Pourquoi diable y avait-il, ce mercredi soir, une fan zone pour Fribourg Olympic à Martigny? La raison est l'amour. Du basket, d'abord. Fraternel, ensuite. Derrière l'initiative, il y a Gaëtan Cotture, le frère d'Arnaud, joueur d'Olympic. Tandis que l'un se rendait en Grèce pour y affronter le PAOK Salonique, l'autre mettait sur pied cet événement à la Salle du Midi. Au menu: raclette (évidemment, on est en Valais) et bonne ambiance.
L'aîné ne l'a pas fait seul. Il a été grandement aidé par l'ami des deux frères, Flavien Gaspari, également derrière cette idée. Gaëtan et lui évoluent dans la 2 de Martigny Basket, qui évolue en deuxième ligue. «À la base, on voulait partir avec toute l'équipe pour le match en Grèce», explique le frère du No 20. Sauf qu'en visionnant les images des tours précédents, le groupe remarque que la PAOK Sports Arena est vide. «On s'est dit qu'on allait pas y aller pour qu'il n'y ait pas d'ambiance, sourit Gaëtan. Une bien mauvaise décision.» En effet, à près de 2000 kilomètres de là, 8500 supporters du PAOK (moins les huit fans fribourgeois) ont rempli la salle, prêts à pousser leur équipe.
Du salon d'un coéquipier à la salle de basket
Pour se rattraper, l'équipe octodurienne s'est donné rendez-vous chez Flavien, «histoire de vivre ce moment tous ensemble». Sauf que, à force de bouche-à-oreille et de personnes motivées, les joueurs se rendent vite compte qu'ils seront à l'étroit chez l'un des leurs. «On a alors demandé au club si on pouvait le faire ici, à la Salle du Midi, ajoute Gaëtan Cotture. Et ensuite, on a invité les équipes des environs.» Au final, près de 120 personnes se sont rendus dans l'enceinte martigneraine pour vivre le moment.
Parmi la foule, il y avait la mère des deux frères, Annick. Son mari, Patrick, a fait le déplacement jusqu'à Thessalonique. «Je n'ai pas pu me joindre à eux à cause du travail, explique la maman. Et honnêtement, je suis tout autant bien ici. Là-bas, j'aurais eu peur de la foule hostile, de l'inconnu.» En compagnie de ses beaux-parents, elle est donc venue à l'événement organisé par son autre fils.
«Quarts de finale de 3e mi-temps»
Avant le coup d'envoi, elle avoue être «un peu plus» tendue qu'à l'accoutumée. Il faut dire qu'Arnaud Cotture et ses coéquipiers sont aux portes d'un exploit historique: en cas de victoire en terres grecques, ils se qualifieraient pour les demi-finales de FIBA Europe Cup. «Alors qu'avec notre équipe, on pourrait facilement atteindre les quarts du Championnat d'Europe de 3e mi-temps», rigole Gaëtan.
Quant à son pronostic avant le match, il mise sur du 60-40 en faveur des adversaires. «Je pense que les deux équipes ont le même niveau sur le papier mais les 10% de différence sont dus à l'ambiance dans la salle», analyse l'aîné. De son côté, Annick fait plutôt la moue quand on lui demande si elle est optimiste. «Il faudra bien rentrer dans le match», dévoile-t-elle.
De la mauvaise foi?
Apparemment, son fils Arnaud n'a pas reçu les consignes de sa mère en Grèce. Olympic peine dans le premier quart et, après dix minutes, est mené de douze points (29-17). Dans la salle martigneraine, quelques fans rouspètent après un panier facile raté. De son côté, Annick, qui nous avait prévenus de sa mauvaise foi avant le coup d'envoi, se retourne vers nous à la suite d'une faute de son fils. «Là, ce n'est pas de la mauvaise foi, lance-t-elle en rigolant. Il n'y a rien du tout!»
Alors qu'on s'inquiète de la tournure que pourrait prendre la rencontre et d'une éventuelle claque à recevoir, tout le monde se réveille grâce au show Roberto Kovac, qui fait revenir son équipe dans le match. L'espoir renaît dans la fan zone. De son côté, Annick se ronge la peau des ongles et se fait servir un verre de vin. Pour évacuer le stress? «On a le droit de prendre un coup de rouge en regardant le match», sourit la maman.
Les applaudissements au buzzer final
Malgré le retour des Fribourgeois, ceux-ci s'écroulent finalement en fin de match. Le silence est pesant en Valais. Mais, au buzzer final et malgré la défaite, la salle applaudit la prestation de ses protégés. Avant que les gens ne quittent leurs chaises, une vidéo est filmée et est envoyée aux joueurs de Thibaut Petit, pour montrer le soutien valaisan. «Olympic, Olympic», est scandé.
Maman forcément déçue, Annick parle aussi de fierté après la rencontre. «Il y avait un coup à jouer, peste-t-elle quand même. Par contre, il y a 15 ans, j'amenais Arnaud à l'entraînement ici. Jamais je n'aurais cru qu'il pourrait y avoir un tel événement aujourd'hui.»
Si Gaëtan rejoint sa mère sur la déception après l'élimination, son visage s'illumine au moment où on lui parle de la fan zone. «Je suis trop content, s'exclame-t-il. C'était trop cool!» Avec la recette des fromages, la 2 de Martigny Basket va organiser son souper d'équipe en fin de saison. «On ne sait juste pas encore où», précise Gaëtan, toujours le sourire aux lèvres après cette belle soirée passée à 2000 km de son frère.