Le décès de la reine Elizabeth II, survenu jeudi, plonge le Royaume-Uni et tout le Commonwealth dans une profonde tristesse. Mais sa disparition ébranle également la stabilité et l'économie britannique. Entre explosion des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, puis une inflation record qui aggrave drastiquement le taux de pauvreté, Londres va devoir faire face à des enjeux majeurs alors que la souveraine, socle de la nation, n'est plus. Selon le groupe de réflexion Resolution Foundation, une personne sur cinq pourrait même être confrontée à des difficultés de subsistance au Royaume-Uni.
La mort de la reine n'a donc pas seulement un impact sur la société, mais aussi sur l'économie. En guise de respect, de nombreux organisateurs de manifestations sportives ont interrompu ou annulé des compétitions prévues ce week-end, par exemple. Sont concernés notamment les matches de football et de rugby, un tournoi de golf ou encore des courses de chevaux. La chaîne de grands magasins britannique Selfridges tourne également au ralenti. Quant à la Bourse, elle reste ouverte, mais plus calme que d'habitude.
Deux jours fériés avec des milliards de pertes
Même s'il n'est pas possible de chiffrer exactement les coûts économiques de ces prochains jours de deuil - la dernière mort d'un monarque remontant à 1952 - l'économie va quasiment arrêter de tourner pendant deux jours fériés. Des milliards de livres sterling seront ainsi perdues.
Jour des funérailles nationales: probablement fixée au lundi 19 septembre, cette journée sera un jour férié légal. Les usines du pays seront à l'arrêt et toutes les entreprises seront fermées. Il n'y aura pas de transactions à la Bourse de Londres. Tous les établissements financiers britanniques resteront clos, grandes banques en tête.
Jour du couronnement officiel: cette journée n'aura probablement pas lieu avant plusieurs mois. Elizabeth II avait elle-même été couronnée seize mois après son accession au trône, effective le 6 février 1952. Ce qui est certain, c'est que la vie économique du pays sera une nouvelle fois paralysée à cette date.
Plus de 6 milliards de livres par jour férié?
Si les boutiques de souvenirs y trouveront sans doute leur compte, ces deux jours représentent à eux seuls des milliards de livres de pertes pour le Royaume-Uni.
Le magazine américain «Business Insider» chiffre le préjudice pour le PIB britannique entre 1,2 et 6 milliards de livres par jour férié. La situation pourrait encore s'aggraver. Le jour du mariage du prince William et de Kate Middleton, déclaré férié le 29 avril 2011, a entraîné à lui seul une perte économique de 6 milliards de livres, selon l'association économique britannique, la Confederation of British Industry (CBI).
Pièces et billets britanniques à redessiner
Avec le changement de souverain et le début du règne de Charles III, de nouveaux billets de banque et pièces de monnaie doivent être réalisés. Cela coûtera plusieurs millions au Royaume. Selon le «Guardian», 4,5 milliards de billets de banque à l'effigie de la reine sont actuellement en circulation, ce qui représente une valeur totale de 80 milliards de livres.
Le remplacement de ces billets devrait prendre au moins deux ans. L'échange de pièces et de billets ne sera en tout cas pas bon marché...
(Adaptation par Thibault Gilgen)