Bernd Bauer, CEO d'Edelweiss
«Nous visons de nouvelles destinations et le milliard de chiffre d'affaires»

Grâce au nouvel Airbus A350, Edelweiss est sur le point de franchir un nouveau cap. Le CEO Bernd Bauer explique comment ces avions plus respectueux de l'environnement ouvrent de nouvelles possibilités et comment la compagnie affiche une forme radieuse. Interview.
Publié: 09.09.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2024 à 06:45 heures
Le CEO d'Edelweiss, Bernd Bauer, avec une maquette de l'Airbus A350.
Photo: Philippe Rossier
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Jean-Claude Raemy et Philippe Rossier

Edelweiss ne cesse de prendre de l'altitude. La compagnie aérienne suisse est l'une des chouchous de la maison mère allemande Lufthansa. Les passagers pourront bientôt réserver l'Airbus A350, un avion ultramoderne qui desservira des destinations lointaines à partir de la mi-mai 2025. Bernd Bauer est à l'origine de ce succès. L'homme de 59 ans n'est que le troisième CEO en bientôt 30 ans d'histoire d'Edelweiss. Sa soif de succès n'est pas encore assouvie. Interview.

Monsieur Bauer, Edelweiss a enregistré un résultat record, le chiffre d'affaires a grimpé à 830 millions de francs en 2023. Que pouvez-vous encore améliorer?
Nous visons à moyen terme le milliard de francs de chiffre d'affaires. Avec notre compagnie sœur Swiss, nous proposons aujourd'hui environ 200 destinations au départ de la Suisse. C'est énorme. Mais nous voulons continuer à nous développer et à proposer d'autres destinations.

Avec la mise en service du nouvel Airbus A350, la prochaine étape de croissance est imminente. Vers quoi tendez-vous avec cet appareil?
Ces avions sont plus écologiques, ils sont deux fois moins bruyants que les A340. Ils émettent 25% de CO2 en moins et consomment 25% de carburant en moins. De plus, avec les A350, nous avons un rayon d'action nettement plus grand.

Qu'est-ce que cela signifie en termes de nouvelles destinations de vacances?
Dernièrement, nous nous sommes surtout développés en Amérique du Nord, parce que c'est relativement proche et que les partenariats avec Air Canada et United Airlines permettent des correspondances intéressantes. Avec l'A350, des destinations plus lointaines sont à nouveau envisageables.

Où y a-t-il encore des lacunes dans votre offre?
Par le passé, nous descendions vers Ho Chi Minh Ville, Rio de Janeiro, Buenos Aires ou San Diego, mais l'A340 ne permettait pas de desservir ces destinations de manière rentable. Elles sont désormais à nouveau dans le domaine du possible. De nombreux passagers souhaitent des destinations en Amérique du Sud et centrale, en Afrique australe ou en Asie du Sud-Est, par exemple. Nous évaluerons soigneusement ce qui est le plus judicieux.

Mais les conflits géopolitiques vous obligent-ils à faire des détours?
Les espaces aériens sont en effet de plus en plus étroits. Au Proche-Orient ou en Afrique centrale, il y a des conflits qui ont des répercussions sur l'utilisation de l'espace aérien. Nous devons pouvoir voler efficacement vers nos destinations. Car chaque détour coûte de l'argent. Les frais de carburant supplémentaires nécessaires renchérissent les prix.

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«Cette année, nous avons un taux de départ de 99,4%. Seuls 0,6% de tous les vols ont donc été annulés»
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Il y a aussi des problèmes internes. Les passagers d'Edelweiss qui se plaignent d'un manque de communication en cas de retards ou d'annulations. Comment gérez-vous cela?
Chacun a le droit d'être informé en temps voulu. Pourquoi n'y parvenons-nous pas toujours? Parce que nous ne disposons pas forcément des coordonnées des passagers. Celles-ci sont souvent détenues par les voyagistes et les agences de voyage. La communication prend donc parfois un peu plus de temps.

Que pensez-vous de la ponctualité et de la fiabilité de votre compagnie aérienne?
Cette année, nous avons un taux de départ de 99,4%. Seuls 0,6% de tous les vols ont donc été annulés. Nous avons amélioré la ponctualité des départs à 65%. Il y a une marge de progression. En règle générale, les retards sont dus à l'ensemble du système de l'aviation. J'entends par là également les goulots d'étranglement dans les aéroports, chez les contrôleurs aériens ou les prestataires de services au sol.

