Examen réussi face aux médias
Ardon Jashari: «Je suis très fier de porter ce maillot»

Quel est son rapport à l’équipe de Suisse? Se sent-il déjà prêt pour le grand saut en club? Se voit-il comme le successeur de Granit Xhaka avec la Nati? Très attendu face aux médias ce mercredi à Salt Lake City, Ardon Jashari a répondu à toutes ces questions.
Publié: 04.06.2025 à 18:33 heures
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Dernière mise à jour: 04.06.2025 à 18:36 heures
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A 22 ans, Ardon Jashari semble prêt à faire décoller sa carrière en équipe nationale.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Moment très attendu ce mercredi matin à Salt Lake City, avec la présence d’Ardon Jashari en conférence de presse. Le très talentueux milieu de terrain de Bruges, auteur d’une saison de très haut niveau avec le club belge, est au centre de l’attention pour plusieurs raisons, la principale étant la qualité de ses performances, qui pourraient lui ouvrir les portes d’un grand club européen cet été. Dortmund? Manchester City? Les prétendants sont semble-t-il nombreux pour l’ancien joueur du FC Lucerne, un jeune joueur de 22 ans au caractère très affirmé.

Beaucoup de questions qui méritaient des réponses

«Ardon a toujours montré de la confiance en lui. C’est un atout!», assure Pierluigi Tami, le directeur des équipes nationales, qui assure avoir «toujours soutenu» le jeune talent, lequel n’a pas toujours tout fait juste avec l’équipe nationale. Son cas a ainsi suscité beaucoup de discussions internes, principalement au moment où il a refusé d’aller jouer avec les M21 fin 2023. A l’interne, des voix ont plaidé pour une sanction exemplaire, mais Murat Yakin et Pierluigi Tami n’ont pas voulu aller trop loin, conscients du talent du jeune homme et du fait qu’il incarne l’avenir de l’équipe nationale… et peut-être même son présent.

Est-il le successeur de Granit Xhaka? Ou se voit-il déjà jouer avec lui aujourd’hui au cœur du milieu de terrain de la Nati? Quel est son rapport à l’équipe de Suisse? Sur ces points-là également, Ardon Jashari était attendu ce mercredi face aux micros. Et c'est peu dire que l'exercice a été réussi.

Photo: TOTO MARTI

Détendu, souriant, le milieu de terrain de 22 ans a souligné son attachement à l'équipe de Suisse d'emblée, rappelant qu'il avait choisi délibérément de jouer pour la Nati, lui qui aurait pu facilement décider de rejoindre une autre sélection, de par ses origines. «J'ai pris la décision voilà trois ans de jouer pour la Suisse et je suis extrêmement fier de porter ce maillot», a-t-il dit en tout début de conférence de presse.

Son refus de jouer pour les M21 voilà dix-huit mois? «Cette affaire a été clarifiée avec l'ASF et avec moi-même. Il ne sert à rien de perdre du temps et de l'énergie à revenir dessus. Je veux aller de l'avant, regarder l'avenir. Je le redis: je suis très fier de jouer pour la Nati et je veux tout faire pour revenir à chaque fois que c'est possible.»

Son forfait en mars? «La charge de travail était énorme avec Bruges», a-t-il rappelé. Pas question de remettre un seul instant son attachement à la Nati, même s'il est conscient qu'il y a eu des critiques. «Je ne peux pas empêcher les gens de parler. De mon côté, tout est clair. J'aimerais être un exemple, faire rêver de jeunes enfants, devenir un modèle pour eux. Cela passera par mes performances sur le terrain, mais aussi en dehors, j'en suis conscient.»

De l'ambition, pas de revendication

Même aisance lorsqu'il s'est agi d'évoquer son temps de jeu, lui qui doit pour l'instant se contenter de grappiller quelques minutes ici et là avec la Nati. En veut-il plus? Tout en réaffirmant sa volonté de jouer le plus possible, «comme chaque joueur», il a fait bien attention à ne pas paraître revendicatif. «Je donne tout pour être sélectionné, déjà. Et quand je suis là, que je joue ou non, c'est le choix de l'entraîneur.»

