Les confessions d’un crack
Johan Manzambi: «Le joueur de la Nati que j’admirais gamin? Yann Sommer!»

Comment Johan Manzambi a-t-il vécu son tout premier jour avec la Nati? Blick a accompagné le Genevois de 19 ans à Salt Lake City. Les confessions d’un crack.
Publié: 03.06.2025 à 23:00 heures
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Johan Manzambi a été appelé pour la première fois par Murat Yakin.
Photo: TOTO MARTI
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

«Le joueur de la Nati que j’admirais quand j’étais plus jeune? Yann Sommer!» Johan Manzambi sourit, content de son effet. «Je savais que ça allait vous étonner, mais quand j’étais petit, je voulais être gardien. Mais mon père et mon frère n’étaient pas d’accord», dévoile le Genevois de 19 ans, qui a bien fait d’écouter les membres de sa famille les plus expérimentés. Car c’est bien en qualité de milieu de terrain que ce pur talent a explosé, se révélant au grand monde ce printemps en Bundesliga. «Oui, mais il n’y a rien à faire, c’était quand même Yann Sommer que je regardais en premier. J’ai toujours aimé son style. Et sa technique aussi!» Sa plus belle émotion en tant que supporter de la Nati lui a d’ailleurs été apportée par son gardien préféré, un certain soir de juin 2021 en 8es de l’Euro. «Le jour où on a battu la France. Je regardais le match avec des amis, c’était fou.»

Voilà donc Johan Manzambi dans le grand monde, quatre ans après le miracle de Bucarest, passant de l’autre côté de l’écran. «C’est allé tellement vite… Tout a vraiment démarré ce printemps», admet le Genevois, qui ne comptait que neuf minutes de jeu en Bundesliga avant le début de cette année 2025. Et puis, il y a eu cette entrée victorieuse et ce but contre Mönchengladbach, puis la première titularisation, suivie d’une deuxième, avec cette fois la visite de Murat Yakin. «C’était contre Leverkusen. Je pense qu’il est venu pour Granit Xhaka, en tout cas en priorité! Mais j’ai été bon ce jour-là», sourit le Genevois, qui ne manque pas de confiance en lui, mais prend les choses de manière très détendue, sans arrogance. «Ma mère me dit tout le temps que je suis trop relax», dit-il encore avec une sincérité désarmante. Ce jeune homme, c’est sûr, sait où il veut aller, mais ne bouscule personne sur le chemin, sinon ses adversaires… et même ses coéquipiers.

Johan Manzambi a pu retrouver Granit Xhaka avec l'équipe de Suisse, qu'il avait déjà côtoyé en Bundesliga.
Photo: TOTO MARTI

Ce mardi, à Salt Lake City, pour son tout premier entraînement avec la Nati, il a – bien sûr accidentellement – mis sa main dans le visage de Cédric Zesiger, lequel s’est retrouvé au sol! Le Genevois est allé s’excuser immédiatement, mais le ton était donné. Contre Leverkusen, il n’avait d’ailleurs pas hésité à aller au duel avec Granit Xhaka, lequel a pu se rendre compte de lui-même que le gamin était plutôt du genre costaud. «J’ai bien progressé sur ce plan depuis mon arrivée en Allemagne.»

«L'Allemagne a été un risque payant»

L’Allemagne, justement, et ce SC Freiburg qui a su le convaincre de quitter Servette en janvier 2023 à 17 ans, à un âge où il est tout sauf évident de s’expatrier. «Un nouveau pays, une nouvelle langue… Je ne parlais pas du tout allemand, ou vraiment mal. Ces deux années m’ont fait grandir, je ne regrette rien. Bien sûr qu’on peut dire aujourd’hui que c’était un risque, mais on peut aussi remarquer qu’il a été payant. Freiburg m’a convaincu en me présentant le projet qu’ils avaient pour moi, celui de m’intégrer à la première équipe en y allant par étapes. Tout s’est passé comme ils me l’avaient présenté. A un détail près...» Lequel? «C’est allé encore plus vite!»

En Allemagne d'ailleurs, il a progressé sur le plan physique.
Photo: TOTO MARTI

L’intégration s’est en effet faite en accéléré, par la grâce de son talent et de sa détermination. Son bilan depuis janvier? 10 matches, 2 buts et 2 assists, et un statut qui a subitement changé, au point que plusieurs clubs européens sont récemment venus aux renseignements pour celui dont le contrat, déjà prolongé une fois, expire en 2028. Il n’est sans doute toutefois pas encore l’heure de penser à franchir une étape ailleurs, mais plutôt de grandir encore avec Freiburg et de s’établir comme un titulaire indiscutable. «Je me sens bien à Freiburg. J’habite seul, mais ma famille vient régulièrement me rendre visite, c’est facile depuis la Suisse», assure-t-il, la ville toute proche de la Forêt-Noire se trouvant à une heure de Bâle environ.

En 6 ou en 10?

Voilà pour le moyen terme. Pour le court terme, avant les vacances, le Genevois cherchera à impressionner le plus possible Murat Yakin pendant ces dix jours aux États-Unis. «Mon objectif pour ce stage est de montrer aux autres joueurs et au staff que je mérite ma place ici, que je ne l’ai pas volée. J’aimerais leur montrer mes qualités. Si j’entre en jeu ou pas, on verra. Je pense surtout à montrer ce que je vaux lors des séances d’entraînement», confie-t-il, même s’il ne dirait bien sûr pas non à une entrée face aux États-Unis ou au Mexique. Tiens, d’ailleurs, quel est son meilleur poste? «Je peux jouer 6 ou 10, défensif comme offensif», répond-il, bien conscient que sa polyvalence peut être un atout comme un désavantage dans une équipe aussi compétitive que la Nati. Granit Xhaka, Remo Freuler, Denis Zakaria, Vincent Sierro, Ardon Jashari… Il y a du monde! «Oui, et je dois dire que j’appréhendais un peu, parce que je ne connaissais pratiquement personne, mais j’ai été très bien accueilli.» Même Denis Zakaria, le grand frère genevois, il ne le connaissait pas? «Pas moi personnellement, mais mon grand frère, oui», dévoile celui qui a grandi dans une vraie famille de footballeurs. «Alors ça, c’est clair! Mon frère a joué à Servette, comme moi. On a grandi dans le football.»

En 2025, il a pu fêter son premier but dans le championnat allemand.
Photo: IMAGO/Steinsiek.ch

Genève, cette terre de talents, est donc une nouvelle fois à l’honneur avec Johan Manzambi. Comment expliquer que cette ville ait produit récemment autant d’internationaux, puisque Zeki Amdouni, Denis Zakaria, Kevin Mbabu, Becir Omeragic et Dereck Kutesa ont tous été convoqués au moins une fois ces derniers mois, sans forcément avoir tous été formés à Servette, d’ailleurs? «L’explication, je ne peux pas vous la donner. Ce qui est sûr, c’est que ça fait plaisir d’avoir autant de Genevois en équipe de Suisse», répond Johan Manzambi, lequel n’avait qu’un seul doute ce lundi: ce qu’il allait chanter le soir au souper de la Nati à l’hôtel, lui qui est le seul petit nouveau et devra donc monter sur une chaise devant tout le monde. «Je ne sais pas encore… Ce sera du rap français, je pense.»

«
Ça fait plaisir d’avoir autant de Genevois en équipe de Suisse
Johan Manzambi
»

Et dès mercredi matin, retour à l’entraînement pour bousculer encore un peu ses coéquipiers et donner raison à Murat Yakin de lui avoir donné sa chance pour cette tournée américaine.

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