La pénurie mondiale de pilotes ne vous préoccupe pas?
Non. Nous sommes un employeur attractif. Nous sommes l'une des rares compagnies aériennes à proposer le modèle MFF. Ce terme signifie «Mixed Fleet Flying» et signifie que les pilotes et le personnel de cabine sont affectés en alternance sur les courts et les longs courriers. Cela offre de la variété et de la prévisibilité. Nos emplois de pilote sont très demandés par la jeune génération.

En parlant d'employeur, vous aussi semblez vous plaire chez Edelweiss. La retraite n'est pas pour tout de suite?
L'environnement touristique et mon rôle actuel me plaisent. Je veux continuer à apporter mon savoir-faire dans le domaine des voyages de vacances chez Edelweiss et au sein du groupe Lufthansa.

Vous n'aviez pas du tout l'ambition d'occuper le fauteuil de directeur de Swiss?
Le rôle que j'occupe chez Edelweiss me plaît. L'environnement touristique me convient.

Vous dirigez aussi Discover Airlines, la copie allemande d'Edelweiss. Cela ne vous pèse pas trop?
Je varie beaucoup les plaisirs. En principe, je répartis mon temps de travail entre les deux compagnies aériennes. Entre Zurich et Francfort, c'est du 50/50. Parfois un peu plus ici ou un peu plus là.

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«Cette année, nous avons un taux de départ de 99,4%. Seuls 0,6% de tous les vols ont donc été annulés»
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Des conflits de travail ont récemment éclaté chez Discover Airlines. Depuis le 1er juillet, les équipages de cockpit d'Edelweiss volent sans CCT. Vous attendez-vous à des grèves pour les vacances d'automne ou au-delà s'il n'y a pas d'accord?
Au contraire. Nous avons trouvé un terrain d'entente avec l'association sur les grands thèmes. Nous sommes maintenant en train d'élaborer les conventions. L'objectif est de mettre des signatures sur les documents – avec effet rétroactif au 1er juillet 2024 – cette année encore.

Entre augmentation des salaires et meilleure conciliation de la vie familiale et professionnelle, les revendications étaient-elles vraiment si excessives que ça pour Edelweiss, comme cela a pu être dit ici ou là?
Le syndicat des pilotes et la compagnie aérienne poursuivent les mêmes intérêts: la satisfaction des équipages. Elle contribue à ce que nos clients soient également satisfaits. Mais cela doit être compatible avec les intérêts économiques de l'entreprise. Nous sommes en train de régler les derniers détails.

Quelles seront les destinations les plus demandées par les Suisses cet automne?
Sur le court-courrier, dans l'ordre: Héraklion, Hurghada, Larnaca, Ibiza, Ténériffe, Las Palmas, Kos et Rhodes. Des destinations classiques. Sur le long-courrier, les Maldives sont indétrônables, suivi de la République dominicaine, de l'île Maurice, de Cancun, de Tampa et de Las Vegas.

Las Vegas sera la première destination desservie par l'A350 au printemps 2025. Est-il déjà possible de réserver?
Oui, il y a déjà de la demande pour cela. D'ici à fin 2025, quatre A350 devraient être en service. À partir de 2026, nous proposerons notre nouveau produit de cabine avec la toute nouvelle Premium Economy. Nous aurions aimé la proposer plus tôt, mais il y a des problèmes de livraison pour le matériel de cabine. Dès que la nouvelle Premium Economy sera disponible, nous offrirons plus d'espace grâce à des sièges 2-3-2 ainsi qu'un nouveau concept de service. Les sièges seront comparables à ceux de la Premium Economy de Swiss.

À ce sujet, la demande de premium augmente. Cela se fera-t-il sentir sur les prix?
Nous n'avons pas beaucoup modifié nos structures de prix ces derniers temps. Nos coûts augmentent, mais nous ne les répercutons pas sur nos clients. Nous remarquons toutefois que de nombreux clients seraient prêts à payer un peu plus pour le confort de la Premium Economy. C'est pourquoi nous proposerons, nous aussi, cette classe dans les nouveaux A350 à partir de 2026.

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