléchi?
Oui. Le club me l’a proposé, peut-être à cause de mon âge, mais ça me convenait. C’était une manière de découvrir le championnat sans s’engager trop longtemps. On verra ensuite si on prolonge. Ces dernières années, j’ai souvent signé pour un an, et ça m’a plutôt réussi.

A 31 ans, penses-tu déjà à l’après-carrière?
Oui, bien sûr. Je suis plus proche de la fin que du début, même si j’ai encore quelques belles années à vivre. Je passe mes diplômes d’entraîneur UEFA B et je termine un bachelor en marketing et management du sport. J’aimerais rester dans le milieu du foot, c’est ce que je connais depuis toujours.

Avec ton niveau de langues, tu pourrais devenir guide touristique.
(Rires) Oui, on me le dit souvent. Je parle six ou sept langues: français, allemand, italien, anglais, espagnol et néerlandais. On me dit aussi que je pourrais devenir traducteur. Et je réponds toujours que José Mourinho a commencé comme traducteur avant de devenir entraîneur… alors pourquoi pas moi?

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