«Un grand désir de paix»
Le Venezuela et le Guyana tentent d'apaiser les tensions concernant l'Essequibo

Les présidents du Venezuela et du Guyana se rencontrent jeudi pour tenter d'apaiser les tensions à propos du différend territorial autour de l'Essequibo qui oppose de longue date leurs deux pays.
Publié: 14.12.2023 à 17:25 heures
La tension grimpe entre le Venezuela et le Guyana, depuis le référendum organisé le 3 décembre par Caracas sur un rattachement de l'Essequibo (Guyana), approuvé à 95% selon des chiffres officiels contestés.
Photo: AFP

Administré par Georgetown (Caracas) et revendiqué par Caracas (Venezuela), l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2 riche en pétrole et en ressources naturelles, sera au cœur de la rencontre du président vénézuélien Nicolas Maduro et son homologue guyanais Irfaan Ali, sur l'archipel caribéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

La réunion prévue à 14H00 (GMT) est organisée sous l'égide de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) dont la présidence tournante est assurée par Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Un proche conseiller du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, Celso Amorim, y participera. Le Brésil a renforcé sa présence militaire à ses frontières avec les deux pays et exhorté samedi Nicolas Maduro à s'abstenir de «mesures unilatérales».

Sadio Garavini di Turno, ancien ambassadeur vénézuélien au Guyana, a dit à l'AFP s'attendre, au mieux, à un communiqué commun dans lequel les deux parties s'engageraient à «apaiser l'escalade» et à «poursuivre les discussions pour désamorcer les tensions».

Les Vénézuéliens approuvent à 95% un rattachement de l'Essequibo

La tension grimpe depuis le référendum organisé le 3 décembre par Caracas sur un rattachement de l'Essequibo, approuvé à 95% selon des chiffres officiels contestés.

Le Venezuela soutient que le territoire lui appartient et que la véritable frontière date de l'empire espagnol en 1777. Le Guyana, indépendant depuis 1966, estime que les frontières ont été actées en 1899 lorsque le Royaume-Uni était la puissance coloniale.

Quelque 125'000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans ce territoire couvrant les deux tiers de sa superficie. Le différend est devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, non reconnue par le Venezuela. Le Guyana a également saisi le Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est réuni vendredi à huis clos.

«Un grand désir de paix, de conciliation et (d'esprit) de travail»

«Nous allons à Saint-Vincent avec de grandes attentes et un grand désir de paix, de conciliation et (d'esprit) de travail», a déclaré lundi aux journalistes le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Yvan Gil, évoquant d'éventuelles «formules» de «coopération en matière de pétrole et de gaz». Il a souligné que le Venezuela a travaillé «avec tous les gouvernements du Guyana jusqu'en 2015», année de la découverte par le géant américain ExxonMobil de vastes gisements de pétrole dans le territoire contesté.

Les récents appels d'offres du Guyana pour l'exploitation pétrolière dans la zone ont ravivé ce vieux conflit territorial qui suscite l'inquiétude parmi les autres pays d'Amérique du Sud. Les Etats-Unis ont affirmé leur «soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana» et des exercices aériens ont été menés la semaine dernière.

M. Maduro a espéré débattre jeudi des «menaces» liées à «l'implication du Commandement Sud des Etats-Unis, qui a commencé ses opérations dans le territoire». «Nous allons continuer à travailler avec nos partenaires» a rétorqué M. Ali auprès de l'AFP. «Le différend (territorial) est devant la CIJ, il ne fait pas l'objet de négociations et cela ne changera pas».

(AFP)

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