Depuis 40 ans à Lausanne
Françoise n'a manqué aucune édition des 24 Heures de natation

Tout au long de sa vie, Françoise a baigné dans la natation, réalisant des défis plus fous les uns que les autres. Ce week-end, elle va participer pour la 40e fois aux 24 heures de natation à Lausanne.
Publié: 08:52 heures
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Françoise a participé à toutes les éditions des 24 Heures de natation du Lausanne Aquatique.
Photo: 24 heures de natation
Robin Smania

Ce week-end se tiendra la 40e édition des «24 heures de natation», organisée par le Lausanne Aquatique à la piscine de la Vaudoise aréna. L'événement permet à toutes et tous de venir nager et de parcourir la distance de leur choix. Depuis 2021, le club reverse 1 franc par kilomètre nagé à une association caritative – Fondation Planètes Enfants Malades pour la cuvée 2025.

Depuis la première édition en 1984, Françoise Constantin n'a jamais manqué l'événement, tant comme nageuse que comme bénévole. Ancienne skieuse, elle s'est tournée vers la natation faute de moyens pour s'offrir une paire de skis.

«À la place des skis, je me suis achetée un maillot de bain. Je suis entrée au club de Lausanne Aquatique dès sa création en 1972. En 1970, j'avais essayé de nager plus vite qu'un garde-bain de la piscine de Bellerive qui faisait des longueurs, mais il allait plus vite que moi. Il m'a donné des conseils, et je revenais chaque jour pour progresser», raconte Françoise. «Un an plus tard, j'ai remporté le prix de l'écolière lausannoise la plus rapide. Comme c'était la dernière édition, j'ai gardé la coupe», sourit-elle.

Une blessure transformée en exploit

Par la suite, Françoise Constantin se lance dans l'enseignement de la natation à l'école et l'entraînement au club. Elle enseigne pendant 40 ans et entraîne pendant 50 ans, consacrant ainsi sa vie entière à la natation.

Lors de l'hiver 1987, elle se blesse aux ligaments croisés du genou lors d'une journée de ski et doit subir une opération en avril. Problème: les 24 heures de natation se tenaient début octobre. Mais Françoise refuse de manquer l'événement.

Françoise Constantin a été, en 1980, la première femme à traverser le lac Léman à la nage.
Photo: 24 heures de natation

«Je ne pouvais pas rater les 24 heures de natation. Je n'étais pas censée faire de sport, mais je me suis dit que j'allais nager jusqu'à ce que je ne puisse plus», raconte-t-elle. Elle parcourt alors 35 kilomètres en crawl, au grand dam de son chirurgien. «Il disait que j'allais ruiner son opération, mais quand il a examiné mon genou trois jours plus tard, il a constaté que tout allait bien, sourit-elle. Par la suite, il m'appelait pour que je donne des conseils à ses patients qui avaient mal au genou.»

Un marathon… dans l'eau

Quatre ans plus tard, lors de l'édition 1991, Françoise bat son propre record et nage un véritable marathon: 42,2 kilomètres. Cette performance est née d'un pari entre amis.

«Certains de mes amis avaient fait le marathon de New York, et moi, je ne courais pas assez pour réaliser cela. J'ai dit en plaisantant à l'un d'eux que je serais plus à l'aise de le faire dans l'eau, et il m'a répondu que je n'avais qu'à le faire», explique celle que l'on surnommait «Plouf». Une de ses amies voulait également battre le record, et elles décident ensemble de nager les 42,2 kilomètres du marathon. «On était fair-play: si l'une finissait avant l'autre, la deuxième s'arrêtait à 42,2 kilomètres», rigole-t-elle.

Françoise se souvient aussi de situations plus insolites: des mariés sont venus nager quelques longueurs dans la nuit, après leurs festivités. «C'était leur nuit de noces à eux, rigole-t-elle. Mais je pense qu'ils avaient un peu bu. Il y avait d'ailleurs souvent des jeunes qui tentaient la nuit après des soirées alcoolisées.»

Autres exploits aquatiques

Outre les 24 heures de natation, Françoise Constantin a participé à d'autres événements marquants. En 1980, elle devient la première femme à traverser le lac Léman à la nage. «Je voulais le faire pour le chef des gardes-bain, parce que c'était quelque chose qu'il souhaitait faire mais qu'il n'avait jamais tenté. Je l'ai fait pour lui, pour le remercier.»

À son arrivée à Bellerive, ses collègues avaient appelé les médias. Trop rapide par rapport au temps estimé, elle arrive avant le journaliste de la TSR, qui lui demande de replonger pour filmer son arrivée à Lausanne. Françoise réitérera l'expérience pour ses 30, 40 et 50 ans. «Je ne voulais pas que les gens disent que j'étais vieille, alors j'ai fait une dernière fois à 50 ans», sourit-elle.

Noces d'émeraude ce week-end

Cette année, Françoise participera donc pour la 40e fois aux 24 heures de natation. D'abord en tant que bénévole, elle compte tout de même nager pour la symbolique. «Je vais travailler trois heures comme bénévole, puis je nagerai un kilomètre. Si je me sens bien, j'en ferai peut-être un deuxième», sourit-elle.

Cet été, pour ses 70 ans, elle s'est lancé un défi impressionnant: 70 traversées en 70 jours depuis l'ouverture de la piscine, soit 3,5 kilomètres par jour pour un total de 245 kilomètres. «C'est devenu une habitude de nager et de participer aux 24 heures de natation. Comme Obélix, je suis tombée dedans quand j'étais petite», se marre-t-elle.

Selon son envie et sa forme physique, Françoise participera encore plusieurs années à l'événement, mais elle ne s'est fixé ni objectif de nombre de participations, ni âge limite. À ce jour, le participant le plus âgé des 24 heures avait 89 ans. «On se revoit donc dans 20 ans», conclut-elle, le sourire aux lèvres.

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