Kim Jong Un ouvre un méga complexe touristique
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Il a coûté des milliards:Kim Jong Un ouvre un méga complexe touristique

Voué à l'échec?
Kim Jong Un ouvre un méga complexe touristique… interdit aux étrangers

La Corée du Nord a inauguré avec faste sa nouvelle station balnéaire de Wonsan-Kalma. Ce projet ambitieux, lancé par Kim Jong-Un, vise à attirer les touristes étrangers… malgré des frontières quasi hermétiques et un régime toujours aussi fermé.
Publié: 15:55 heures
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Dernière mise à jour: 15:59 heures
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Solène MonneyJournaliste Blick

Une cérémonie d’ouverture jugée «somptueuse» par les médias d’Etat, un Kim Jong-Un tout sourire exprimant sa «grande satisfaction», et des infrastructures prêtes à accueillir jusqu’à 20'000 visiteurs: l’inauguration de la station balnéaire de Wonsan-Kalma, sur la côte est de la Corée du Nord, a été célébrée, mardi 24 juin, comme un symbole de fierté nationale, ou du moins, de propagande du régime.

Ce complexe touristique flambant neuf s’inscrit dans la stratégie du dirigeant nord-coréen, qui rêve de faire entrer son pays, l’un des plus fermés au monde, dans une nouvelle ère. Objectif: attirer les devises étrangères dans un contexte de sanctions internationales étouffantes, souligne le «Washington Post». Le tourisme reste, en effet, l’un des rares secteurs légaux susceptibles d’alimenter les caisses de l’Etat.

Seule ombre au tableau et pas des moindres: les frontières du pays restent quasiment hermétiques. Mais au vu des investissements colossaux, les analystes estiment que Pyongyang devra tôt ou tard s’ouvrir aux touristes étrangers, faute de quoi le projet risque de tourner à vide. En attendant, seuls les Nord-Coréens pourront profiter du site à partir de mardi prochain.

Des activités améliorées

Wonsan-Kalma ne se limite pas à des logements: bains de mer, parc aquatique, centres commerciaux, installations sportives, restaurants et cafétérias sont également au menu. Une offre bien plus attrayante que celle proposée lors de la dernière visite touristique autorisée, en février dernier: un passage par une ferme d’élevage de concombres de mer...

Annoncé pour la première fois en 2014, le vaste complexe voit ses travaux démarrer quatre ans plus tard, avec une inauguration initialement prévue pour 2019. Mais la pandémie de Covid vient bouleverser le calendrier, retardant le chantier et aggravant les difficultés d’approvisionnement en matériaux.

La Corée du Nord, un paradis touristique?

Kim Jong-Un veut faire de la Corée du Nord un pôle touristique. Un paradoxe pour un pays aussi répressif et isolé. Mais derrière cette vitrine, se cache un objectif économique évident: relancer une économie à bout de souffle. Selon l’Agence centrale de presse nord-coréenne, d’autres complexes similaires devraient voir le jour à travers le pays.

Mais encore faut-il lever les restrictions frontalières. Fermées depuis début 2020 en raison de la pandémie, les frontières du pays ne se sont rouvertes que par intermittence, la crainte d’une critique occidentale du régime freinant toute ouverture durable. La Corée du Nord a, en plus, fait face à des tensions croissantes avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. 

Les touristes chinois désertent

Depuis février 2024, seuls quelques groupes de touristes russes sont autorisés à entrer dans le pays, dans le cadre de nouveaux accords, notamment militaires. Les touristes chinois, qui représentaient jusqu’à 90% des arrivées avant la pandémie et rapportaient quelque 175 millions de dollars par an, ne sont toujours pas de retour.

Une tentative de réouverture partielle aux touristes internationaux a bien eu lieu en février dernier, à Rason, la seule ville capitaliste du pays. Mais l’expérience a tourné court: moins d’un mois plus tard, la ville refermait ses portes.

La priorité diplomatique de Pyongyang est désormais claire: renforcer ses liens avec la Russie, en lui fournissant des armes et des troupes pour la guerre en Ukraine en échange d’un soutien économique. En parallèle, les relations avec Pékin semblent s’être refroidies. La Chine, longtemps partenaire privilégié, reste prudente, refusant de s’aligner pleinement sur une alliance anti-occidentale avec la Corée du Nord et la Russie.

Les Russes en pôle position

Dans ce contexte, le développement touristique de Wonsan-Kalma devrait d’abord profiter aux visiteurs russes. Mais pour remplir les hôtels et espérer rentabiliser ses investissements, le régime de Kim Jong-Un aura tôt ou tard besoin de réactiver le flux de touristes chinois. Des signes de reprise des échanges entre Pékin et Pyongyang laissent penser que cette option est déjà en préparation.

L'ouverture internationale au site de Wonsan-Kalma devrait donc débuter par les touristes russes. Il semble également inévitable pour le régime de Kim Jong Un de devoir également compter sur la Chine pour remplir la station balnéaire et des futures autres lieux. Les échanges bilatéraux entre la Chine et la Corée du Nord ont d'ailleurs repris.

Reste à voir si les plages de Wonsan-Kalma parviendront à faire oublier le caractère répressif et opaque du régime nord-coréen. Car malgré ses efforts de séduction, le pays demeure l’un des plus fermés au monde.

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