Zohran Mamdani aurait-il émergé, et raflé de manière triomphale la mairie de New York, si Donald J. Trump n’avait pas été élu, voici pile un an, président des Etats-Unis? Cette question est, bien sûr, trop caricaturale pour résumer avec justesse la nouvelle donne électorale dans la grande métropole de la cote est.
Mamdani, 34 ans, est d’abord le résultat d’une formidable campagne de terrain, centrée sur des thèmes sociaux comme la baisse du prix des logements ou la gratuité des transports, qui ont mobilisé en masse les citoyens de cette ville-monde. Mais le fait est que Trump, ses méthodes, sa brutalité et ses attaques contre les maires démocrates qui osent lui résister a rajouté du carburant sur la «flamme» Zohran. Elire ce maire démocrate socialiste, soutenu par l’octogénaire Sénateur indépendant anti-Oligarchie Bernie Sanders, est, de facto, un acte de résistance contre l’Amérique trumpiste.
Il y a un an…
Un an après sa victoire face à Kamala Harris, au bout de la nuit à Palm Beach (Floride) où il a attendu les résultats de la présidentielle dans son golf de Mar-a-Lago, Donald Trump voit se lever contre lui une Amérique radicale, combative, encore (très) minoritaire sans doute dans l’ensemble des Etats-Unis, mais prête comme lui à en découdre. Logique. Ce président venu du Queens, le quartier de New York où est élu et où a aussi grandi Zohran Mamdani, a fait de la brutalité et de la radicalité son registre. Il est aussi, à bien des égards, une caricature de «boomer» incapable de s’extirper de son univers politique des années 80-90, lorsqu'il régnait au sommet des promoteurs immobiliers.
Trump rime avec argent, profit, oligarques, et rapport de force. Son Amérique MAGA vante son socle de valeurs chrétiennes, et alimente un sentiment de revanche dans la population blanche et masculine. Résultat: tous ceux qui ne se retrouvent pas dans ce discours (et ils sont nombreux) sont tentés de voter pour l’autre extrême, surtout lorsqu’elle s’incarne dans un candidat jeune, charismatique, enraciné sur son terroir politique comme Zohran Mamdani.
Parler de deux Amériques à l’issue de cette élection new-yorkaise n’est pas juste. New York est à part, comme Los Angeles ou Chicago. Les Etats-Unis sont un pays vaste qu’il serait erroné de réduire à cette mégapole dont Donald Trump fut l’un des héros. La vérité, en revanche, est qu’en plein «shutdown» budgétaire, en pleine panne du gouvernement fédéral, l’Amérique de Trump doit, un an après l’élection du 5 novembre 2024, s’interroger sur son avenir: présider le pays de façon aussi clivante, diaboliser ses adversaires en leur promettant le pire, et menacer tous ceux qui s’opposent au mouvement «MAGA» peut-il conduire à autre chose qu’à une confrontation permanente et à une rébellion d’une partie de la jeunesse américaine convaincue que les émules de «Zohran», et pas ceux de «Donald» sont ceux qui conjugueront l’avenir?