Paralysie en vue aux USA
Le Sénat refuse le vote de la dernière chance, le «shutdown» est inévitable

Les Etats-Unis s'approchent d'une paralysie budgétaire après l'échec d'une dernière tentative au Sénat. Sans accord au Congrès, le budget expirera à minuit, (6h en Suisse) mettant au chômage technique de nombreux fonctionnaires fédéraux.
Publié: 01:50 heures
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Dernière mise à jour: 02:48 heures
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La nuit s'annonce tendue du côté du Capitole.
Photo: AP
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AFP Agence France-Presse

Les Etats-Unis se dirigent inéluctablement mardi vers une paralysie budgétaire après l’échec d’un ultime vote au Sénat pour éviter le gel d’une partie des services fédéraux, le fameux «shutdown». A minuit, dans la nuit de mardi à mercredi (6h, heure suisse), le budget de l’Etat fédéral expirera et commencera alors le «shutdown», entraînant l’arrêt d’une partie de ses services.

Le Bureau budgétaire du Congrès estime qu’environ 750'000 fonctionnaires seront mis chaque jour au chômage technique, avec une solde différée. Le trafic aérien pourrait en pâtir, tandis que le versement de nombreuses aides sociales serait fortement perturbé.

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Selon les calculs des analystes de la compagnie d’assurance Nationwide, chaque semaine de «shutdown» pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage. Avant même le vote au Sénat, chaque camp se rejetait déjà la faute de l’échec des négociations.

Trump évoque des conséquences «irréversibles»

«Les démocrates veulent tout fermer, nous ne le voulons pas», a affirmé Donald Trump depuis le Bureau ovale. Le président américain a aussi fait monter la pression en assurant que la situation pourrait avoir des conséquences «irréversibles» si les démocrates n’acceptaient pas le budget voulu par les républicains.

«Nous pouvons, durant le shutdown, faire des choses qui sont irréversibles, qui seront mauvaises pour eux. Comme licencier de nombreuses personnes», a ajouté Donald Trump, menaçant d’intensifier les opérations de limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamées avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.

Le dernier «shutdown», de fin décembre 2018 à fin janvier 2019, durant le premier mandat de Donald Trump, avait duré 35 jours, un record. Conscients du caractère très impopulaire d’une telle situation, démocrates comme républicains tentent traditionnellement de l’éviter, parfois au dernier moment. Mais en cas d’échec, chacun cherche à en rejeter la responsabilité sur le camp adverse.

La santé au coeur du bras de fer

Donald Trump a déjà vitupéré à plusieurs reprises contre les chefs démocrates. Sur sa plateforme Truth Social, il a publié un montage vidéo généré par l’intelligence artificielle montrant Hakeem Jeffries, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, affublé d’une longue moustache et d’un sombrero mexicain.

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Un montage dénoncé comme «raciste» par Hakeem Jeffries, qui déplore aussi l’absence de dialogue constructif. Tous ont déjà en tête les élections législatives de mi-mandat en novembre 2026, où la majorité républicaine au Congrès sera remise en jeu. Et, à l’approche de l’heure limite de minuit, les lignes ne bougent pas.

D’un côté, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre. De l’autre, les démocrates réclament le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé, notamment dans le programme «Obamacare» destiné aux classes populaires, supprimées par l’administration Trump.

Négociations dans l'impasse

Bien que les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat impose qu’un texte budgétaire soit adopté à 60 voix sur 100. Il faudrait donc au moins sept voix démocrates pour parvenir à un accord. Donald Trump a reçu lundi à la Maison-Blanche les principaux responsables républicains et démocrates du Congrès. Cette rencontre n’a fait que confirmer l’impasse des négociations.

«Nous avons la volonté et la capacité de trouver une voie d’entente», a assuré Hakeem Jeffries mardi. Mais «nous ne soutiendrons pas un projet de loi partisan républicain qui continue à démanteler le système de santé américain, ni maintenant, ni jamais», a-t-il ajouté devant le Capitole de Washington.

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Evité in extremis en mars

En mars, alors que la menace d’un «shutdown» planait déjà, les républicains avaient refusé d’engager le dialogue sur les énormes coupes budgétaires et le licenciement de milliers de fonctionnaires décidés par l’administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecœur pour le texte des républicains afin d’éviter la paralysie fédérale.

Ce choix avait provoqué de vives tensions dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de céder face à Donald Trump et à son programme jugé radical.

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