L'attentat a eu lieu mercredi peu avant minuit, dans la petite ville de Saravena, devant des bâtiments publics et le siège d'associations locales, dans une région très troublée où l'armée a déployé récemment des renforts, a indiqué dans un communiqué le commandement militaire régional.
L'explosion a tué un garde et en a blessé une vingtaine d'autres, a précisé plus tard dans la journée le ministre de la Défense Diego Molano. L'attaque a été attribuée par l'armée et M. Molano à des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste.
À la suite de l'attentat, les autorités ont imposé un couvre-feu nocturne dans la ville ainsi que la majeure partie du département d'Arauca, notamment dans la capitale éponyme et les municipalités de Fortul et Arauquita. Cet «acte terroriste a été planifié et financé depuis le Venezuela» par des dissidents des FARC, a accusé M. Molano dans une déclaration aux médias.
L'attaque a également causé des dommages à une centaine de locaux commerciaux, d'habitations et de bâtiments publics. «Les explosifs utilisés pour cette action terroriste ont été transportés en Colombie depuis le Venezuela», a insisté le ministre.
Le président Ivan Duque a rejeté sur Twitter cette «attaque misérable», assurant que les forces de sécurité «continueront à renforcer le contrôle territorial dans la zone pour neutraliser ces groupes armés».
Épicentre des violences
Parmi les installations endommagées figurent celles de deux médias locaux, Trochando sin Fronteras et Sarare Estéreo. Le jour-même de l'explosion, une réunion de leaders sociaux avait eu lieu au siège d'une organisation de défense des droits humains, près des bâtiments visés, siège qui a été endommagé dans l'explosion.
Un responsable régional, en charge des droits humains, José Luis Lazo, a accusé un chef rebelle de la dissidence, Antonio Medina, d'avoir ordonné l'attaque. Ce commandant du 28e front de la dissidence des FARC a ordonné «l'assassinat de dirigeants communautaires, de défenseurs des droits de l'homme et de personnes appartenant à des entreprises de transport communautaire et de services publics», a accusé José Luis Lazo dans une interview à une radio.
La zone frontalière avec le Venezuela est l'un des principaux épicentres de la violence en Colombie, depuis la signature de l'accord de 2016. Les dissidents des FARC, sans commandement unifié, y sont très actifs et s'y disputent le contrôle de la zone avec divers groupes armés, en particulier l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie.
Les deux groupes s'affrontent pour le contrôle des routes du narcotrafic, selon le gouvernement. Au début de l'année, ils se sont affrontés dans plusieurs municipalités de ce département de l'Arauca, faisant une trentaine de morts.
Des centaines de personnes ont été déplacées par ces affrontements. Le gouvernement a déployé depuis lors 1300 soldats pour y renforcer les quelque 5600 déjà présents sur place. Le ministre Molano a promis jeudi d'importantes récompenses pour toute information qui permettrait la neutralisation des chefs locaux de l'ELN et des dissidents des FARC.
(ATS)