Le 9 septembre, le Conseil national s’est réuni en session extraordinaire – une première dans l’histoire parlementaire suisse pour un polluant environnemental. Objectif: définir une réponse à la contamination généralisée aux PFAS, ces «polluants éternels» omniprésents dans nos produits quotidiens, nos sols, notre eau, notre alimentation et même nos corps. L’urgence appelait enfin des mesures à la hauteur du danger.
Les huit motions examinées ont révélé des approches variées – complémentaires sur le principe. Certaines proposaient une démarche structurelle: mécanisme de financement de la dépollution couplé à une réduction progressive des PFAS dans les secteurs où des alternatives sûres existent. D’autres misaient sur la responsabilité individuelle ou un assouplissement des valeurs limites, au nom des «libertés économiques».
La messe est dite – et le bilan, sans appel. La majorité de droite a écarté les solutions structurelles visant à empoigner le problème à la source, privilégiant une politique palliative en sacrifiant la santé publique aux intérêts industriels. L’argument massue? Éviter toute régulation, «entrave au commerce».
D’autres pays agissent déjà
Ce choix myope ignore la réalité des coûts faramineux de l’inaction: 26 milliards de francs pour la dépollution sur 20 ans – sans compter l’explosion des coûts de la santé (estimés entre 52 et 84 milliards d’euros par an pour l’ensemble de l’espace économique européen y compris la Suisse et la Norvège). Ensuite, comme pour nombre de sujets impliquant une régulation de l’industrie dans notre pays, on préfère fermer les yeux sur le principe de précaution – qui vise à prévenir les dommages irréversibles – et faire des entorses au principe du pollueur-payeur.
Pourtant, d’autres pays agissent déjà. Le Danemark a banni les PFAS des emballages alimentaires dès 2020. La France les a interdits dans les cosmétiques et textiles. Aux États-Unis, le Minnesota les a exclus de nombreux produits courants. Pendant ce temps, la Suisse tergiverse: l’abandon récent de l’étude nationale sur la contamination aux PFAS, faute de moyens, en dit long sur l’inertie qui règne à Berne. Sans données, pas de prise de conscience – et sans décision, le risque persiste, invisible mais bien réel.
La balle est désormais dans le camp du Conseil des États, le 25 septembre. Pour protéger la population, une seule voie: réduire les risques à la source, appliquer le principe du pollueur-payeur et accélérer le déploiement d’alternatives. Les PFAS sont persistants; notre inaction, elle, ne doit pas l’être.