Sans Mujinga Kambundji ni Ajla Del Ponte, qui avaient participé à la finale olympique sur cette même piste en 2021, difficile de voir un représentant de Swiss Athletics sur le devant de la scène dimanche (finale dames à 15h13, messieurs à 15h20, heure suisse). Seules Géraldine Frey et Salomé Kora défendront les couleurs suisses, mais leur parcours devrait s'arrêter lors des séries. L'occasion de jeter un oeil sur les principaux candidats à l'or mondial.
Le paysage de l'île de Sainte-Lucie, pays d'origine de Julien Alfred – et du hurdleur bâlois Jason Joseph –, se distingue par deux pitons jumeaux. Après son sacre olympique à Paris, Alfred veut elle aussi se construire un deuxième monument sportif à Tokyo. Lors du 100 m du Weltklasse, elle n'a laissé aucun doute sur son état de forme en s'imposant en 10''76 après avoir dû faire une pause en milieu de saison. Face aux médias à Zurich, la sprinteuse de 24 ans n'a pas voulu donner d'informations sur ce qui l'avait freinée après son début d'année convaincant.
Les espoirs des Etats-Unis reposent sur Melissa Jefferson-Wooden, bronzée aux JO de Paris. La sprinteuse de Caroline du Sud a retrouvé son meilleur niveau cette année en signant le meilleur chrono de la saison à l'occasion des «trials» américains. En fusant sur la ligne droite en 10''65, elle a réalisé la 5e performance de l'histoire.
Melissa Jefferson-Wooden et Julien Alfred ne se sont affrontées qu'une seule fois cette année, lors du meeting de Prefontaine. L'Américaine s'était imposée de justesse. Si les deux championnes se présentent dans leur meilleure forme, la lutte pour l'or risque d'être très serrée dimanche.
Dix fois championne du monde, Shelly-Ann Fraser-Pryce tirera sa révérence à Tokyo à 38 ans, après 20 années passées au plus haut niveau. La Jamaïcaine disputera ses neuvièmes Mondiaux, 18 ans après ceux de ses débuts, déjà au Japon, à Osaka en 2007.
Après des JO décevants à Paris, où Shelly-Ann Fraser-Pryce avait déclaré forfait juste avant les demi-finales, la quintuple championne du monde du 100 m est parvenue à décrocher son billet en se classant troisième des «trials» jamaïcains. Mujinga Kambundji croisera les doigts pour Fraser-Pryce, laquelle a prouvé qu'il était possible de retrouver les sommets après la naissance de son fils en 2017.
Le Jamaïcain Kishane Thompson, qui n'est passé qu'à cinq millièmes de l'or olympique l'été dernier, tentera de décrocher son premier titre mondial à Tokyo. Le sprinteur de 24 ans peut ajouter à ses arguments de favori sa meilleure performance mondiale de l'année (9''75) et ses trois victoires face à Noah Lyles cette saison. Mais le Jamaïcain n'arrive pas dans les meilleures dispositions au Japon après avoir dû renoncer aux derniers meetings de Ligue de diamant en raison d'un tibia douloureux.
Le tenant du titre vise à nouveau le doublé 100 m – 200 m qu'il avait réalisé lors des derniers Mondiaux de Budapest. Un doublé qu'il n'avait pas réussi à confirmer à Paris en 2024, battu par le Botswanais Letsile Tebogo sur le demi-tour de piste. Malgré l'absence de son rival Thompson, le showman floridien n'a pas retrouvé confiance sous le déluge d'Athletissima, où il a été battu par Oblique Seville, un autre candidat aux médailles. Lyles aura donc vraiment du mal à battre les Jamaïcains, qui veulent à nouveau faire de l'un des leurs l'homme le plus rapide du monde.
Personne ne mériterait davantage de monter sur le podium du 100 m que le Sud-Africain Akani Simbine. Toujours placé, jamais médaillé, l'athlète de 31 ans a participé à sept finales mondiales, terminant cinq fois dans le top 5. Modèle de régularité, Simbine court sous les 10 secondes depuis onze ans, sans interruption.