Sud-Soudanais en sursis aux US
En sursis à cause de Trump, Khaman Maluach en a pleuré de joie

Parti de rien, Khaman Maluach a gravi les échelons en un temps record. Le géant sud-soudanais rêve de NBA et a d'ailleurs été drafté par Phoenix. Mais Donald Trump pourrait freiner son ascension.
Publié: 26.06.2025 à 19:09 heures
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Photo: Getty Images
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Grégory BeaudJournaliste Blick

L’histoire de Khaman Maluach a commencé plus tard que celle des autres joueurs draftés mercredi à Brooklyn. Bien avant cette soirée de gala, le géant originaire du Sud-Soudan avait commencé le basket sur le tard. C'est une rencontre fortuite qui l'a fait tomber amoureux du ballon orange. Réfugié en Ouganda, le garçon de 13 ans a croisé la route d'un motocycliste qui, voyant sa stature imposante, a immédiatement fait demi-tour. «Il m'a dit: 'Tu devrais jouer au basket, dans quelques années, tu seras un grand gaillard'», s'est-il souvenu. Un conseil qu'il a suivi.

Cinq ans plus tard, la prophétie du motard s'est réalisée. Après une année dans la prestigieuse université de Duke, il a été repêché par les Phoenix en 10e position, un choix qui appartenait dans un premier temps à Houston. À la veille de ce grand moment, il était encore décontracté au moment de penser à cet instant unique qu'il s'apprêtait à vivre. «C'est un honneur d'être considéré comme un des meilleurs joueurs universitaires, nous a-t-il confié. Et j'espère que mon parcours va inspirer d'autres enfants africains à croire en leurs rêves.»

L'ombre de Donald Trump

Jusqu'ici, l'histoire ressemble à un scénario de film de Noël. Le jeune garçon fuyant la guerre pour devenir un professionnel en NBA. Mais le script parfait a tout de même un peu de plomb dans l'aile. Khaman Maluach pourrait ne pas pouvoir réaliser son rêve en raison d'une décision politique. Le 5 avril dernier, le Département d’État américain a annoncé qu’il révoquerait tous les visas existants pour les citoyens sud-soudanais. De quoi, forcément, jeter une part d'ombre sur son avenir. «J'essaie de ne pas me laisser distraire par ces histoires qui ne concernent pas le sport, a-t-il précisé. Je laisse mes agents gérer ce qui est hors de mes compétences. Moi, je m'occupe du basketball.»

Pour l'heure, il semble que son passeport soit toujours valable pour rester aux États-Unis et son statut d'athlète professionnel devrait lui garantir la permission de poursuivre son rêve. Il y a toutefois une inconnue qui demeure. Comment se passeront ses voyages au Canada pour y affronter les Toronto Raptors? Sera-t-il autorisé à quitter le pays et à y revenir? Ce sont les questions qui se posent actuellement autour de lui.

Un large sourire

Mais sur scène avec le commissionnaire Adam Silver, Khaman Maluach semblait bien loin de ces préoccupations administratives. Il a reçu des mains de l'homme fort de la NBA la casquette ornée de son équipe, symbole de la concrétisation de son rêve. Là où les joueurs sélectionnés ont été tous plus bling-bling les uns que les autres, le colosse de 2m18 a opté pour la simplicité. Il avait promis la veille qu'il resterait sobre. «Ne vous attendez pas à trop d'extravagance, avait-il rigolé dans un palace new-yorkais, lieu de la conférence de presse des recrues. J'aurai à l'intérieur de mon veston un drapeau de l'Ouganda et un du Soudan du Sud. Ce sont les deux pays où j'ai grandi et je voulais les représenter à cette occasion.»

Après être passé sur la scène du Barclays Center de Brooklyn où il a pleuré de joie, Khaman Maluach a enchaîné les interviews avec les médias nationaux et, ensuite, la presse internationale. Après l'intense émotion initiale, il a retrouvé son large sourire. Dès ce jeudi, il prendra la direction de Phoenix pour continuer d'écrire son aventure. En espérant que les tracasseries administratives ne viennent pas se mettre en travers de son chemin.

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