Fini les bonnes manières...
Les Verts partent à l'offensive pour un siège au Conseil fédéral

Après les élections fédérales d'octobre, le parti écologiste veut se battre pour un siège au gouvernement. La vraie question est de savoir qui se présentera, si nécessaire, contre le conseiller fédéral Alain Berset.
Publié: 05.02.2023 à 06:44 heures
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Dernière mise à jour: 05.02.2023 à 08:49 heures
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Manuela Weichelt a les meilleurs atouts pour plaire à l'Assemblée fédérale: elle a 12 ans d'expérience exécutive et est réputée pour son sens du consensus.
Photo: keystone-sda.ch
Peter Aeschlimann

Selon le programme du parti, les Verts sont pour la paix. Or, la gentillesse permet peut-être de gagner le cœur des électeurs, mais certainement pas un siège au Conseil fédéral. Ce qui est pourtant aujourd'hui l'objectif déclaré des Verts.

C'est sans doute la raison du changement de ton opéré par ce parti qui ne veut plus prendre de gants. La base fait d'ailleurs savoir depuis un petit moment qu'elle ne veut plus attendre et que le temps est venu. Et Balthasar Glättli l'a également reconnu.

Si l'on en croit le président des Verts, un siège au gouvernement devrait être décroché après les élections fédérales de cet automne. Mais comment y parvenir? La question est balayée d'une main par le conseiller national. Ce serait pour l'instant secondaire. Le parti veut encore surfer sur la vague verte de 2019 et, surtout, ne plus se laisser distraire.

Ce qui était tabou jusqu'à présent semble donc soudain envisageable: l'attaque de l'un des deux sièges du Parti socialiste (PS). Officiellement, les Verts veulent toujours entrer au Conseil fédéral au détriment des partis bourgeois. Mais en coulisses, plusieurs membres de la direction confirment qu'ils souhaitent, si nécessaire, arracher un siège à leurs alliés.

Une Zougoise comme tête d'affiche

La conseillère nationale zougoise Manuela Weichelt est l'une de celles dont le nom est régulièrement cité comme candidate au Conseil fédéral. En 2019, l'ancienne conseillère d'État avait laissé la place à sa collègue de parti Regula Rytz. Interrogée sur ses ambitions au Conseil fédéral, Manuela Weichelt se contente de rire. Elle dit consacrer son énergie à sa réélection et à la campagne électorale pour le Conseil des États: «Ce n'est qu'ensuite que nous, les Verts, parlerons d'éventuelles candidatures.»

En politique, elle a appris que «plus la fonction est élevée, plus le hasard joue un rôle.» C'est ce qu'ont montré les élections au Conseil fédéral en décembre dernier, selon la politicienne verte: «Eva Herzog était considérée comme la candidate idéale, avance-t-elle. Pourtant, le sort en a décidé autrement.»

«Je souhaite un large champ de candidatures»

Sur son site internet, la politicienne experte en santé publique se décrit comme une «combattante». Elle a douze ans d'expérience exécutive, est considérée comme capable d'obtenir une majorité et est orientée vers le consensus. Les meilleures conditions sont donc réunies pour plaire à l'Assemblée fédérale. Le seul problème de Manuela Weichelt: son origine Zougoise, qui la met en concurrence avec le président du Centre Gerhard Pfister, à qui l'on prête également des ambitions pour le Conseil fédéral.

«Si nous atteignons le score d'environ 10% lors des élections, notre ambition sera justifiée», déclare Bastien Girod. Le conseiller national zurichois vise aussi un siège au Conseil fédéral. Il ajoute: «Toutes les personnes compétentes qui ont une expérience gouvernementale ou qui jouent un rôle dans la politique nationale doivent envisager de se présenter.»

Selon lui, il est important que le groupe parlementaire ait le choix. «Je souhaite un large champ de candidatures et je n'exclus pas d'en faire partie», assure-t-il.

