Des paysages de rêve, des courses passionnantes, une météo presque toujours clémente: le Tour de Suisse 2025 est jusqu'à présent une histoire à succès. Certes, les hommes suisses n'ont pas encore remporté d'étape, mais Marlen Reusser, l'athlète suisse la plus remarquable chez les femmes, a gagné deux étapes et le classement général. Tout va donc pour le mieux?
Non, si l'on tend bien l'oreille, on constate que ça bouillonne. La raison de cette colère sont les amendes et les sanctions que les commissaires de l'UCI distribuent sur place après chaque étape.
Depuis janvier, il y a aussi des cartons jaunes. Le cycliste professionnel Silvan Dillier trouve que l'idée de vouloir assurer une meilleure sécurité est bonne. Mais pas n'importe comment. «C'est souvent une question d'appréciation de la part des commissaires de savoir qui est sanctionné ou non. Parfois, l'ensemble ne semble pas si neutre que ça.»
D'autres Suisses tiennent un discours similaire. Mauro Schmid trouve que les cartons jaunes «ne sont pas une mauvaise idée, mais la mise en œuvre n'est pas la même pour toutes les courses». Et Stefan Küng en rajoute une couche: «Je n'ai encore jamais reçu de jaune. Mais en mars, lors de l'Omloop Nieuwsblad, j'ai reçu une amende avec déduction au classement UCI. Pourquoi? Je ne le savais pas. Apparemment, j'avais jeté un bidon au mauvais endroit. Mais après coup, on ne peut pas vraiment le contester non plus».
«C'est une blague»
Les coureurs du Tour de Suisse se montrent détendus dans leurs déclarations. Il en va autrement pour ceux qui sont impliqués dans la course avec des motos et des voitures. Dès la première étape, le carton jaune et l'amende de 1000 francs infligés à un motocycliste de la télévision (derrière lui se trouvait un cameraman de la SRF) ont provoqué des hochements de tête, car il «se déplaçait de manière incorrecte», comme l'a justifié l'UCI dans son bulletin quotidien.
Même sur la route mouillée, le pilote a failli tomber parce qu'il a roulé dans une flaque d'eau. Il n'avait tout simplement pas réussi à accélérer lors d'une attaque d'un coureur dans une descente. «C'est une blague. Il ne pouvait pas se volatiliser. Et il n'a pas non plus gêné le cycliste», explique un motard également impliqué dans le Tour. Il souhaite rester anonyme.
65 francs de salaire et 1000 francs d'amende
Ce n'est pas le seul cas qui a fait sursauter le Tour jusqu'à présent. Lors du Tour féminin de quatre jours, sept directeurs sportifs ont encaissé des amendes allant de 100 à 250 francs. La plupart du temps parce qu'ils «se sont déplacés de manière incorrecte» ou «n'ont pas respecté les instructions de l'organisation ou des commissaires», comme l'a indiqué l'UCI.
Les infractions ne sont pas justifiées plus précisément, même pas à la demande du Blick. En revanche, l'UCI dresse une liste très précise des noms des différents «fautifs» sur Internet. Même ceux qui ne font pas partie des équipes ou de l'organisation du Tour de Suisse et qui ont d'autres emplois au quotidien.
«Je trouve cela très problématique, estime l'un des participants. Beaucoup d'entre nous prennent des vacances pour pouvoir aider au Tour de Suisse. Ils reçoivent 65 francs par jour. Et ensuite, ils encaissent une amende de 1000 francs. Est-ce qu'ils voudront encore participer et aider de la même manière l'année prochaine? Je n'en suis pas sûr».
«L'obsession du contrôle»
Lors des cinq premières étapes masculines, les commissaires de l'UCI ont distribué des amendes d'une valeur totale de 3500 francs. À cette occasion, un policier roulant pour l'escadron de sécurité a été sanctionné d'un jaune. Sa manœuvre lors du sprint de la troisième étape semblait également plus malheureuse que dangereuse et surtout pas intentionnelle.
Un initié explique: «Avant, nous pouvions encore discuter avec les commissaires et exposer notre point de vue. C'est terminé. La conséquence est qu'entre-temps, beaucoup de gens dans le Tour sont déstabilisés. L'obsession du contrôle se répercute sur l'humeur de tous. Certains ont désormais peur de faire des erreurs. Et la peur n'a jamais été une bonne compagne».
Punition collective au détriment des coureurs
Le malaise est également perceptible chez certaines équipes. Dernièrement, Morgan Lamoisson, directeur sportif de l'équipe Tudor, a encaissé une amende de 2000 francs. Pourquoi? Selon nos informations, il aurait offert son assistance au coureur Ineos Geraint Thomas, distancé après une chute, en le protégeant du vent. Mais là aussi, il n'y a pas eu d'infraction. Qu'aurait-il pu faire d'autre? Disparaître?
Alors qu'auparavant, de tels «délits» et d'autres cas similaires n'étaient pas appréciés dans l'esprit du sport, mais acceptés (Thomas était légèrement blessé après sa chute), l'UCI sévit désormais apparemment sans pitié. Tudor n'a donc été autorisé à utiliser qu'une seule voiture au lieu de deux dans le convoi de la quatrième étape (185,1 km) avec le col du Splügen comme obstacle. Une sanction collective qui se répercute en fin de compte sur les coureurs. Certes, un recours serait possible. Mais l'équipe ne serait-elle pas alors dans le collimateur pour le reste du Tour?
Un mauvais soupçon
Les commissaires de l'UCI sévissent-ils plus qu'avant? Et que dit-on du malaise qui règne dans l'équipe du Tour? Les éventuelles sanctions sont-elles discutées au préalable avec les personnes concernées? Là aussi — comme pour les cas individuels — le commissaire en chef interrogé par le Blick ne donne aucune réponse.
Un initié du Tour de Suisse a un mauvais feeling en pensant à cette situation: «Ce sont surtout les commissaires étrangers au Tour qui veulent justifier leur travail en affichant de nombreuses sanctions. Pour qu'ils puissent ensuite se rendre au Tour de France. Car pour, eux aussi, c'est le nec plus ultra».