Epaules larges et sourire charmeur
Benjamin Stasiulis, l’olympien à la belle gueule nage pour Lausanne

Benjamin Stasiulis, directeur du Lausanne Aquatique et ancien champion de natation français, se confie alors que les Championnats suisses d’été en grand bassin se déroulent pour la première fois dans la capitale vaudoise. Ici, certains l’aiment show!
Publié: 10.07.2025 à 08:07 heures
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Benjamin Stasiulis se réjouit d'accueillir les Championnats suisses de natation d’été en grand bassin dès jeudi.
Photo: Darrin Vanselow
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Antoine Hürlimann
L'Illustré

Epaules larges, sourire charmeur, regard perçant et rire contagieux. Benjamin Stasiulis, 38 ans, est la définition même de la belle – et grande – gueule. Mais pas que. A l’aise comme un poisson dans l’eau face à la presse, l’ancien champion français de natation peut aussi s’appuyer sur une tête bien faite. Même si le Lausanne Aquatique, le club qu’il dirige depuis 2021, a récemment dû surmonter une situation économique tendue, toutes les conditions sont actuellement réunies pour accueillir les Championnats suisses de natation d’été en grand bassin. Une compétition qui aura lieu pour la première fois dans la capitale vaudoise, du 10 au 13 juillet, au Centre aquatique de la Vaudoise aréna.

Ceux qui lèvent un sourcil en voyant passer son joli minois dans la rue doivent plus ou moins se souvenir du jeune homme qui avait partagé une idylle avec la nageuse Laure Manaudou, en 2007. Une courte relation qui avait fait les choux gras de la presse people et de ses paparazzis que très moyennement fréquentables. Mais Benjamin Stasiulis est bien davantage que le minet d’alors au col relevé et aux mèches ondulées luisantes de gel. Jeux olympiques de Pékin en 2008, ceux de Londres en 2012, Championnats du monde et d’Europe… L’athlète a brillé au plus haut niveau aux côtés de Florent Manaudou, de Frédérick Bousquet ou de Camille Lacourt. Après avoir rangé définitivement son maillot au vestiaire en 2017, il a d’abord embrassé une première expérience romande à Sion, en tant qu’entraîneur et directeur technique de la Fédération valaisanne de natation, avant de poser valises et expertise à Lausanne.

Photo: Darrin Vanselow

Un parcours hors norme qui prend racine dans l’enfance, en région parisienne. «J’étais un gamin hyperactif, carrément turbulent, glisse Benjamin Stasiulis. C’est pour essayer de me coucher le soir que mes parents m’ont inscrit à une multitude d’activités. J’ai fait du karaté, du judo, du football, de la clarinette… Mais ce n’est qu’à la natation que je me sentais vraiment dans mon élément.» Pourtant, l’un de ses premiers souvenirs en lien avec les bassins n’est pas des plus heureux. «J’ai fait les bébés nageurs, c’était une mauvaise expérience et surtout une autre époque, introduit-il en souriant. Je ne faisais que pleurer et, soudain, mon père m’a jeté à l’eau, comme pour me dire de me taire. J’étais tout petit, mais je m’en souviens encore parfaitement.»

Adulte avant l’âge

Vers ses 12 ou 13 ans, il sort du lot et ses performances commencent à se faire remarquer. «Mes parents m’ont demandé ce que je voulais faire, narre le sportif. J’ai choisi de partir avec mon grand frère tenter ma chance dans un pôle à Mulhouse.» Les débuts alsaciens, à des centaines de kilomètres du nid familial, sont plus compliqués pour l’aîné. «L’entraîneur disait qu’il avait un caillou et une pierre précieuse. La pépite, c’était moi. J’ai donc continué l’aventure seul. C’est cette prise d’indépendance, un peu vertigineuse à 14 ans, qui m’a construit en tant que personne.»

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«Aujourd’hui, je me dis que j’aurais dû avoir plus de soupapes de décompression»
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L’adolescent qu’il était a-t-il pu faire ses expériences comme n’importe quel autre jeune de son âge ou ses débuts dans le sport d’élite lui ont-ils complètement coupé les nageoires? «C’est l’un des grands enseignements de ma carrière, confie-t-il. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais dû avoir plus de soupapes de décompression. Ma vie était très rigide: les entraînements, les études, la nutrition, le sommeil… La discipline, c’est évidemment essentiel quand on vise les meilleurs résultats. Toutefois, il y a vingt ans, on n’accordait pas la même importance au bien-être psychologique et au besoin naturel de souffler.»

