Le quarantenaire Peter S.* est soupçonné d'être un poseur de bombe. Ce bénéficiaire de l'AI aurait menacé par e-mail de faire exploser un explosif à la Cour suprême de Zurich. Il s'était déjà retrouvé brièvement derrière les barreaux pour la même raison.
Peter S. nie toutefois avec véhémence toute responsabilité. «Je n'ai rien à voir avec cette affaire», écrit l'homme dans une lettre adressée à Blick, à laquelle il a joint divers documents de justice.
Le bâtiment de la Cour suprême de la ville de Zurich a été évacué le 24 octobre en début d'après-midi. Plusieurs médias, dont Blick, avaient reçu un mail anonyme. Celui-ci annonçait la mise à feu d'un «engin explosif» dans le bâtiment du tribunal. «Il explosera dans l'après-midi», disait le message. Des spécialistes ont alors fouillé le bâtiment. Rien n'a été trouvé. Avant ça, le tribunal avait déjà fait l'objet d'un attentat à la peinture.
Mail écrit depuis l'Université de Constance
Malgré l'anonymat du mail, il n'a fallu qu'un jour aux enquêteurs pour retrouver la trace de l'auteur présumé. L'homme, originaire d'une commune de l'agglomération zurichoise, est «fortement soupçonné», écrit le parquet dans sa demande de mise en détention provisoire, dont Blick a eu connaissance. Le message de menace aurait été envoyé depuis la bibliothèque publique de l'Université de Constance (Allemagne), selon l'enquête. Des recherches supplémentaires ont montré «que le prévenu se trouvait effectivement à Constance au moment des faits».
En outre, il existe des enregistrements vidéo d'un «homme mince et grand avec un parapluie» qui se trouvait dans l'entrée du tribunal. Une analyse de l'enregistrement a permis de conclure qu'il s'agissait probablement de l'accusé. Le ministère public voulait que Peter S. soit placé en détention provisoire. Mais cette demande a été rejetée, car les preuves décisives avaient déjà été saisies, notamment lors d'une perquisition au domicile du prévenu.
Des centaines de courriels envoyés aux tribunaux, aux médias et aux politiciens
Le fait que les soupçons se portent sur l'informaticien Peter S. n'est pas surprenant. En effet, les tribunaux, les politiciens et les médias font régulièrement l'expérience des tirades par e-mail de cet homme de 44 ans. Dans des dizaines d'écrits, Peter S. s'en prend à la justice et aux juges, dépassant largement les limites du bon sens.
Le journal régional zurichois «Zürcher Unterländer» a récemment établi une véritable chronologie des actes du chercheur de problèmes. Il aurait notamment insulté un juge en chef («Vous m'avez l'air d'un idiot»), évoqué devant la police cantonale l'idée du meurtre d'une juge, annoncé à la ministre de la Justice Jacqueline Fehr qu'elle serait «retrouvée sans vie dans un fossé». L'homme tourmenté aurait déjà eu diverses condamnations et des «suivis psychiatriques».
Vendredi dernier, il a été remis en liberté. Victoire pour le Zurichois? «La justice zurichoise a pris une raclée», triomphe-t-il dans une lettre envoyée à Blick. Pas tout à fait. Blick a appris sur demande que le Ministère public poursuivait la procédure contre lui. La présomption d'innocence prévaut encore pour le moment.
*Nom modifié