Dans les tranchées ukrainiennes, une image bouleversante se dessine: le journal britannique «Telegraph» fait état d'une campagne systématique d'attaques chimiques interdites, menée par les troupes russes contre les soldats ukrainiens.
Des témoignages choquants du front révèlent que des gaz lacrymogènes et d'autres substances chimiques sont largués presque quotidiennement par des drones – une violation de la Convention sur les armes chimiques au regard du droit de la guerre. Ihor, le commandant d'une équipe de reconnaissance ukrainienne, décrit au «Telegraph» comment sa position près de la ville de Tchassiv Iar dans l'oblast de Donetsk est régulièrement bombardée par des grenades à gaz. «Chaque position dans notre zone de front est bombardée par une ou deux grenades à gaz par jour», raconte-t-il.
Une arme redoutable
Pour les Russes, le gaz constitue l'option d'attaque la plus efficace pour combattre les troupes ukrainiennes dans les tranchées. Ces attaques chimiques provoquent souvent la panique. Les soldats concernés s'enfuient instinctivement et sont ensuite la cible d'attaques plus conventionnelles.
L'utilisation fréquente d'armes chimiques par la Russie a conduit à ce que les soldats ukrainiens soient spécialement formés pour faire face à de telles attaques. Un document de formation obtenu par le «Telegraph» recommande aux soldats de tenir bon malgré les premières minutes d'exposition au gaz lacrymogène, plutôt que de quitter leurs positions.
De l'acide cyanhydrique utilisé en Ukraine?
Mikhaïl, un commandant d'infanterie dans l'oblast de Zaporijia, souligne la nécessité des masques à gaz que ses soldats doivent désormais porter en permanence sur eux. Seulement voilà: souvent, les soldats ukrainiens ne reçoivent pas d'équipement de protection, ou alors de mauvaise qualité. Comme l'indique le commandant Ihor, de nombreux masques à gaz mis à leur disposition sont obsolètes et inefficaces.
La médecin de guerre américaine Rebekah Maciorowski, qui sert comme volontaire dans l'armée ukrainienne, décrit les attaques comme «systématiques». Outre les gaz lacrymogènes, d'autres substances chimiques sont utilisées, comme le rapporte Rebekah Maciorowski. Elle se souvient d'un incident avec un gaz qu'elle soupçonne être de l'acide cyanhydrique, un gaz mortel de la Première Guerre mondiale.
Un drone russe a libéré deux projectiles contenant un gaz inconnu qui sentait «l'amande écrasée» et qui a tué deux personnes et en a blessé douze autres. L'utilisation de chlore et de chloropicrine – qui est en fait un pesticide, mais utilisé comme arme chimique pendant la Première Guerre mondiale – a également été signalée.
Les soldats russes s'en vantent
Officiellement, l'armée ukrainienne a enregistré 626 attaques au gaz depuis le début de la grande offensive russe, mais Rebekah Maciorowski met en doute ces chiffres. Ils semblent trop faibles.
Les forces armées russes ne cachent pas l'utilisation d'armes chimiques. La 810e brigade d'infanterie de marine de la flotte de la mer Noire s'est vantée sur Telegram de l'utilisation d'armes chimiques et a publié une vidéo dans laquelle des grenades à gaz K-51 étaient larguées sur des positions ukrainiennes.