Bédoin devient le rendez-vous incontournable des amateurs de vélo lorsque le Tour de France fait étape au sommet du Mont Ventoux. Situé au pied du géant de Provence, le petit village est pris d'assaut par des cyclistes en tous genres. Rien d'anormal jusque-là. Mais lorsque deux autostoppeurs débarquent, ils détonnent. Qui sont-ils? Que font-ils là? D'où viennent-ils?
Une partie des réponses est évidemment lisible sur leur pancarte en carton: «Tour de France». C'est donc l'étape qui passera par là dans 24 heures qui les amenés à arriver au Sud de la France. Pour lever le doute sur toutes les autres interrogations, il faut les interpeller.
Patrick et Søren débarquent du Danemark. «Je viens d'Aarhus», nous détaille le premier nommé. «Et moi de Copenhague», précise son acolyte. Ils ont quitté leur pays vendredi sur un petit coup de tête. «Notre but était d'arriver ici pour voir la montée vers le Ventoux», précisent-ils en chœur.
Un objectif sacrément ambitieux puisque 1500 km les séparaient de la montagne pelée provençale. «Est-ce qu'on a douté? Même pas, rigole Patrick. Mais c'est vrai qu'on n'avait pas énormément de marge pour y arriver.» C'est finalement via l'Allemagne (forcément) qu'ils ont transité pour rejoindre leur destination. Leur carton montre les étapes de leur parcours. Hambourg, Brême, Paris ou encore Lyon étaient sur leur trajet. «Nous avons fait signer chacun de nos conducteurs, détaille Søren. Il y a même un chien qui a posé sa griffe (rires).»
En tout, ils ont donc passé trois nuits sur la route. Sans rien pouvoir planifier, évidemment. «Lorsque nous étions déposés, nous cherchions un arbre sur Google Maps, remarque Patrick en rigolant. La première nuit, c'était très bien. Mais il a beaucoup plu lors des deux dernières. Mais on s'était préparés.» Ce qui les a le plus touchés? «L'hospitalité, lancent-ils. Certains voulaient nous offrir à manger au moment de nous déposer. Mais nous essayions de refuser. Ils nous avaient déjà bien aidé. Problème? Ils insistaient trop...»
Seule ombre au tableau? La course en elle-même. Jonas Vingegaard, leur compatriote, est certes deuxième. Mais à plus de quatre minutes de l'extraterrestre Tadej Pogacar. Patrick fait mine de faire la moue. «On aurait préféré le voir passer devant nous avec le maillot jaune sur le dos, c'est sûr. Mais nous sommes là pour l'encourager.»
En espérant le voir réaliser un numéro dans la montée mythique vers le Mont Ventoux. D'ailleurs, à moins de 24 heures du passage du peloton, les deux Danois prennent la direction des premiers lacets de la montagne. Ce lundi soir, ils ont décidé de dormir sur la montée. «On verra bien où.» On leur demande de nous envoyer une photo pour avoir des nouvelles. La promesse a été faite... et a été tenue.
Et le retour? En stop évidemment. «On a tous les deux des rendez-vous vendredi, précise Søren. Nous allons donc devoir rusher un peu notre retour.» Quitte à prendre le train? «Tu rigoles? Ce serait de la triche!»