Se voit-il comme le successeur de Granit Xhaka ou peut-il s'imaginer avec lui à mi-terrain, alors que la concurrence est très rude? «Granit est un exemple pour tout le football suisse, c'est un honneur d'être comparé à lui. Je ne me vois pas comme son successeur, chaque joueur a des qualités différentes. Je suis convaincu que nous pouvons être alignés ensemble, dans des rôles différents. Je peux être plus offensif, plus défensif, selon ce que l'entraîneur demande.» De nouveau, pas de revendication, mais une ambition.

Photo: TOTO MARTI

Sa première année à l'étranger a été exceptionnelle, lui qui a quitté Lucerne pour Bruges voilà onze mois et a brillé tant en championnat qu'en Champions League. «Oui, je suis très content de la façon dont ça s'est passé. Les deux premiers mois n'ont pas été simples, j'ai même eu un peu de peine. Il y avait le niveau de jeu, mais aussi le fait que tout était nouveau. J'habite seul, je découvre un autre pays, une autre langue... Dès le moment où j'ai joué, je me suis dit que je devais rester dans l'équipe et ne surtout pas baisser de niveau. Tout va très vite dans le football, en haut comme en bas, et il ne faut rien lâcher», explique-t-il, assurant avoir «suivi le bon chemin» en quittant Lucerne pour Bruges. «Je me sens bien dans l'équipe, bien dans la ville. J'ai gagné le cœur des supporters, qui m'ont élu joueur de la saison. J'en suis fier aussi. Bruges était le bon choix pour moi.»

Beaucoup de moments forts cette saison

Se voit-il partir dès cet été? Il ne le confirme pas. «Je suis à Bruges et je suis très heureux d'être là. Je suis fier que de tels clubs s'intéressent à moi, en tout cas d'entendre les rumeurs. Je suis content de ma saison, il y a eu la victoire en Coupe de Belgique, mon tout premier titre, le fait d'avoir été élu meilleur joueur du championnat, le match de Champions League contre l'Atalanta... Il y a eu beaucoup de moments forts!» Et, peut-être, un transfert très lucratif dans un grand championnat dès cet été. «Pour l'instant, je suis avec la Nati et très bien à Bruges. Je ne pense pas plus loin», dit-il avec conviction.

Photo: TOTO MARTI

Pierluigi Tami est sous le charme du talent et du caractère du Lucernois. «Il aide ses coéquipiers, il donne tout pour l’équipe. C’était le cas à Lucerne, c’est le cas à Bruges. Je suis allé le voir au stade à Bergame, contre l’Atalanta, il a été excellent. Ce n’est pas une surprise, plutôt une confirmation pour nous. Il a un haut niveau tactique et technique, mais aussi de la personnalité, celle qui lui a permis d’avoir un impact immédiat à l’étranger et beaucoup d’influence dans le jeu de son équipe. Il aide ses coéquipiers, il donne tout pour l’équipe. Ce n’est jamais évident qu’un aussi jeune joueur s’impose aussi vite à l’étranger et c’est à mettre à son crédit», assure le directeur des équipes nationales.

Le chocolat suisse meilleur que le belge, évidemment

Ardon Jashari, d'ailleurs, a encore donné un gage de «suissitude», sous forme de clin d'œil, lui qui défend le... chocolat suisse à Bruges, une ville qui revendique également un certain savoir-faire en la matière! «Ils disent que ce sont eux les spécialistes du chocolat, mais je leur répète régulièrement que je ne suis pas d'accord», sourit le milieu de terrain de l'équipe de Suisse, qui devrait sans doute doubler son total de sélections dans les prochains jours, lui qui en compte seulement deux aujourd'hui. Son histoire avec la Nati semble enfin prête à démarrer. Et elle a désormais tout pour être belle.

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