«20 ans… Ça ne nous rajeunit pas tout ça.» Voilà deux décennies que Bastien Murith et Romain Clerc sont amis. En 2005, les deux jeunes, âgés alors respectivement de 10 et 13 ans, se croisent sur une piste de skis du Moléson. Ce qu'ils ne remarquent pas tout de suite, c'est qu'ils sont voisins: les Fribourgeois habitent en effet à 50 m l'un de l'autre, dans le village de Morlon, à l'est de Bulle. Les débuts d'une grande amitié.
Une relation qui se renforce autour du sport. Si ce n'est pas sur des lattes, Bastien et Romain se retrouvent autour d'une partie de tennis de table, par exemple. «Ou on a même inventé des jeux, comme le 'tout-corps', un mélange de tennis et de football», se souvient Bastien. Compétitifs, les deux garçons ne s'écharpent pas pour autant après une défaite.
Romain prévenu quelques jours plus tard
Leur solide amitié traverse une première épreuve quand Bastien décide, pour le bien de sa carrière en devenir de skieur, de prendre la direction du collège à Brigue. Une décision que Romain n'a pas mal prise: «Pas du tout même. Tu as envie que ton pote atteigne son rêve et donc tu l'encourages à fond.» Des amis de son village natal, il n'y a guère qu'avec Romain que Bastien garde du contact depuis le Haut-Valais. «2-3 sont partis avec moi à Brigue donc forcément, on est restés ensemble», précise le skieur à en devenir. Le peu de fois dans l'année où il revient à Morlon, Bastien passe voir son ami d'enfance.
Bastien Murith et Romain Clerc ont participé à un épisode de «Ce qui nous porte», une série documentaire réalisée par Nous Prod, soutenue par la Fondation Suisse pour Paraplégiques et diffusée par la RTS.
Le 14 mai prochain, de 18h à 20h, une projection de la série aura lieu à l’Université de Lausanne, Bâtiment Géopolis, salle 1612. Cet événement – organisé par la Fondation Suisse pour Paraplégiques (FSP), l'Institut des Sciences du Sports de l'UNIL et Nous Prod – sera suivi d’une table ronde et de deux témoignages. Les inscriptions se font via ce lien.
Bastien Murith et Romain Clerc ont participé à un épisode de «Ce qui nous porte», une série documentaire réalisée par Nous Prod, soutenue par la Fondation Suisse pour Paraplégiques et diffusée par la RTS.
Le 14 mai prochain, de 18h à 20h, une projection de la série aura lieu à l’Université de Lausanne, Bâtiment Géopolis, salle 1612. Cet événement – organisé par la Fondation Suisse pour Paraplégiques (FSP), l'Institut des Sciences du Sports de l'UNIL et Nous Prod – sera suivi d’une table ronde et de deux témoignages. Les inscriptions se font via ce lien.
Leur relation a évolué, comme les deux hommes. Puis, en 2018, tout change dans la vie de Bastien. Il subit un accident dans le lac de Géronde à Sierre et devient tétraplégique. Rapidement, tout son entourage est au courant… sauf Romain. «Il était malheureusement passé entre les gouttes, se souvient son ami. Ce n'était clairement pas méchant, mais juste un oubli.»
Martine, la maman de Bastien, a alors pris son téléphone pour composer le numéro de Romain. «J'étais à l'armée à ce moment-là et on avait été faire les commissions, se souvient ce dernier. De retour, je vois que j'ai un message sur le combox. Je la rappelle, je sens que sa voix est tremblante et elle me dit que Bastien a eu un accident dans le lac.»
Une lettre, une grande première
Quelques jours plus tard, Romain se rend en Valais pour voir son meilleur ami. «Oui, c'était difficile mais quand on voit comme c'est un battant, tu te dis que tu n'as pas le droit d'être triste. Si lui va de l'avant, tu n'as pas le droit de te plaindre.»
Les deux hommes le précisent: ce coup du sort n'a pas changé leur relation. «Mais c'est vrai que parfois, j'oublie qu'il est en chaise roulante, en sourit Romain. Quand on sort de la voiture, je n'ai pas toujours le réflexe d'aller la chercher dans le coffre pour la lui apporter.» Et dans l'autre sens, ils ne disent pas non plus que l'accident les a rapprochés. «Même si ça doit être la seule fois de ma vie où j'ai écrit une lettre à un ami, juste après l'accident, souligne Romain. C'est plus facile de poser les choses sur un papier.»
«Notre relation aurait sans doute évolué comme cela, peu importe l'accident, ajoute Bastien. On essaie toujours de faire du sport ensemble, même si c'est différent désormais. On a aussi pris de l'âge et on va désormais plus facilement se faire un restaurant.» Bastien habite désormais à Berne et se prépare pour les Jeux de Los Angeles en natation. Et même si les deux amis se voient souvent que dans leur jeunesse, ils continuent à être proches. «Je sais que je peux lui téléphoner à 2 heures du matin, il va me répondre», précise Bastien. Et sans doute est-ce réciproque.