Symbole de résistance
Nommé par erreur à la tête du FBI, Brian Driscoll contre-carre les plans de Trump

Une erreur a propulsé Brian Driscoll à la tête du FBI. Cet opposant à Donald Trump utilise sa position inattendue pour protéger les agents fédéraux, devenant un héros au sein de l'agence.
Publié: 10.02.2025 à 09:34 heures
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Dernière mise à jour: 10.02.2025 à 11:18 heures
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Brian Driscoll, opposant à Donald Trump est tout de même devenu le numéro 1 du FBI, depuis l'investiture du président républicain.
Photo: FBI
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Solène MonneyJournaliste Blick

Comment Brian Driscoll, fervent opposant à Donald Trump, est devenu depuis le 20 janvier dernier le directeur par intérim du FBI? Eh bien aussi fou que cela puisse paraitre, par un pur et simple accident. Mais aujourd’hui, l’administration Trump refuse d’admettre cette boulette et encore moins de le révoquer. Un entêtement qui les dessert.

Une situation dont Brian Driscoll profite pour protéger les 6000 employés de l’agence de la purge exigée par le président des Etats-Unis. Ainsi, en quelques jours, l'actuel numéro 1 du FBI est devenu un symbole «de la résistance discrète» à Donald Trump, relate le «New York Times» qui a enquêté sur cette folle affaire. 

Le site internet en cause

Pour comprendre dans les détails comment Brian Driscoll s’est retrouvé propulsé à la tête du FBI, il faut remonter à novembre 2024, jour de l’élection de Donald Trump. Face à cette victoire, l’ex-directeur de l’agence démissionne, et en attendant la nomination officielle de Kash Patel – un proche de Trump adepte des théories du complot –, l’administration sortante doit désigner un remplaçant temporaire.

Tout semblait planifié pour que, dès le 20 janvier, Robert Kissane prenne les rênes du FBI en tant que directeur par intérim, avec Brian Driscoll comme adjoint. Mais une erreur administrative vient tout chambouler: sur le site officiel, les rôles sont inversés. Brian Driscoll est annoncé comme directeur, tandis que Robert Kissane est rétrogradé au poste d’adjoint.

Plutôt que d’admettre la bévue et de la corriger, l’administration Trump s’obstine, agissant comme si cette nomination était parfaitement intentionnelle. Un coup du sort qui ne fait pas les affaires du président, car Brian Driscoll, farouche opposant à Donald Trump, est moins docile que le directeur par intérim pressenti.

Pied de nez à Trump

Par l’intermédiaire du ministère de la Justice, Donald Trump exige la liste des 6000 agents ayant enquêté sur lui et sur l’assaut du Capitole en janvier 2021. C’est à ce moment précis que Brian Driscoll, surnommé «Drizz», entre en scène et se retrouve sous le feu des projecteurs.

En guise de réponse, l’administration Trump reçoit un document détaillant les fonctions, rôles et titres de 5000 agents impliqués… mais sans aucun nom. Un pied de nez qualifié «d’insubordination» par le ministère de la Justice, rapporte le «New York Times».

Et Brian Driscoll ne cherche pas à dissimuler son geste. «Je suis un de ses employés», écrit-il sans détour dans un email adressé à l’ensemble du personnel du FBI, les alertant sur les pressions exercées pour obtenir ces informations. En effet, en tant qu’agent, il a lui-même participé à l’arrestation de Samuel Fisher, un assaillant du Capitole et fervent partisan des théories complotistes de QAnon, une mouvance d'extrême droite. Celui-ci a depuis été gracié par Donald Trump.

«Drizz», le saint

Depuis, «Drizz» est devenu l’«erreur providentielle» que les employés du FBI n’espéraient plus. Des mèmes le représentant en saint ou en guerrier circulent de service en service. Ses collègues et amis le décrivent comme un homme «imperturbable», rapporte le «New York Times».

Il faut dire que Brian Driscoll n’est pas du genre à se laisser impressionner. Sa carrière en témoigne. Entré en 2007 dans l’unité de sauvetage des otages du FBI, une élite du bureau fédéral, il a fait ses armes sur des terrains hostiles, en Irak, en Afghanistan et en Syrie.

On pourrait croire qu’il a été évincé depuis. Mais non. Samedi encore, la police judiciaire confirmait qu’il «continuait à exercer ses fonctions». Toutefois, son temps est compté. Malgré l’opposition des démocrates, Kash Patel devrait bientôt être officiellement nommé à la tête du FBI. Un choix controversé qui signerait la fin de l’ère «Drizz».

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