Après les coups de feu, les civils courent se mettre à l'abri
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Le conflit s'envenime:Après les coups de feu, les civils courent se mettre à l'abri

Thaïlandais appelés à quitter le Cambodge
Des échanges de tirs éclatent à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande

Un incident frontalier ravive les tensions entre le Cambodge et la Thaïlande. Les deux pays s'accusent mutuellement, entraînant une dégradation des relations diplomatiques et économiques. Au moins 12 morts sont à déplorer.
Publié: 24.07.2025 à 06:26 heures
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Dernière mise à jour: 24.07.2025 à 13:37 heures
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Des échanges de tirs ont éclaté jeudi matin à la frontière qui sépare le Cambodge de la Thaïlande, ravivant les tensions entre les deux pays asiatiques.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

De nouveaux échanges de tirs ont éclaté jeudi matin à la frontière entre les armées du Cambodge et de la Thaïlande, ont indiqué le ministère cambodgien de la Défense et l'armée thaïlandaise. Les deux pays se sont mutuellement accusés d'avoir ouvert le feu en premier. L'incident a eu lieu près de vieux temples, au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d'Oddar Meanchey (nord-ouest).

«Vers 8h20 (1h20 GMT), les forces cambodgiennes ont ouvert vers le feu en direction du flanc est du temple Prasat Ta Muen Thom, à environ 200 mètres de la base thaïlandaise», a annoncé l'armée thaïlandaise dans un communiqué. La Thaïlande a aussi accusé le Cambodge d'avoir utilisé un drone sur le site contesté, vers 7h35 (00h00 GMT).

Repousser «l'incursion thaïlandaise»

«L'armée thaïlandaise a violé l'intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes stationnées», a indiqué de son côté Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. «En guise de réponse, les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit légitime à l'autodéfense, en pleine conformité avec le droit international, pour repousser l'incursion thaïlandaise», a-t-elle poursuivi.

Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est s'opposent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie du temps de l'Indochine française, mais la crise en cours est la plus grave depuis près de quinze ans. La mort d'un soldat khmer à la suite d'échanges de tirs en pleine nuit, fin mai, dans une autre zone disputée de la frontière, a mis le feu aux poudres entre Bangkok et Phnom Penh, qui ont drastiquement réduit leurs échanges économiques et diplomatiques.

Relations diplomatiques compliquées

Le Cambodge a rétrogradé au «plus bas niveau» les relations diplomatiques avec son voisin, a rapporté jeudi l'agence cambodgienne d'informations AKP. La veille, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé celui cambodgien de son territoire, après qu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.

L'épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements qui ont éclaté autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui ont fait au moins 28 morts, et provoqué l'évacuation de dizaines de milliers de riverains.

Au moins 12 morts et des blessés

Le ministère thaïlandais de la Santé a fait état d'un bilan de 12 morts, dont 8 lors d'une attaque à la roquette près d'une station-service de la province de Sisaket (nord-est). Des images relayées sur les réseaux sociaux ont montré une supérette thaïlandaise en proie aux flammes. La plupart des victimes sont des étudiants, selon des responsables provinciaux.

Un enfant de huit ans a aussi perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), selon les autorités. L'armée thaïlandaise a dénoncé une «attaque ciblée contre des civils» par les forces cambodgiennes, affirmant que deux roquettes BM-21 avaient touché une communauté dans le district de Kap Choeng de la province de Surin (sud-est), blessant trois personnes.

L'ambassade de Thaïlande à Phnom Penh a demandé jeudi à tous ses ressortissants au Cambodge de quitter le pays, après des échanges de tirs à la frontière. Tous les Thaïlandais doivent partir «le plus tôt possible» du Cambodge, sauf raison impérieuse de rester, a écrit l'ambassade sur Facebook.

Le Cambodge dénonce «l'agression militaire» thaïlandaise

Le Cambodge a accusé jeudi la Thaïlande d'avoir lancé «une agression militaire non-provoquée», alors que les deux voisins sont engagés dans une escalade militaire d'une violence jamais vue en près de quinze ans. Le ministère khmer des Affaires étrangères a condamné dans «les termes les plus forts» l'action «inconsciente et hostile» de la Thaïlande, dans un communiqué.

Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a réclamé jeudi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après des affrontements d'une intensité rare avec la Thaïlande voisine. «Considérant les récentes agressions extrêmement graves de la Thaïlande, qui ont gravement menacé la paix et la stabilité dans la région, je vous demande sincèrement de convoquer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour mettre fin à l'agression de la Thaïlande», a écrit Hun Manet dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Asim Iftikhar Ahmad.

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