Avant même la convocation du «Liberation Day» de Donald Trump et l'annonce des nouveaux droits de douane, les chefs de Swissmem n'avaient pas de bons présages pour le président américain. L'association de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux ainsi que des branches technologiques apparentées s'y attendait: si les droits de douane de 31% étaient appliqués, la branche serait durement touchée.
Un nouveau sondage de Swissmem, dont le média «Schweiz am Wochenende» a eu connaissance, montre l'ampleur du phénomène. Si les Etats-Unis restent conséquents et imposent à la Suisse des droits de douane toujours aussi élevés après le délai de grâce de 90 jours, 13% des entreprises en question devraient mettre un terme définitif à leurs affaires avec les Etats-Unis. D'autre part, 13% ressentiraient de «fortes répercussions», car ils ne pourraient pratiquement pas répercuter les droits de douane sur les clients.
Le président de Swissmem Martin Hirzel explique que leurs affaires américaines prendraient également fin. En raison des faibles marges, il en résulterait des affaires non lucratives, voire même aucune affaire du tout. En d'autres termes? Si les droits de douane étaient appliqués, un quart de l'industrie technologique n'exporterait plus vers les Etats-Unis.
2ème plus grand pays d'exportation
Et ce bien que le marché américain soit très important pour la Suisse. Avec une part d'exportation de 15%, les Etats-Unis sont le deuxième plus grand pays client de la branche après l'Allemagne. Malgré cela, les entreprises suisses refusent de rentrer dans le jeu du président américain. Selon le rapport, trois entreprises sur quatre n'envisagent pas d'étendre ou de créer une production aux Etats-Unis. C'est un refus clair. Pour 5% seulement, un investissement est déjà fixé.
Pour le président de l'association Hirzel, c'est un résultat étonnamment clair. Il invoque surtout des raisons économiques et non politiques. «Les Etats-Unis sont pour nous un site industriel difficile», explique-t-il dans le journal «Schweiz am Wochenende». Selon lui, tout ce qui fait la force des entreprises d'ici fait défaut de l'autre côté de l'Atlantique: le personnel qualifié, une bonne formation professionnelle et la loyauté envers l'entreprise.
L'espoir repose sur la politique
Swissmem n'est pas la première association à s'attendre à des conséquences drastiques en cas d'introduction de droits de douane américains élevés. L'association économique faîtière Economiesuisse avait déjà mis en garde. Une entreprise sur deux serait touchée «fortement» par les taxes américaines, une sur cinq même très fortement. 50% des entreprises suisses s'attendent à une baisse de la demande.
Il n'est donc pas étonnant que les espoirs placés dans la politique soient grands. Vendredi, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le ministre de l'économie Guy Parmelin ont rencontré le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent. Les Etats-Unis devraient pour l'instant renoncer à une nouvelle augmentation des droits de douane vis-à-vis de la Suisse. Pour Martin Hirzel, il est toutefois clair que «nous avons besoin d'une solution».