Le choc est particulièrement rude, dit-il, lorsque les meilleurs quittent leur relatif anonymat en prenant part à des compétitions phares. «Chaque athlète rêve des Jeux olympiques, appuie-t-il. Y parvenir est accomplissement en tant que tel. Cependant, une fois que c’est fait, tout change. Y compris les réalités auxquelles personne ne vous prépare: le regard du public, l’intérêt des médias… Cette soudaine surexposition dans la lumière – souvent brève – est compliquée à gérer. La veille, personne ne vous reconnaît. Ensuite, vous ne pouvez plus faire vos courses tranquillement au supermarché. Ce sont des montagnes russes qui cabossent si on est mal entouré.»

Photo: Darrin Vanselow

Heureusement, les choses changent. Benjamin Stasiulis cite l’exemple du phénomène Léon Marchand, qu’il connaît personnellement. «Après ses médailles aux Jeux de Paris, il a pris une pause totale. Pas de presse, pas de réseaux sociaux, rien. Toute une équipe a formé un cordon sanitaire autour de lui pour le préserver de la frénésie ambiante. Une fois que l’attention est un peu retombée, il est revenu dans l’arène en étant épaulé par des pros. C’est capital si vous voulez durer dans le temps. A l’époque, tout cela, ou presque, n’existait pas, vous deviez vous débrouiller comme vous pouviez dans votre coin. C’est complètement fou quand on y pense…»

Un papa poule

La montagne de muscles française domiciliée à Aubonne (VD) assure avoir réussi à trouver l’équilibre. Il évoque sa femme, une Suissesse qui travaille à la Fédération internationale de basketball (FIBA), et leur petit garçon de 6 ans. «Je suis un papa poule, lance-t-il. J’essaie de lui inculquer une bonne éducation, mais je n’oublie pas la rigolade. J’ai beaucoup d’enthousiasme: je prends la vie comme une fête, comme un véritable feu d’artifice. J’ai envie que son enfance s’en rapproche le plus possible.»

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«J’essaie d’inculquer une bonne éducation à mon fils, mais je n’oublie pas la rigolade»
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Côté boulot, tous les voyants seraient aussi au vert. «Je pense que les bonnes décisions ont été prises et que nous sommes maintenant sur les bons rails, avance-t-il. Nous avons d’excellents résultats en compétition et, surtout, de quoi proposer une excellente formation à l’ensemble de nos 2500 membres.» Il porte à ses lèvres le macchiato qui vient de lui être apporté et développe: «Notre enjeu ne tourne pas qu’autour des podiums. Nous voulons aussi séduire le grand public, faire en sorte que les gens aient du plaisir à venir faire des longueurs chez nous. Je suis convaincu que nous avons tout pour bien faire, surtout dans le magnifique écrin qui nous accueille!» Ce ne sont pas les nombreux nageurs et nageuses du dimanche croisés le jour de notre visite qui prétendront le contraire.

Que les championnats commencent!

Pour la première fois, les Championnats suisses de natation d’été en grand bassin se dérouleront à Lausanne, du 10 au 13 juillet, au Centre aquatique de la Vaudoise aréna. Au total, 777 athlètes issus de 83 clubs participeront à ces quatre jours de compétition réunissant une trentaine d’épreuves. L’organisation se réjouit de la présence d’excellents nageurs et nageuses suisses, comme Tiago Behar, qui a participé aux Jeux olympiques de Paris 2024, Maël Allegrini, Julia Balthasar, Dominic Chtaini, Ilan Gagnebin, Malika Gobet, Julien Niederberger, Paul Niederberger ou encore Chiara Strickner. La manifestation, à l’instar du très bel écrin où s’affronteront les spécialistes, est évidemment ouverte au public. La promesse d’une expérience sportive unique, en vibrant au rythme des courses et des exploits. «Accueillir un événement de cette ampleur est une étape importante pour le Lausanne Aquatique, explique son directeur, Benjamin Stasiulis. La confiance accordée par la Fédération suisse de natation est précieuse: elle témoigne de notre capacité à organiser des compétitions d’envergure et marque le début d’une grande série d’événements sportifs aquatiques organisés par notre club.»

Un article de L'illustré

Cet article a été publié initialement dans le n°28 de L'illustré, paru en kiosque le 10 juillet 2025.

Cet article a été publié initialement dans le n°28 de L'illustré, paru en kiosque le 10 juillet 2025.

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