Avec 97,66% des voix
La présidente de la Tanzanie proclamée gagnante des élections

La présidente sortante de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a été réélue avec 97,66% des voix après des élections marquées par la violence. L'opposition dénonce une «parodie de démocratie» et affirme que des centaines de personnes ont été tuées lors des manifestations.
Publié: 13:53 heures
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La présidente sortante de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a été réélue avec 97,66% des voix.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

En Tanzanie, la cheffe de l'Etat sortante Samia Suluhu Hassan a été proclamée samedi vainqueur de la présidentielle avec près de 98% des voix, après trois jours de violences électorales dans lesquelles des centaines de personnes ont été tuées selon l'opposition. Le pays d'Afrique de l'Est a sombré dans la violence mercredi, jour d'élections présidentielle et législatives qui se sont déroulées sans opposition, les deux principaux adversaires de la cheffe de l'Etat ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

Samia Suluhu Hassan a remporté plus de 97,66% des voix, soit 31,9 millions de voix sur 32,7 millions recensées, selon la commission électorale, avec un taux de participation estimé à près de 87%, contrastant avec la faible affluence aux bureaux de vote constatée par l'AFP et d'autres observateurs. «C'est impossible», a estimé auprès de l'AFP un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, John Kitoka. «Personne ne s'est rendu aux urnes pour voter, c'est tout simplement ridicule.»

Chadema a été exclu des élections et avait appelé au boycott du scrutin. Son chef Tundu Lissu, arrêté en avril, est jugé pour trahison, une accusation passible de la peine capitale. Qualifiant la victoire écrasante de Mme Hassan de «parodie de démocratie», John Kitoka a indiqué que les observateurs du parti ont signalé qu'«au moins 800 personnes» avaient été tuées par les forces de l'ordre lors des manifestations contre le pouvoir cette semaine.

Le jour du scrutin, l'AFP a entendu des tirs nourris alors que des centaines de personnes protestaient, incendiant notamment un commissariat. La contestation s'est étendue dans le pays et s'est poursuivie jusqu'à vendredi. Une cérémonie d'investiture va suivre dès samedi, a précisé la télévision d'Etat, selon des informations transmises par un journaliste de l'AFP par téléphone en raison de la coupure d'internet en vigueur dans le pays de 68 millions d'habitants.

«Ces actes n'ont rien de patriotique»

Samia Suluhu Hassan a été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de son prédécesseur John Magufuli en 2021. Saluée dans un premier temps pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de mener une répression sévère contre ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

Alors qu'elle ne s'était jusqu'ici pas encore exprimée sur les violences, la présidente sortante a déclaré samedi que son gouvernement «condamne fermement» les manifestations. «Nous remercions les forces de sécurité d'avoir veillé à ce que les violences n'empêchent pas le vote (...) Ces actes n'ont rien de patriotique», a-t-elle ajouté lors d'une cérémonie retransmise à la télévision d'Etat.

«Des centaines de morts»

Vendredi John Kitoka avait estimé auprès de l'AFP que les violences électorales ont fait «environ 700 morts», à partir d'informations récoltées par des membres qui font le tour des hôpitaux du pays. Un bilan qualifié de «plutôt crédible» par une source diplomatique, qui a fait état de «centaines de morts». Une source sécuritaire interrogée par l'AFP a reçu des informations similaires.

Mais ces bilans ont été démentis par les autorités. «Il n'y a eu aucun usage excessif de la force», a réagi vendredi le ministre tanzanien des Affaires étrangères Mahmoud Thabit Kombo sur la chaîne Al-Jazeera, faisant état de «poches de violence» dans le pays. «Je n'ai pas vu ces 700 morts».

Plusieurs hôpitaux et centres de santé ont refusé de répondre aux questions de l'AFP. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi dans un communiqué une «enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force». Les violences suscitent d'importantes perturbations. Le port de Dar es Salaam, l'un des plus importants du continent, était fermé vendredi, selon des informations du site de suivi Vessel Finder et de la société néerlandaise de transport maritime Steinweg.

Des magasins manquent de nourriture, les stations-service ont cessé de fonctionner. Un résident a indiqué que les prix de la viande et du poisson ont doublé, voire triplé, et les transports publics sont à l'arrêt. «Je dors à la mosquée depuis mercredi, quand les violences ont éclaté», raconte à l'AFP Mohamed Rajab, 52 ans, habitant de Dar es Salaam. «Il n'y a pas de transports. Je ne sais pas quand je rentrerai chez moi.»

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