Le sommet mondial sur le plastique à Genève vient de s’achever sans accord. Dix jours de discussions pour rien. Les pays producteurs de pétrole ont bloqué toute limite à la production. Résultat: le plastique continue de s’accumuler dans nos océans, nos sols et jusque dans nos corps. Chaque semaine, nous ingérons l’équivalent d’une carte bancaire de microplastiques.
La Suisse ne peut pas se contenter d’accueillir des conférences. Elle doit agir. Pas seulement par souci écologique, mais aussi par pragmatisme économique. Car le plastique coûte cher: nettoyage des rivières, incinération des déchets, dépollution des sols, impacts sanitaires encore mal chiffrés. La facture se chiffre déjà en milliards et elle est supportée par les communes, les entreprises et la population.
Voilà la vérité rarement dite: le plastique est un impôt caché. Il profite à quelques multinationales pétrochimiques, mais ses coûts sont socialisés, payés par toutes et tous. Tant que nous n’agissons pas à la source, ce sont nos impôts, nos primes maladie, nos factures d’eau qui absorbent la note.
Ne plus se cacher derrière la neutralité
C’est pourquoi il faut réduire la production, et pas seulement gérer les déchets. Interdire les produits jetables inutiles. Instaurer une taxe sur les emballages plastiques pour financer des alternatives durables. Soutenir l’innovation suisse dans les matériaux réutilisables et biodégradables, plutôt que de rester dépendants d’une matière première fossile importée.
Sur le plan international, la Suisse doit cesser de se réfugier derrière la neutralité diplomatique. Elle peut initier une coalition de pays volontaires, décidés à avancer sans attendre ceux qui bloquent. Nous l’avons déjà fait sur le climat ou sur les droits humains: pourquoi pas sur le plastique?
Assez des belles paroles
Le conseiller fédéral Albert Rösti affirme vouloir une solution ambitieuse. Très bien. Mais assez de belles paroles: la crédibilité se juge aux actes. La Suisse doit montrer l’exemple, ici et maintenant, par une législation plus stricte, par un soutien clair aux alternatives, par une voix forte à l’international.
L’échec de Genève n’est pas la fin du processus. Il doit être le déclencheur d’un sursaut. Avec un objectif simple, compréhensible par tous: moins de plastique produit, moins de plastique rejeté, moins de dépendance au pétrole importé, et surtout moins de plastique dans nos vies.