Luka Modric est entré en jeu à la 76e minute, lundi soir au Montenegro. Le score était de 2-2 lorsque le génie croate de 40 ans a fait son apparition sur le pré, son équipe s’imposant au final 3-2 dans un match qui n’avait qu’une utilité toute relative puisque les Croates étaient d’ores et déjà assurés de terminer en tête de leur groupe de qualifications pour la Coupe du monde.
Dit autrement: il aurait pu s’épargner le voyage et rentrer tranquillement à Milan, ou même faire un crochet par chez lui, ou encore aller passer deux jours à Capri histoire de se ressourcer un peu et de prendre du bon temps. Cela vous choque que je dise cela? Evidemment. Et Luka Modric lui-même serait le premier choqué, tant il est évident pour lui que sa place est avec ses coéquipiers alors qu’ils ont un match officiel à disputer.
Luka Modric, une exception
Et pourtant, le Croate, comme Harry Kane en Albanie cette même semaine, devient gentiment une exception et il n’y a pas besoin d’aller chercher bien loin pour le prouver. Le jour d’avant, la France se trouvait dans la même situation, très exactement et sans aucune nuance, avec un match à disputer en Azerbaïdjan, qui était lui aussi devenu inutile d’un point de vue comptable pour les Bleus. Où était le capitaine? N’importe où mais pas là, son sélectionneur ayant invoqué une cheville douloureuse, laquelle ne l’avait pas empêché de jouer contre l’Ukraine à Paris trois jours plus tôt.
Une blessure diplomatique, pour ne pas dire factice. Et même: en supposant que Kylian Mbappé était vraiment blessé, qu’est-ce qui l’empêchait d’être auprès des siens à Bakou, sans jouer, simplement pour assumer son rôle de capitaine, ce brassard qu’il a voulu plus que tout? En vérité, il n’en a pris que les droits, oubliant les devoirs.
Et que dire de Cristiano Ronaldo, lui aussi dégradé au rang de capitaine déserteur durant ce même mois de novembre? Le Portugais s’est fait expulser en Irlande et, dans la foulée, a pris un jet direction l’Arabie saoudite plutôt que de fêter la qualification à Porto avec son équipe. Une attitude regrettable et égoïste, qui ne l’honore pas.
Un sport collectif pratiqué par des individualités
Le football est un sport collectif pratiqué par des individualités, le refrain est connu. Les solistes, les égocentriques et les égoïstes ont toujours existé, mais il est déplorable que des capitaines pensent à eux avant de penser aux autres, et si elle n’enlève rien au talent de Kylian Mbappé et de Cristiano Ronaldo, cette trêve de novembre vient effriter un peu plus leur statut de leader. Oui, ils sont tous deux d’immenses joueurs et ils n’avaient pas besoin de jouer en Azerbaïdjan et contre l’Arménie pour le prouver. Mais en restant avec leurs coéquipiers, ils auraient assumé leur statut. Exactement comme l’a fait Luka Modric, grand joueur, immense capitaine, vrai meneur d’hommes.