Sur les écrans de Times Square, Erling Haaland a les faveurs de la cote. Il faut dire que la Coupe du monde des clubs de football est un événement plus que rassembleur. Mais à New York, la NBA est partout. Les headlines du jour? Kevin Durant vient d’être transféré à Houston, alors que le Thunder d’Oklahoma City vient de remporter le titre. Mais dans le magasin Foot Locker de Mannhatan, un visage prend de plus en plus d’importance: Cooper Flagg. Mercredi a même été décrété «Flagg Day» par une marque de chaussures.
Pourquoi? Car mercredi (et jeudi) aura lieu la draft NBA, le jour où les plus grands espoirs seront repêchés par les 30 franchises nord-américaines. Et cette année, il n’y a aucun suspense puisque Cooper Flagg sera sélectionné avec le premier choix. Géant américain de 205 centimètres, le joueur de la prestigieuse université de Duke est la vedette du grand raout organisé sur deux jours à Brooklyn, a un jet de ballon d’ici. Juste à côté de la place bariolée d’écran, Yanic Konan Niederhäuser n’est pas aussi visible que la meilleure recrue du moment. Et pourtant, le Fribourgeois va également prendre part à la draft et ses 215 centimètres font que le Fribourgeois de 22 ans ne passe pas inaperçu.
L’allemand comme première langue
Dans le lobby de son hôtel, il a trouvé le temps de venir parler de ce qu’il est en train de vivre. Concrètement? Il vient de terminer un mois de préparation à cette fameuse draft. Cela veut dire qu’il s’est rendu dans une quinzaine de villes pour montrer ses talents… et parler de lui. «Ce sont comme des entretiens d’embauche, nous raconte-t-il. Les équipes de NBA sont de potentiels futurs employeurs et je dois leur montrer qui je suis. Avant le premier rendez-vous, je dois dire que j’étais assez nerveux. Maintenant? Ça va mieux, j’ai l’habitude.»
Sur les trente franchises, 25 ont voulu en savoir plus sur le Fribourgeois. Un meeting virtuel est d’ailleurs prévu quelques minutes après notre rencontre. Ce qu’il a dit aux différents recruteurs? «J’ai simplement parlé de moi et j’ai raconté mon parcours.» Un chemin qui l’a fait partir de Fräschels dans la campagne fribourgeoise très tôt au moment où il a compris que le chemin vers la NBA ne pouvait pas se faire autrement qu’en quittant sa famille.
Au rez-de-chaussée de son hôtel confortable et sans chichi situé en plein Mannhattan, il parle en français, langue que sa maman, ivoirienne d’origine, lui a inculquée. «Je suis allé assez souvent en Côte d'Ivoire, remarque-t-il. Mais je suis né en Suisse et j’ai grandi en Suisse. Je représente donc la Suisse.» Comme Clint Capela qui a toujours joué avec la croix blanche malgré des parents angolais et congolais. Ou comme Thabo Sefolosha aux origines sud-africaines. Mais contrairement à Kyshawn George qui a choisi le Canada de son père. «Je lui ai dit qu’on aurait formé un sacré duo, lui et moi, rigole-t-il. Mais je respecte sa décision. Moi je n’ai pas trop eu besoin de me poser la question.»
Même si son français est tout à fait bon, c’est logiquement l’allemand paternel qui a pris le dessus. «À Kerzers (ndlr Chiètres en français), tout le monde parle allemand», précise-t-il. C’est donc dans la langue de Goethe qu’il rêve. Et actuellement, ses nuits le font forcément se projeter sur cette semaine qui va marquer sa carrière. Même dans la ville qui ne dort jamais, il parvient à trouver le sommeil. «Je ne suis pas stressé, mais j’ai hâte, confie-t-il. Dans mon esprit, ce n’est pas encore réel. Cela fait tellement longtemps que je pense à ce moment. Peut-être que le jour même, cela sera concret… On verra.»
«Je suis Konan sur le terrain»
Même si ce qu’il est en train de vivre n’est pas encore tout à fait réaliste, il sait que mercredi ou jeudi, il sera fixé. Le premier jour, les trente meilleures recrues seront sélectionnées et les trente suivantes le lendemain. «Mon objectif est d’être repêché en première ronde, précise-t-il. Mais je veux surtout avoir la chance d’être dans un endroit où il y aura de la place pour moi.»
Qu’importe le logo sur le devant du maillot, il pense déjà au nom qu’il mettra derrière. Niederhäuser? Konan, comme à l’université? Konan Niederhäuser? «Je tiens beaucoup au prénom Konan qui m’a été donné par mon père, précise-t-il. Sur le terrain, je suis Konan le guerrier (rires). C’est dans cet état d’esprit que j’essaie de jouer chacun de mes matches. Depuis que je suis parti en Allemagne, j’ai toujours demandé de mettre 'Konan'. Je trouverais cool de pouvoir continuer.»
Mais avant de savoir de quelle couleur sera ce maillot, il doit encore patienter un peu. Pour l’heure, il est seul dans son hôtel de Mannhatan. Mais toute une délégation est en route… ou plutôt dans les airs. «Dans une vingtaine de minutes, leur avion devrait atterrir, se réjouit-il. Il y a mon meilleur ami de Suisse, un ami avec qui j’ai joué ma première année à l’université et bien sûr beaucoup de membres de ma famille.»
Au total, ils seront une quinzaine à le soutenir dans cette étape importante de sa carrière. En attendant, peut-être, de partager un jour l’affiche avec Cooper Flagg et les autres stars du plus prestigieux championnat du monde.