Un film de snowboard tourné à la Super 8
L'horloger qui mène une double vie

Ce lundi 12h sort sur YouTube «Social Report», un court-métrage romand sur l'urban snowboard. Rencontre avec Lionel Moerch, son réalisateur, qui est également horloger dans le civil.
Publié: 22.11.2021 à 11:56 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

En l’espace de dix jours, j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de quelqu’un qui mène une double vie: Lionel Moerch. Notre première rencontre a eu lieu lors d’une froide soirée d’automne à Martigny. Des dizaines de personnes étaient rassemblées devant un camion sur lequel trônait un écran géant. La froideur octodurienne se mêlait à l’odeur de la nature. Au coude du Rhône, Lionel et sa bande de potes (Elliot, Couderc et Maveric) projetaient en avant-première leur court métrage «Social Report». Ce soir-là, le jeune Valaisan était l’archétype du snowboarder: grosse doudoune, cheveux longs et baskets au pied.

Lionel Moerch et sa Super 8.
Photo: Josh Kempinaire

Quelle fut donc ma surprise lorsque, début novembre, j’ai à nouveau rencontré Lionel Moerch dans un café veveysan pour discuter avec lui de «Social Report». Chemise repassée, cheveux attachés et chaussures impeccables, le Montheysan est presque méconnaissable. Chaque jour, il enfile son «déguisement», comme il l’appelle, pour se rendre à son travail. Mais le Valaisan de 27 ans n’est pas un horloger comme les autres: il est spécialisé dans la réparation de montres anciennes.

Des interventions de la police

Revenons à cette nuit d’octobre. Le moment où Lionel et sa bande ont montré à leurs proches et à d’autres inconnus leur nouveau film «Social Report», la suite de «Journal», leur premier court métrage sorti en novembre 2020. «Du papi qui râle, aux écoliers enchantés du spectacle et de leur maîtresse qui les laisse profiter dix minutes de plus de la récréation pour nous observer, il ne se passe pas une session sans qu’on interagisse avec les locaux, ou même parfois la police… 'Social Report' met en lumière tous ces échanges sociaux, positifs comme négatifs, liés à notre pratique du snowboard dans la rue», explique le réalisateur.

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Car l’une des particularités de «Social Report» est qu’il est lié aux gens. Le fait qu’il soit tourné dans un décor «urban» explique cela. Les plans de ce court métrage ont été filmés en majorité dans des villes de Suisse romande, comme la Chaux-de-Fonds ou Sion.

Lionel Moerch (à gauche) et Fred Couderc ont arpenté les rues de Suisse romande.
Photo: Mathieu Guery

Mais pourquoi s’affranchir des installations mises à disposition? «Le snowboard en ville existe depuis toujours, répond un Lionel Moerch détendu dans ce petit café veveysan. Le snowpark a un côté pratique mais très pragmatique. Dans le 'street' (autre nom pour désigner la pratique en ville, ndrl), on doit trouver l’endroit parfait puis le créer à l’aide de pelles. Il y a tout un côté créatif.»

«Un grain d’images plus authentique»

Cet aspect de création est essentiel pour Lionel car dans son travail d’horloger, il répare régulièrement des montres anciennes. Un lien entre les deux piliers de sa vie? «Pas du tout, sourit-il entre deux gorgées de son café. Mon métier est pragmatique, avec des étapes fixes et une marche à suivre.» Le fait de s’investir dans ses films lui permet de sortir de son quotidien et de trouver de la «créativité pure».

«Le snowboard en ville existe depuis toujours», raconte Lionel Moerch.
Photo: Josh Kempinaire

Pourtant, il y a clairement un rapport entre ses films et ses montres: le pied de nez à la technologie. Car, en plus d’être tourné dans la rue, le dernier court métrage du Valaisan a la particularité d’avoir en partie été filmé grâce à une Super 8, une caméra lancée en 1965 par Kodak.

«Je me suis fait influencer par la vague du vintage, se souvient Lionel Moerch. Je ne m’identifiais plus à ces formats léchés. Je trouve ce grain d’images tellement plus authentique.»

Une fois le spot trouvé, les pelles sont de sortie.
Photo: Josh Kempinaire

De plus, la façon de travailler de la bande de potes est très différente avec une Super 8. «On ne peut pas regarder à chaque fois ce qu’on fait», développe le Chablaisan. La caméra ne le permet pas et elle est donc utilisée pour filmer les «à-côtés» de «Social Report».

Le résultat est éblouissant. La musique rajoutée en post-production vous accroche au contenu. Le film, par son côté urbain et créatif, ressemble plus au Docteur Lionel qu’à Mister Moerch.

Le court métrage 'Social Report' est d’ores et déjà disponible sur YouTube.

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