Injustement surnommée «la maison des pêcheurs», l'immense villa alpine de plus de 6000 mètres carrés se trouve directement sur les rives du lac de Fuschl, dans le Land de Salzbourg, en Autriche.
Sur le papier, elle appartient aujourd'hui à Anna Abramovitch. Contrairement à son père Roman Abramovitch, oligarque russe et ami de Vladimir Poutine, elle ne figure pas sur la liste des sanctions. En principe, la maison serait donc intouchable. Mais la situation pourrait tout de même devenir inconfortable pour la riche famille russe.
Des activistes écologistes et des membres du parti vert autrichien revendiquent la villa alpine, comme le rapporte le «Financial Times». Ils doutent fortement que tout se soit déroulé dans les règles lors de l'achat du bâtiment. Les Abramovitch auraient contourné la loi sur l'acquisition de biens immobiliers par des ressortissants de pays non membres de l'UE. Une manigance toutefois difficile à prouver. Rédigés en 2007, les documents officiels encadrant l'achat de maison ont peut-être été détruits. Il n'existe pas non plus de copie numérique.
Une montage complexe de sociétés-écrans
Officiellement, la «maison de pêcheurs» a été achetée par la Britannique Gabrielle Tenenbaum, épouse d'Eugene Tenenbaum, lui-même proche de Roman Abramovitch. Selon les experts, le prix d'achat s'élève à 11,3 millions d'euros. Depuis, des millions ont été investis dans une rénovation complète. En 2017, la Britannique a fait don de la propriété à Anna Abramovitch. Mais comme l'a montré une importante fuite de données fin 2023, la villa avait en fait un autre propriétaire: Roman Abramovitch. Un fait rendu possible par un montage particulièrement complexe de sociétés-écrans.
Une société de l'oligarque avait en fait conclu un contrat de crédit avec l'épouse Gabrielle Tenenbaum. Après plusieurs prolongations, le contrat a finalement été résilié en 2017. Un acte fiduciaire démontre d'ailleurs que la Britannique n'a jamais vraiment été propriétaire de la villa alpine.
Pour une expropriation, les politiciens devraient toutefois pouvoir prouver que des informations erronées ont été fournies dans les documents officiels. Mais les dossiers n'ont peut-être pas complètement disparu, comme l'a déclaré le gouverneur du Land de Salzbourg Wilfried Haslauer, mercredi dernier devant le Landtag. Lors d'une recherche approfondie, ses fonctionnaires auraient retrouvé une copie-papier qui pourrait bien changer la donne pour l'oligarque russe.