L'histoire de Nathalie Brugger
Toujours à la lutte avec un cancer, elle est navigatrice chez Alinghi

Les chances de survie de Nathalie Brugger étaient minces. Depuis deux ans et demi, le cancer marque la vie de cette navigatrice de haut niveau. Malgré tout, elle veut remporter la Coupe de l'America en octobre dans l'équipe féminine d'Alinghi Red Bull Racing.
Publié: 02.05.2024 à 17:53 heures
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Nathalie Brugger n'est pas encore officiellement guérie de son cancer.
Photo: BENJAMIN SOLAND
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Nicola Abt

La porte de sa chambre à peine fermée, la navigatrice de haut niveau Nathalie Brugger se met à pleurer. Selon Google, elle vient de recevoir son arrêt de mort. «Je n'oublierai jamais les mots du médecin», avoue-t-elle. Deux ans et demi se sont écoulés depuis.

Nathalie Brugger n'est pas considérée comme guérie. Malgré tout, la Fribourgeoise veut remporter la Coupe de l'America en octobre dans l'équipe féminine d'Alinghi Red Bull Racing. Qui est cette femme? Et qu'a-t-elle vécu? Avec Blick, elle parle pour la première fois en détail de la phase la plus difficile de sa vie.

Tout a commencé lors des Jeux olympiques d'été de Tokyo 2021. Nathalie Brugger est sur place en tant qu'entraîneur pour la voile. Après quelques jours, elle se sent mal. «Nous avons mangé du poisson cru et d'autres choses spéciales. Je pensais que cela venait de là.» De retour en Suisse, elle consulte un médecin.

«Pourquoi moi?»

Les premiers examens n'apportent aucune explication. D'autres tests permettent ensuite d'y voir plus clair. Le 14 septembre 2021, les mots inoubliables pour Nathalie Brugger tombent. «Vous avez un cancer de l'intestin», lui explique son médecin. Le cancer dans le corps de la Suissesse en est au quatrième stade, il est donc très grave et est qualifié d'«avancé». Comme Nathalie Brugger porte un masque chirurgical, elle peut cacher ses émotions au médecin. Une fois dehors, tout doit sortir. «J'ai fait une dépression nerveuse et j'ai eu peur de la mort.»

Le soir même, elle va boire un verre avec des amis pour surmonter le choc. «À partir de là, j'ai profité de chaque instant. Je ne savais pas si j'allais survivre à ça.» Bien que Google lui soit interdit de toutes parts, elle cherche des informations supplémentaires sur le web. «En tant qu'athlète, tu veux toujours tout savoir et tout contrôler» Ce qu'elle y lit est difficile à digérer: «Il était écrit que j'allais mourir.» Après quelques jours de larmes, la Fribourgeoise se met en colère. Une question ne la quitte plus. «Pourquoi moi?» Elle n'a pas encore trouvé de réponse à ce jour.

En trottinette avec son partenaire

Avec trois participations aux Jeux olympiques, Nathalie Brugger fait partie des navigatrices les plus performantes de Suisse. La sixième place aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 est le point culminant de sa carrière sportive. Aujourd'hui, cette diplômée en sport a touché le fond. Une semaine sur deux, elle doit se rendre à l'hôpital. Une chimiothérapie. Les six à huit jours qui suivent sont terribles. «Après cinq marches d'escalier, je me sentais déjà cassée.»

Elle reste la plupart du temps au lit. Quelques mois après le début de la chimiothérapie, son corps se défend contre les médicaments puissants. Nathalie Brugger a une forte fièvre et vomit régulièrement. Pendant cette période, elle essaie de tenir sa famille à l'écart les mauvais jours. «Mes parents ont beaucoup souffert. Je voulais leur épargner ce terrible spectacle.»

Nathalie Brugger a vécu une période compliquée de sa vie.
Photo: BENJAMIN SOLAND

Son partenaire Will Ryan est toujours à ses côtés. Le navigateur australien a remporté l'or olympique à Tokyo en 2021. Quand il va courir 20 kilomètres, elle le suit en trottinette électrique. Les trois jours précédant la prochaine chimiothérapie sont ses «happy days». Elle se sent alors mieux.

Pour ne pas perdre le plaisir de vivre, le couple se fixe une règle. «Nous devions rire une fois par jour. C'était difficile», explique Nathalie Brugger. Un smiley sur son poignet lui rappelle cette résolution. En outre, la Fribourgeoise se fixe un objectif quotidien. Des petites choses, comme lire la page d'un livre. «J'ai pu me tirer vers le haut grâce à ces succès.»

Un appel qui change tout

Les choses s'améliorent – jusqu'à ce qu'un appel téléphonique en mai 2023 change tout. Lors d'un contrôle de suivi, les médecins découvrent de nouvelles cellules cancéreuses. Nathalie Brugger doit à nouveau suivre une chimiothérapie. Les larmes coulent à nouveau. «C'était vraiment violent.»

Comme l'abandon n'est pas une option, Brugger continue à se battre. «Pendant cette période, j'ai appris à accepter les situations et à en tirer le meilleur parti.» Quelques mois plus tard, les premières sélections pour l'équipe féminine d'Alinghi Red Bull Racing ont lieu. Malgré une chimiothérapie persistante, elle s'y rend et passe le premier cut. Comme l'entraîneur en chef est son ancien coéquipier olympique, il connaît les qualités de Nathalie Brugger.

Le dernier tour de la procédure de sélection a lieu en octobre 2023 à Barcelone. En raison de sa condition physique, Nathalie Brugger ne peut pas aller sur l'eau. Elle se montre toutefois convaincante sur le simulateur. Peu après, elle reçoit un appel téléphonique lui annonçant la bonne nouvelle. «Je fais partie de l'équipe», dit-elle fièrement.

Parallèlement, la chimiothérapie fonctionne comme espéré. En janvier, elle peut terminer la radiothérapie. Actuellement, elle doit repasser des contrôles tous les trois mois. En règle générale, un patient cancéreux n'est considéré comme guéri qu'après cinq ans sans cancer. «Je ne suis pas encore au mieux de ma forme physique», explique Nathalie Brugger. Il reste encore quelques mois avant la Coupe de l'America en octobre. «Ça tombe bien», se réjouit la Fribourgeoise, qui a retrouvé sa joie de vivre.

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