L’avion de l’équipe nationale suisse vole pour Salt Lake City, juste au-dessus de l’Islande, lorsque l’entraîneur Murat Yakin invite les journalistes qui l’accompagnent à une petite conférence de presse. La dernière fois qu’il s’était livré à l’exercice pour l’annonce de la sélection, beaucoup de questions avaient fusé au sujet d’un éventuel retour de Xherdan Shaqiri avec la Nati. Ce lundi aussi, le capitaine du FC Bâle est ominprésent dans les discussions à environ 10’000 mètres d’altitude. Interview.
Murat Yakin, Xherdan Shaqiri vous a-t-il rappelé? Vous lui aviez laissé un message après l’annonce de la sélection…
Non, Xherdan et moi n’avons pas eu de contact. Pour autant que je puisse en juger, il a écouté mon vocal mais il était certainement concentré sur la phase finale avec le FC Bâle. J’ai reçu son feed-back via sa conférence de presse, et cela a suffi.
Justement, lors de cette conférence de presse dont vous parlez, il n’a pas été très tendre avec vous. La porte est-elle toujours ouverte?
Il a clairement dit qu’il n’était pas disponible actuellement. Je l’ai compris et je l’accepte bien sûr. Je ne le prends pas personnellement. Il a donné sa démission, et nous avons suffisamment de joueurs prêts à jouer pour l’équipe nationale à tout moment. Mais la porte reste ouverte.
Qu’en est-il de Fabian Schär, qui a de nouveau réalisé une très bonne saison avec Newcastle?
Je pense qu’il est au clair avec lui-même. D’après ce que je perçois, la page est définitivement tournée. Si un signe venait de lui, je serais toujours prêt à en parler.
Venons-en aux joueurs qui sont de la partie. A qui pensez-vous spontanément?
Lucas Blondel ne s’est pas très bien débrouillé lors du dernier rassemblement. Il n’était pas non plus satisfait de sa performance. C’était sa première fois et cela m’a fait de la peine qu’il ne puisse pas mieux imposer son jeu. Lucas est quelqu’un de très réservé. J’espère maintenant qu’il connaîtra la même évolution que Miro Muheim. Lui aussi était plutôt réservé lors de sa première convocation l’automne dernier. Et en mars, le déclic s’est produit.
Quelles sont vos attentes envers votre nouvel entraîneur adjoint Davide Callà?
Il a pris la bonne décision en restant au FC Bâle jusqu’à la fin de la saison. Il ne valait pas la peine d’abandonner le club pour les matches internationaux de mars. Je suis heureux qu’il ait ainsi pu vivre le doublé et je suis plus que positivement surpris par sa manière de se comporter en tant qu’entraîneur. Cela m’avait déjà beaucoup plu lors du camp d’entraînement au Portugal. Il est pour nous un énorme atout, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.
Comment percevez-vous l’ambiance au début de ce long voyage aux États-Unis?
Tout le monde est là, à l’exception de Rubén Vargas, qui est blessé. Je n’ai eu à convaincre personne pour participer à ces matches amicaux, et l’ambiance semble très positive. Ce sera un beau voyage.
Les qualifications pour la Coupe du monde se rapprochent de plus en plus. Cela explique-t-il que de nombreux joueurs ont répondu à l’appel?
Bien sûr, la concurrence devient plus forte, les qualifications sont proches et les joueurs veulent se montrer. Mais je pense aussi qu’ils aiment tout simplement passer du temps ensemble. Ces dernières années, l’équipe est devenue un groupe soudé.
Les deux matches amicaux de mars étaient l’occasion de peaufiner le casting. Est-ce désormais une répétition générale?
Oui, ces deux matches sont importants en vue de la qualification. Mais je ne suis toujours pas favorable à l’idée d’un casting. Divers joueurs n’étaient pas disponibles, j’ai donc composé l’équipe avec ce que j’avais à disposition. Les circonstances ont permis à de nouveaux joueurs d’avoir une chance.
Allez-vous encore chercher votre onze de base ou tous les joueurs qui ont fait le déplacement auront une chance?
Je ne peux pas faire dix changements par match et nous avons déjà des plans concrets pour un onze de base. Mais nous allons donner du temps de jeu à autant de joueurs que possible.
Ces matches sont aussi des tests pour les pays hôtes de la prochaine Coupe du monde…
C’est une raison importante pour laquelle nous avons voulu faire ce voyage. Pas forcément pour découvrir le pays hôte, mais pour pouvoir donner aux joueurs et au staff un avant-goût de ce que nous pouvons réaliser. Grâce à ce voyage, nous pouvons déjà avoir un aperçu de l’objectif que nous voulons atteindre à l’automne. Nous voulons en profiter pour nous orienter dans cette direction.
Quelle est votre relation avec les États-Unis?
Ce n’est pas ma destination principale de vacances, j’y suis allé de temps en temps ces dernières années. Quand j’étais joueur, j’ai aussi fait un camp d’entraînement avec le FC Bâle à Washington et à Boston. C’était une expérience formidable.
Le décalage horaire n’est pas un problème pour vous?
Jusqu’à présent, j’ai toujours pu très bien le supporter. De plus, j’ai deux filles à la maison, il n’est donc pas question de dormir beaucoup, même en Suisse.
Êtes-vous un fan des sports US?
Oui, beaucoup. J’ai déjà essayé plusieurs fois d’obtenir des billets pour le Superbowl. En vain, malheureusement. Je tenterai à nouveau ma chance pour l’an prochain à Los Angeles. Le football américain est très proche du football sur le plan stratégique et tactique. J’aime aussi beaucoup le baseball et le basketball.
Avez-vous une équipe préférée en NFL?
Pas vraiment. Mais j’ai regardé la série documentaire «Quarterback» sur Netflix. La manière dont les entraîneurs traitent leurs quarterbacks était extrêmement passionnante à observer.
Granit Xhaka est-il aussi une sorte de quarterback?
On peut tout à fait le qualifier ainsi dans le système qu’il pratique à Leverkusen.