Une réponse en plusieurs étapes
Voici comment l'OTAN compte réagir aux incursions de drones russes

La Russie provoque l'OTAN partout où elle le peut. Après les récentes incursions de drones en Pologne et en Roumanie, l'Alliance transatlantique a décidé de passer à la vitesse supérieure. Mais comment compte-t-elle répondre concrètement? Blick fait le point.
Publié: 14:41 heures
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L'OTAN a renforcé sa présence sur son flanc ouest. Ici, un Rafale français survole la Pologne ce week-end.
Photo: AFP
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Guido Felder

Des drones russes en Pologne, et désormais en Roumanie: l’OTAN est en état d’alerte maximale. L’Alliance a immédiatement renforcé la défense à ses frontières orientales en lançant l’opération «Eastern Sentry», qui signifie «Sentinelle de l’Est». Le bloc occidental tient toutefois à éviter à tout prix une confrontation militaire directe avec Moscou, laquelle risquerait de déclencher un conflit majeur entre deux puissances nucléaires.

Pour autant, l'OTAN se doit de réagir. Mais comment va-t-elle s'y prendre? Blick fait le point.

Deux dangereux précédents

Depuis le début du conflit, le 24 février 2022, des drones russes ont provoqué des dizaines d’incidents avec des pays membres de l’OTAN. Il s’agissait le plus souvent de violations de l’espace aérien, volontaires ou accidentelles, c'est selon.

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La semaine dernière, 19 drones russes ont violé l'espace aérien polonais.
Photo: imago/Eastnews

Le dernier épisode s’est produit samedi 13 septembre à Tulcea, dans l’est de la Roumanie, non loin de la frontière ukrainienne. L’armée roumaine a repéré un drone inconnu et envoyé deux F-16 en mission d’observation. Après avoir été aperçu en train de voler sur une vingtaine de kilomètres, l’appareil a disparu des radars. Aucun autre incident n’a été signalé.

L’incursion la plus massive est survenue dans la nuit de mercredi dernier, lorsque 19 drones russes ont pénétré l’espace aérien polonais. Pour de nombreux experts, il ne pouvait s’agir que d’un geste intentionnel. La défense antiaérienne a réussi à les abattre, mais la chute de débris a endommagé un bâtiment.

Varsovie a dénoncé un «acte d'agression» et assuré que cet épisode constituait un «test militaire et politique» non seulement pour la Pologne, mais pour l’ensemble de l’OTAN. Le Kremlin chercherait ainsi à jauger la capacité de réaction et la cohésion de l’Alliance, tout en misant sur l’intimidation.

De tels incidents relèvent de ce que l’on appelle communément la «zone grise»: ils ne peuvent pas être considérés comme de véritables attaques, mais ils n'en restent pas moins des provocations à prendre très au sérieux. En réaction, les Occidentaux peuvent décider d'adresser des protestations diplomatiques, de renforcer leur dissuasion ou d'imposer des sanctions, sans toutefois aller jusqu’à une riposte militaire.

Montrer ses muscles

Mais que se passerait-il si les attaques de drones se multipliaient, et si la Russie visait sciemment des installations de l’OTAN ou des infrastructures sensibles? Difficile de le savoir exactement. Une chose est sûre: une véritable contre-attaque militaire serait le dernier recours. D’autres réponses peuvent être données avant d’en arriver là.

Après des négociations infructueuses avec le Kremlin, l’OTAN a procédé à un renforcement défensif, qu’elle intensifie aujourd’hui à travers l’opération «Sentinelle Est». Celle-ci se caractérise par une présence accrue de troupes et de systèmes de défense aériens à aux frontières orientales des pays de l'alliance.

Afin de montrer sa puissance à l’adversaire, l'Alliance peut également multiplier les exercices militaires non loin de la frontière russe, une stratégie que Moscou applique déjà à proximité de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. Le déploiement de la Force de Réaction Alliée (ARF) de l'OTAN – une force d'intervention de l'Alliance à déploiement rapide – s’inscrit également dans cette logique.

Toujours garder les portes ouvertes

A ces mesures défensives peut succéder une phase d’«interception active», durant laquelle l’OTAN tente de neutraliser les projectiles ennemis grâce à des brouilleurs ou à des cyberattaques. Le message est clair: l’Alliance défend activement son territoire. Si l’adversaire persiste, l’étape suivante consisterait en des frappes de précision ciblant des postes de commandement, des rampes de lancement ou des dépôts d’armes situés en territoire ennemi.

Attention toutefois, de telles actions auraient pour seul objectif de contenir l’escalade. Elles impliqueraient donc d’éviter toute perte humaine, de maintenir les canaux de communication ouverts avec l’adversaire et de lui laisser la possibilité de mettre fin à ses attaques.

La dernière étape signifierait la guerre

La dernière étape serait celle qui mènerait presque inévitablement à une guerre de grande ampleur. Si des attaques russes venaient à causer de lourds dégâts ou à faire des victimes sur le territoire de l’OTAN, l’Alliance pourrait invoquer sa fameuse clause de défense collective. Cela se traduirait par des frappes aériennes massives contre des positions russes, des blocus maritimes et, peut-être, par le déploiement de nouvelles armes nucléaires en Europe de l’Est.

Pour l’heure, l’OTAN en reste à la phase défensive – une posture jugée insuffisante par certains responsables politiques, le président ukrainien Volodymyr Zelensky en première ligne. Ce dernier a qualifié les récentes attaques de drones d’«extension manifeste de la guerre» et a appelé l'Occident à montrer une réaction ferme: «N’attendez pas des dizaines de drones et de missiles balistiques pour enfin prendre des décisions», a-t-il lancé à l'adresse des Etats européens.

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