Suiza, Suiza, Suiza!
Suiza, Suiza, Suiza! Le 29 septembre 1996 restera dans l’histoire à Madrid. La Suisse occupe d’emblée les trois premières places du classement général de la Vuelta. Alex Zülle gagne, Laurant Dufaux se classe deuxième et Tony Rominger troisième. Cela se reproduira-t-il un jour dans un Grand Tour? «Je ne pense pas», répondait le premier. Cette année, seuls deux Suisses seront au départ: Stefan Küng et Fabio Christen.
Zülle se souvient: «Nous avons mangé des spaghettis nature pendant deux semaines – uniquement avec de l’huile, du poivre et du parmesan.» Mais un jour, on lui a servi des spaghettis bolognaises: lui n’y a pas touché, ses coéquipiers ont fini aux toilettes. Malgré tout, lors de la 17e étape très montagneuse, Zülle a fait face à des problèmes de respiration. Son rival Tony Rominger le sauve. «Tu peux le faire!», lui lance-t-il. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le reste appartient à l’histoire. «Après la victoire, nous avons eu une fête inoubliable avec des tapas», raconte Alex Zülle.
La Vuelta volée
En 1985, l’Écossais Robert Millar a tout prévu. Lors de l’avant-dernière étape, il rattrape le groupe de tête, au pied de la dernière montée. Sa victoire au classement général est acquise. Du moins, c’est ce qu’il pense. D’autant que ses adversaires le félicitent également. Ce que Millar ne sait pas, c’est que Pedro Delgado, qui avait six minutes de retard avant l’étape, a sept minutes d’avance sur lui. La radio n’existait pas à l’époque, l’organisation de la Vuelta et tous les autres laissent le coureur dans le flou. Lorsqu’il se rend compte du désastre qui se prépare, il ne peut plus l’éviter et perd le Tour.
«J’ai été victime d’une coalition espagnole», lance Robert Millar par la suite. «Je ne retournerai plus jamais en Espagne.» Après sa carrière, Millar a subi une opération de changement de sexe. Sous le nom de Philippa York, l’ex-professionnel analyse l’actualité cycliste en tant que journaliste.
Superman s’enfuit
Le Colombien Miguel Angel Lopez est la coqueluche du public en 2021. Son surnom: Superman. Cette année-lé, il remporte l’étape reine. Mais deux jours plus tard, alors que le Tour touche à sa fin et qu’il n’est qu’à 20 kilomètres de l’arrivée de l’étape, il abandonne. Il n’est ni blessé ni malade, mais frustré. Alors qu’il se trouve à la troisième place du classement général, il descend tout simplement de son vélo et monte dans la voiture de l’équipe. La raison: il ne peut pas courir après le groupe de tête, car son coéquipier Enric Mas s’y trouve.
Lopez ne comprend pas la décision de son directeur sportif et abandonne. «J’ai décidé de ne plus me battre. Nous sommes des êtres humains, pas des machines», expliquait-il quelques jours plus tard.
Vengeance après l’esclandre de la bière
Alors qu’il a 22 ans et qu’il a presque terminé la Vuelta, Odd Christian Eiking se lâche. Il s’offre deux bières, selon les mots du Norvégien. Mais son directeur sportif de la FDJ, Marc Madiot, estime que «si ça n’avait été que deux bières, il n’aurait pas été ivre le lendemain matin».
Il suspend alors le coureur, qui disparaît rapidement dans la nature. Quatre ans plus tard, Eiking réapparaît lors de la Vuelta et porte le maillot de leader pendant près d’une semaine. Une douce et tardive revanche.