Le défenseur explique son choix
Eman Kospo: «Personne ne m'a présenté de projet»

Eman Kospo (18 ans) s'exprime sur les raisons qui l'ont poussé à quitter la sélection suisse junior et à défendre désormais la Bosnie-Herzégovine.
Publié: 19:41 heures
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Dernière mise à jour: 19:56 heures
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Depuis juillet, le parcours de l'ex-défenseur du Barça se poursuit à Florence. Au cours de la préparation, le jeune homme de 18 ans a réussi à se faire une place dans l'équipe de Serie A.
Photo: Getty Images
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Sven Schoch

Le départ du talent XXL Eman Kospo (18 ans) continue de faire des vagues. Qu’un junior, qui a porté 15 fois le brassard en 30 matches internationaux et que des experts renommés voient comme un futur leader, choisisse de rejoindre le 72ᵉ mondial sans aucune expérience à l’Euro soulève de grandes interrogations. À la fédération (ASF), personne ne semble avoir considéré le cas Kospo comme problématique.

Dans la planification de l’association, Kospo était prévu comme défenseur titulaire pour les qualifications du prochain Euro U19. D’après ce qui se dit au siège de l’ASF à Muri BE, le joueur de la Fiorentina n’avait donné aucun signe qu’il réfléchissait à un changement de nation.

Dans un entretien exclusif à Blick, Kospo présente une version différente: «Mon entourage avait informé les responsables suisses il y a déjà un an de l’intérêt appuyé des Bosniens». Ce départ n’est donc pas si surprenant: «Je m’y prépare depuis longtemps. Une telle décision ne se prend pas du jour au lendemain. Deux cœurs battent dans ma poitrine: une partie de ma famille vit en Bosnie, l’autre en Suisse, qui nous a beaucoup donné».

En Bosnie, le dossier Kospo est une affaire importante

Les doutes de Kospo sont perceptibles: «J’ai écouté mon ressenti intérieur, mais j’ai beaucoup hésité. Le processus a été difficile, de très nombreux éléments entrent en ligne de compte». Parmi eux: l’estime, l’intérêt pour son parcours et son avenir, la confiance, l’implication des parents. Bref, les facteurs humains.

«La Bosnie m’a présenté un plan clair et réaliste», explique-t-il. Le sélectionneur national Sergej Barbarez (53 ans), figure respectée avec 330 matches de Bundesliga, s’est personnellement occupé de son cas – la lutte pour ce joyau était une affaire importante. La délégation bosnienne l’a impressionné: «J’ai senti chez eux la conviction totale de m’ouvrir toutes les portes».

Aucun signe de l'ASF

Un tel engagement, affirme Kospo, n’est jamais venu de Suisse. Il dit n’avoir «jamais entendu parler» de Pierluigi Tami, le patron des équipes masculines. «Aucun responsable n’est venu me présenter de perspectives. J’ai longtemps attendu cela. J’aurais aussi aimé avoir l’opportunité de me montrer un jour avec les M21 suisses.»

Ses liens les plus étroits, il les entretenait avec son entraîneur U18/U19 Ilija Borenovic: «Je lui suis infiniment reconnaissant. Il s’est soucié de moi, il s’est battu pour moi, il m’a aussi montré des options. Cela me fait vraiment mal de le décevoir maintenant», confie le défenseur central, d’une voix émue.

«Une belle personnalité»

Stefan Marini, entraîneur des sélections juniors pendant neuf ans, a accompagné de près ses débuts. C’est lui qui l’avait nommé capitaine pour ses débuts en M15 le 3 mai 2022 contre l’Espagne (2-2). Il ne souhaite pas commenter la situation entourant Kospo: «Je suis trop loin et je ne connais pas les détails».

En revanche, il ne doute pas de son talent. Ambassadeur du FC Lucerne et ancien directeur du développement régional, il garde un excellent souvenir de ce défenseur: «C’était un garçon accessible avec un vrai leadership. Il était très en avance physiquement, mais aussi dans sa tête. Une belle personnalité».

Bons débuts à Florence

Jusqu’où montera Kospo? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est qu’il gagne en vitesse sur la scène européenne. Formé à Aarau et à Grasshopper, passé ensuite deux ans par la mythique académie du Barça, La Masia, il rejoindra en septembre le camp de la sélection bosnienne, leader invaincu de son groupe éliminatoire pour le Mondial, avec des matches à Saint-Marin puis contre l’Autriche.

À Florence, après son départ surprise du Barça, le défenseur central s’est fait une place dans l’effectif ambitieux de Serie A grâce à une préparation convaincante. «J’ai été très bien accueilli et je progresse énormément dans le rythme exigeant du quotidien», rapporte-t-il, deux jours avant le barrage de Conference League de la Fiorentina face au FC Polissya Zhytomyr.

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