Des citadins avec une expérience de l'exécutif

En 2019, les Verts ont entièrement misé sur Regula Rytz. Mais au Parlement, la Bernoise n'a trouvé des soutiens qu'auprès des socialistes: 82 voix n'ont de loin pas suffi pour conquérir le siège du libéral-radical d'Ignazio Cassis. Cette fois, assure Bastien Girod, le parti écologiste sera mieux préparé: «Un Conseil fédéral davantage vert est plus important que jamais». Dans la composition actuelle, les préoccupations environnementales sont fortement sous-représentées: «Simonetta Sommaruga avait ces thèmes à l'ordre du jour. Mais elle est partie.» Selon les écologistes, il faut absolument retrouver une personne qui fasse de la durabilité une priorité au sein du gouvernement.

Outre Bastien Girod, deux autres hommes remplissent les critères auxquels devrait répondre un conseiller fédéral vert: Bernhard Pulver et Daniel Leupi. Tous deux sont des citadins, ont une expérience exécutive et sont actuellement candidats au Conseil des États. Bernhard Pulver est président du conseil d'administration du groupe hospitalier de l'Île et a été conseiller d'État bernois de 2006 à 2018. Quant à Daniel Leupi, il est directeur des finances de la ville de Zurich. Bernhard Pulver ne dit rien sur ses ambitions au Conseil fédéral, Daniel Leupi les dément: «Le fait que l'on me sollicite régulièrement m'honore. Mais mon ambition est de pouvoir représenter le canton de Zurich au Conseil des États avec une voix verte expérimentée.»

Pour que la revendication des Verts d'obtenir un siège au Conseil fédéral soit audible dans les deux chambres du Parlement, il faudrait que le résultat d'il y a quatre ans soit confirmé lors des élections du 22 octobre. À l'époque, les Verts avaient obtenu 13,2% des voix. Les sondages actuels indiquent plutôt de légères pertes.

Et il en va de même pour le PS. Si cette tendance se confirme, le rêve rose-vert d'obtenir trois sièges au gouvernement s'évanouira. Si les Verts sont vraiment sérieux, ils devront rompre leur amitié avec les socialistes lors des élections du Conseil fédéral en décembre.

Lisa Mazzone ne veut pas spéculer

Les Verts seraient probablement plus à l'aise si le conseiller fédéral socialiste Alain Berset communiquait sa démission à la fin de son année présidentielle en automne. S'il ne le fait pas – comme il l'a déjà annoncé lui-même –, cela pourrait devenir très compliqué.

Le ministre de l'Intérieur serait le premier à être réélu en tant que doyen de la fonction. Le Fribourgeois est plus apprécié de la population que du Parlement et l'UDC a déjà laissé entendre que son groupe parlementaire pourrait refuser de voter pour lui après les révélations autour des Corona Leaks.

Scénario le plus réaliste

Il est certes peu probable que le camp bourgeois attribue un siège socialiste aux Verts, mais c'est le scénario le plus réaliste parmi tous ceux qui aboutissent à un siège écologiste au Conseil fédéral. Ou comme le dit un parlementaire de l'UDC: «Si le PS tombe à 12% et que les Verts restent à 11%, on ne pourra plus dire que le PS mérite deux sièges.»

Lisa Mazzone, qui a également l'étoffe d'une conseillère fédérale des Verts, préfère renoncer aux spéculations. Le défaut d'une candidature de la conseillère aux États genevoise? Avec Alain Berset, Ignazio Cassis et Elisabeth Baume-Schneider, la Suisse latine est actuellement surreprésentée au gouvernement.

Le moment serait donc mal choisi pour Lisa Mazzone. Mais pour cette mère de deux enfants, il ne fait aucun doute que les Verts ont leur place au Conseil fédéral. «Nous sommes fermement décidés à exercer une influence, assène-t-elle. La seule chose qui nous reste à faire est de mettre les gaz.»

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