La France qui gagne. La France sacrée Championne d’Europe. La France qui écrase ses adversaires milanais par 5 buts à zéro. La France redevenue «arc-en-ciel» grâce au foot, après avoir conquis les cœurs dans les piscines du monde avec Léon Marchand lors des Jeux Olympiques d’été, il y a un an.
Cette France a raison d’être fière. Et Paris, sa capitale désormais sur le toit de l’Europe footballistique, a bien raison de relever la tête. Jusque-là, le très riche Paris Saint-Germain ne parvenait pas à transformer sa fortune qatarie en succès tricolore. C’est chose faite. Voici, malgré les violences de la nuit toujours attristantes, une tour Eiffel qui regarde le monde avec fierté. Comme pour dire aux fans de foot du monde entier: «Nous ne sommes pas que la capitale du luxe. Nous sommes aussi une ville qui sait gagner et imprimer sa marque balle au pied.»
Joie et roulements de tambour
Alors, joie et roulements de tambour à tous les étages? Non. Trois fois non. Surtout au vu des violences urbaines qui ont à nouveau endeuillé cette nuit de folie dans la capitale. Le pire pour la France de 2025 serait de croire à ce miroir aux alouettes qu’est inévitablement le sport de haut niveau. Croire que le football recèle des miracles de patriotisme et d’unité nationale est un fait établi. Croire que les fractures nationales, communautaires ou raciales, disparaissent dans les stades (surtout lorsque la victoire est au rendez-vous) est une réalité dont il faut se féliciter, bien au-delà des frontières françaises.
Mais pour le reste, stop! Le succès incontestable du Paris Saint-Germain ne peut pas effacer toutes les factures que le pays doit payer: facture budgétaire, facture sociale, facture de l'insécurité, facture du narcotrafic, facture diplomatique…
Les Français, chroniquement déprimés et angoissés, sont trop lucides sur eux-mêmes pour ne pas voir le mirage derrière les miracles sportifs à répétition. Surtout lorsqu’il s’agit de football, et d’une équipe où le Qatar, émirat pétrolier par ailleurs sponsor des Frères musulmans et de leur entrisme islamique, a investi des milliards d’euros.
De Tapie au Qatar
La même chose valait d’ailleurs en 1993, lorsque l’Olympique de Marseille version Bernard Tapie précéda le PSG en vainqueur de la coupe d’Europe. La fièvre était au rendez-vous. Mais la métropole méridionale n’a pas pour autant triomphé de ses problèmes chroniques: criminalité, corruption ou infrastructures souvent à l’abandon.
Ce qu’il faut retenir des succès sportifs français est ce que les images de Paris en fête ne disent pas: l’effort, l’investissement à long terme, le choix du collectif fait par l’actuel PSG au détriment des «stars» qui monopolisent toute l’attention médiatique.
Travailleur infatigable
Idem pour le succès de ce travailleur infatigable des bassins qu’est Léon Marchand, de ce bûcheur des tatamis qu’est Teddy Riner, de cette équipe soudée qu’est le XV de France de Rugby ou de ces talents opiniâtres que sont les frères Lebrun pour le tennis de table. Tous sont des exemples. Tous démontrent qu’une France résolue à l’emporter peut faire la différence.
La France motivée par ses performances, et consciente du prix à payer pour les obtenir, est une excellente nouvelle. La France dopée au sport pour mieux rester aveugles sur ses insuffisances? Attention danger!