«Si j’avais su, je ne serais pas venu». Et pourtant, Simon Pellaud ne savait pas encore tout. Le 3 septembre dernier, le cycliste valaisan est victime d’une grosse chute à la Classic Grand Besançon. Il publie dans la foulée une photo de son maillot déchiré sur Twitter, accompagné d’un message décalé. Ce qu’il pense n’être qu’une gamelle sans grande conséquence se révèle être plus grave que prévu.
«On m’a taclé par-derrière, image le Valaisan qui ose une comparaison footballistique. Je n’ai pas fait d’erreur». Malgré un casque fracassé et de longues minutes passées au sol, sonné, le coureur de l’équipe italienne Androni Giocattoli-Sidermec repart et termine la course en serrant les dents.
Une fois la ligne d’arrivée franchie, Simon Pellaud est à peine pris en charge médicalement et ne subit aucun contrôle approfondi. «J’ai vu un médecin d’une équipe française qui m’a fait une ordonnance pour des antibiotiques. Comme j’avais tapé mon coude, je voulais éviter une nouvelle bursite», développe-t-il. Déjà atteint de ce mal en début de saison, le Martignerain a préféré être prudent.
Le lendemain de sa chute, Simon Pellaud ne prend pas le départ du Tour du Jura. «Je me suis quand même déplacé jusqu’au départ parce que je ne voulais pas rester seul dans ma chambre», précise-t-il.
Cinq heures de souffrance
Puis, le surlendemain, il remonte sur son vélo, dans le cadre du Tour du Doubs. Cinq heures de souffrance: «J’avais tapé la tête, c’était de la folie de prendre part à la course. Au niveau de l’équipe et de l’organisation, ce n’était pas super de me laisser faire. On ne s’est pas vraiment occupé de moi mais je suis habitué». Le Valaisan de 28 ans termine l’épreuve en ayant mal partout mais il est heureux d’arriver au bout d’un tour qui lui tient à cœur, là où il avait chuté il y a deux ans.
Puis arrive la semaine des championnats d’Europe (du 8 au 12 septembre) en Italie. «Lundi et mardi, c’était compliqué, surtout au niveau de la tête. J’ai à peine pu sortir le vélo», se souvient-il. Deux jours plus tard, cette chute semble n’être plus qu’un mauvais souvenir et Simon Pellaud pense sortir de cette spirale négative. Mais les nuits qui suivent sont douloureuses pour le Suisse: «J’avais des tensions assez folles et je n’ai presque pas dormi. Je sentais des douleurs pires que le lendemain de ma chute». Il se rend quand même à Trene, lieu des Européens sur route.
Sur la ligne malgré sa blessure
Les douleurs deviennent à nouveau violentes lorsqu’il repère le parcours de la course avec l’équipe nationale. Le matin même du départ, il prend la décision avec la doctoresse suisse de passer une radio. «C’était une heure avant le départ et on m’a diagnostiqué ces quatre côtes cassées», explique-t-il. Mais pas question pour le cycliste de renoncer pour autant. Il arrive au pied du podium de présentation au moment où ses coéquipiers sont en train de monter les marches et peut donc prendre part à la course. Je voulais aider l’équipe et, mentalement, c’était important pour moi».
Simon Pellaud savait pertinemment qu’il n’allait pas arriver au bout des 179.2 km de course. Son compagnon de chambre, le Grison Matteo Badilatti, lui a ensuite soufflé son admiration après avoir pris le départ. «Mais ce n’était pas une partie de plaisir», souligne quand même le Valaisan.
La fin de la saison du futur coureur de la Trek-Segafredo – dans l’élite – s’annonce compliquée. «Je ne veux pas prendre de risque, ça pourrait être une catastrophe», prévient-il. Le Suisse envisage une absence de quatre semaines. Un coup dur pour celui qui avait fait l’impasse sur les courses estivales afin d’être en forme pour les derniers rendez-vous de l’année.