Comment sortir de la tragédie déclenchée le 7 octobre par l’assaut des commandos palestiniens du Hamas sur Israël? Alors que plus de neuf mille personnes ont trouvé la mort à Gaza selon le Ministère de la santé, et que l’armée israélienne reconnaît la mort de 328 soldats dans l’opération lancée dans le territoire, voici les cinq faits, et les cinq individus, qui vont décider de l’issue de ce conflit.
Hassan Nasrallah et le Hezbollah, guerre totale?
Le chef du Hezbollah libanais s’est exprimé pour la première fois ce vendredi depuis l’assaut du 7 octobre. Hassan Nasrallah, 63 ans, n’a pas annoncé une entrée en guerre de sa milice chiite, véritable armée équipée par l’Iran, forte d’environ 20’000 soldats, avec un stock de milliers de roquettes. Ses attaques verbales ont ciblé l’État Hébreu «plus faible qu’une toile d’araignée», les États-Unis et les 22 pays arabes qui ont selon lui le devoir de couper tout contact et commerce avec l’Occident. Le Liban, désintégré par la crise économique et sans gouvernement, aurait trop à perdre d’une guerre totale. Le leader chiite, qui a fait l’éloge du Hamas sunnite, s’adressait aux opinions publiques arabes chauffées à blanc. Objectif: renforcer la solidarité régionale envers les combattants du Hamas, alors que l’armée israélienne encercle Gaza City et cherche à les ensevelir dans leurs tunnels.
Ali Khamenei et l’Iran, la contagion?
Le chef du Hezbollah chiite libanais est dans la main de l’Iran, son principal soutien militaire et politique. Il est clair que chacune des paroles délivrées ce vendredi par Hassan Nasrallah aura été précédemment discutée à Téhéran où le Guide Suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei peut, ou non, jouer la carte de la contagion régionale. Point important: celui-ci a, le 10 octobre, démenti avoir aidé le Hamas à lancer son assaut sur Israël. L’Iran a en plus déjà obtenu en partie gain de cause avec cette guerre: l’Arabie saoudite, son grand rival, a suspendu (sans les rompre) ses discussions en vue d’une normalisation de ses relations avec Israël.
Netanyahu et les colons, la Cisjordanie en feu?
Benyamin Netanyahu est politiquement mort. C’est ce que veulent croire ses opposants, bien que le Premier ministre israélien reste à la tête du cabinet de guerre formé le 11 octobre avec une partie de l’opposition. Sauf que la réalité n’est pas du tout celle-ci. Netanyahu reste un incendiaire aux commandes. Il affirme défendre le «bien pour l’humanité», accuse le chef d’État-major de l’armée de ne pas l’avoir bien informé sur le Hamas, et couvre sans scrupules les colons israéliens de Cisjordanie qui s’en prennent aux Palestiniens, cherchant à profiter du chaos ambiant. Plus que jamais, la responsabilité de ce politicien allié à l’extrême-droite religieuse et raciste, qui redoute de finir devant les tribunaux, voire en prison pour ses malversations passées, est énorme.
Joe Biden et Israël, une trêve possible?
Le président américain a de nouveau plaidé jeudi 2 novembre pour une «pause» de l’offensive israélienne à Gaza. Le mot «pause» est décisif pour la suite du conflit. Il est moins exigeant que l’appel à une «trêve humanitaire durable» et à un «cessez-le-feu» réclamé par les Nations unies. Joe Biden n’a pas non plus repris les termes utilisés par le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres selon lequel «toutes les parties doivent se conformer au droit de la guerre, y compris les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution». Reste que les États-Unis sont les seuls à disposer d’un levier suffisant sur l’État hébreu. Le patron de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est de retour dans la région. Selon le site Politico, «le locataire de la Maison-Blanche aurait demandé à Netanyahu de réfléchir dès maintenant aux enseignements et conseils qu’il transmettra à son successeur». Ce qui a ensuite été démenti.
Le Qatar, l’Égypte et les otages, une médiation?
On ne parle plus ces jours-ci du rôle joué par le Qatar, où vivent les dirigeants politiques du Hamas. Le focus est sur l’Égypte, qui a entrouvert son poste frontière de Rafah pour évacuer des blessés, et sur la Turquie, où le président Erdogan a attaqué violemment l’Occident. Sur le terrain, à Gaza, les Qataris s’activent toutefois. La question est de savoir ce que va faire le Hamas, après avoir reçu une fin de non-recevoir d’Israël à sa proposition d’échange entre les 240 otages qu’il détient toujours et les milliers de prisonniers palestiniens actuellement détenus. Un échange, ou une libération d’otages, exigerait une trêve.