La chronique de Jacqueline de Quattro
Face aux catastrophes naturelles, la Suisse doit prévenir plutôt que subir

Notre chroniqueuse Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR, revient sur les catastrophes naturelles qui ont marqué les esprits ces derniers mois. Selon elle, Cantons et Confédération doivent mettre en place une stratégie pour se prémunir contre ces dangers.
Publié: 28.07.2025 à 17:48 heures
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L'élue PLR Jacqueline de Quattro plaide pour une stratégie claire face aux catastrophes naturelles.
Jacqueline de Quattro
Jacqueline de QuattroConseillère nationale

La Suisse a été, ces derniers mois, le théâtre de plusieurs événements qui ont marqué les esprits. Il y a eu la tragédie de Blatten dont la plupart des maisons et des infrastructures ont été englouties. Puis, l’éboulement près de la Grande Dixence, avec à la clé la fermeture de la route d’accès au barrage. Tout un symbole. Sans oublier le village den Brienz dans les Grisons, menacé d’être enseveli par les mouvements de roches. 

Les Suisses réapprennent à vivre avec les inondations, les glissements de terrain, les larves torrentielles et les chutes de pierre. Ils l’avaient presque oublié. Nos ancêtres savaient. Et s’en préservaient.

Les catastrophes naturelles ont toujours existé. Mais elles sont devenues plus fréquentes. Et nous avons construit n’importe où et parfois n’importe comment. Le dégel du pergélisol rend les montagnes plus instables. Il met déjà en péril sept lacs valaisans. Et le réchauffement climatique ne concerne pas uniquement les Alpes. Le Plateau et même nos villes sont touchés. Souvenez-vous des inondations de Morges et de Sierre.

Miser sur la prévention

Une récente étude de la Banque cantonale de Zurich révèle qu’une maison sur six est située dans une zone à risques. Les catastrophes naturelles nous regardent tous. D’autant plus qu’elles vont se multiplier et s’intensifier.

Il est urgent d’en tirer les enseignements. Miser davantage sur la prévention. Etablir sans tarder des cartes des dangers dans toutes les régions, afin de déterminer dans quelles zones il est encore sûr de bâtir. La gestion intégrée des risques doit faire partie intégrante de nos politiques publiques. En clair: nous devons adapter nos moyens et nos objectifs à l’évolution des menaces.

C’est ce qu’a fait le canton de Vaud quand j’étais en charge de l’environnement. Plus de 12'000 documents ont été élaborés pour identifier et répertorier les dangers naturels. La population vaudoise peut consulter les cartes de dangers sur le guichet cartographique cantonal. Cela en vaut la peine: un franc investi dans la prévention permet d’économiser des centaines de milliers de francs pour réparer les dommages causés par les intempéries.

Il ne faut pas agir dans l'urgence

Si la prévention est indispensable et que chaque canton a son rôle à jouer, l’appui de la Confédération est, lui aussi, essentiel. Le drame de Blatten a montré avec quelle rapidité et quelle ampleur un cataclysme peut affecter nos communes. Il a aussi mis le doigt sur les failles du système, en particulier sur l’absence d’une loi portant sur l’aide en cas de catastrophe naturelle. Une lacune qui a conduit à une requête financière auprès du Conseil fédéral, qui a été approuvée dans l’urgence par le Parlement.

On ne peut pas toujours agir dans l’urgence. Il nous faut une stratégie claire. Un cadre juridique qui spécifie qui fait quoi en cas de catastrophe. Le Conseil fédéral doit préciser les conditions, les compétences et les procédures qui existent. Et celles qui doivent être créées pour obtenir les prestations financières et organisationnelles, ainsi que déterminer les responsabilités lors d’événements dommageables de grande ampleur.

Nous devons clarifier les modalités de l'aide d'urgence et le rôle de la Confédération par rapport aux cantons et aux communes. Améliorer la collaboration avec les partenaires (assurances, protection civile, armée, etc). Le Conseil fédéral doit examiner s'il est opportun de mettre en place une base légale pour un soutien standard garanti par l'Etat en cas de catastrophe, sous la forme d'une législation fédérale spécialisée. Nous avons besoin de ces réponses. Avant la prochaine catastrophe.

La nature nous rappelle régulièrement qu’elle ne sera jamais complètement apprivoisée. Il convient de se préparer à relever ces défis, qui vont croissants avec le dérèglement climatique. Prendre des mesures, non seulement en matière d’aménagement du territoire, mais aussi de protection et de soutien. Il en va de la solidarité et de notre cohésion nationale. Des valeurs qui sont au cœur des célébrations du 1er août.

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