«Il y a urgence. D'ici quelques jours, plus de 200 personnes vont se retrouver à la rue», a déclaré lundi devant la presse Christina Kitsos, magistrate de la Ville de Genève en charge de la cohésion sociale et de la solidarité. Cet hiver, 577 places d'hébergement pour les sans-abri étaient à disposition dans différents lieux. Un record.
Ces places étaient réparties entre des lieux gérés par le Collectif d’associations pour l’urgence sociale (CausE), la Caravanne sans frontières ou encore l'Armée du Salut. Le dispositif du CausE perdra 120 places d'ici la fin mars et les sleep-in ouverts dans l'urgence seront aussi fermés. «On va vers un tsunami humanitaire», s'est insurgé Alain Bolle, président du Collectif d'associations pour l'action sociale (CAPAS).
Un socle minimal
La Ville de Genève, dont le budget 2022 pour l'urgence sociale est de 15,6 millions de francs, veut que les autres communes participent davantage à l'effort financier. Selon la magistrate, l'Association des communes genevoises attend un chiffrage précis des besoins avant de s'engager. «C'est facile de se cacher, mais il faut prendre la mesure de l'urgence», a-t-elle relevé. Les communes ont toutefois contribué à l'effort à hauteur d'un million de francs.
Selon Valérie Spagna, directrice du Passage - un lieu d'hébergement géré par l'Armée du Salut -, il faudrait garantir un socle de 500 places d'hébergement d'urgence à l'année. Idéalement, il faudrait même viser 700 places, ajoute Mme Spagna. Selon une récente étude de l'Université de Genève, le nombre de personnes sans-abri dans le canton s'élève en moyenne à 730.
Des publics différents
Il faut aussi diversifier les structures d'accueil, a relevé Fabrice Roman, président du CausE. Selon ce dernier, impossible, par exemple, d'accueillir tout le monde dans des hôtels avec un encadrement social, comme cela a été proposé cet hiver. Cette solution convient seulement à certains, alors que d'autres plus marginalisés ne peuvent pas se plier aux règles de vie en communauté
À Genève, une nouvelle loi répartit les compétences entre le canton et les communes pour l'accueil des sans-abri. Mais il manque encore un règlement d'application afin que cette loi déploie ses effets, a déploré Alain Bolle, le président du CAPAS. Sans le soutien de donateurs privés, le dispositif d'urgence n'aurait pas pu être déployé cet hiver, a-t-il relevé.
À noter, que l'arrivée de réfugiés ukrainiens n'a pas d'impact sur les hébergements d'urgence. En effet, les réfugiés sont pris en charge par l'Hospice général, selon une répartition fédérale.
(ATS)