Scandale des déchets toxiques
Six ans de prison requis contre la «reine des ordures» en Suède

Le procès de «la reine des ordures» s'est achevé jeudi à Stockholm. Cinq accusés, dont Bella Nilsson, nient les accusations de crime environnemental aggravé, affirmant avoir agi légalement.
Publié: 17:20 heures
La reine des ordures, qui se nomme désormais Fariba Vancor, affirme avoir été la victime d'un complot orchestré par ses concurrents.
Photo: keystone-sda.ch

Six ans de prison ont été requis contre Bella Nilsson, ancienne dirigeante d'entreprise surnommée «la reine des ordures», lors du procès de la plus grande affaire de criminalité environnementale du pays qui s'est achevé jeudi. Un temps saluée pour sa gestion des déchets, l'entreprise Think Pink est accusée d'avoir dispersé 200'000 tonnes de matériaux toxiques sur 21 sites entre 2015 et 2020, sans intention de les traiter correctement.

Mme Nilsson, ancienne stripteaseuse autoproclamée «la reine des ordures» et qui dirigeait Think Pink, comparaissait pour «crime environnemental aggravé». La même peine de six ans de prison a été requise contre l'ex-mari de Mme Nilsson et fondateur de l'entreprise Thomas Nilsson, ainsi que Leif-Ivan Karlsson – un entrepreneur excentrique qui s'est fait connaître dans une émission de téléréalité où il exhibait son train de vie.

Tous deux ont occupé la fonction de directeur général de Think Pink à plusieurs reprises. Robert Silversten, courtier en déchets, et Tobias Gustafsson, qui a organisé le transport des déchets, risquent la même peine. Tous ont rejeté les accusations. «Nous avons tout fait correctement, légalement. Nous avons suivi la loi», a assuré Bella Nilsson à la barre. Son avocat Thomas Olsson a nié que l'entreprise avait utilisé des documents falsifiés pour tromper les autorités, évoquant uniquement des erreurs commises par «inadvertance».

Un complot des concurrents?

La reine des ordures, qui se nomme désormais Fariba Vancor, affirme avoir été la victime d'un complot orchestré par ses concurrents. Think Pink était employée par de nombreuses communes, entreprises de construction, copropriétés et foyers pour recycler et traiter leurs déchets de construction mais aussi de l'électronique, des métaux, du plastique, du bois, des jouets ou encore des pneus.

Mais la société n'a rien trié et a laissé ces piles de détritus à l'abandon, selon l'accusation. D'importantes quantités de PCB (polychlorobiphényles, polluants dit éternels), plomb, mercure, arsenic et autres produits chimiques ont été libérées dans l'air, le sol et l'eau, portant atteinte la santé des humains, des animaux et de la flore. Le procès s'est ouvert en septembre 2024 après une enquête de plusieurs années, constituée de plus de 45'000 pages.

«Ce procès est unique par son ampleur. Il y a eu beaucoup d'éléments à examiner, de grandes quantités de déchets (..). L'enquête et le procès ont duré longtemps», a déclaré à l'AFP le procureur Anders Gustafsson. Selon lui, Think Pink était guidé par l'argent. «Il est extrêmement coûteux pour une entreprise de faire ce qu'il faut. Vous gagnez beaucoup d'argent si vous collectez les déchets et que vous ne les triez pas correctement».

Plusieurs communes réclament des dommages et intérêts pour les coûts de nettoyage et de décontamination, pour un total de 260 millions de couronnes (23 millions d'euros). L'une des principales plaintes émane du conseil municipal de Botkyrka, où deux piles de déchets Think Pink ont brûlé pendant des mois en 2020 et 2021 après s'être enflammées spontanément. L'une d'entre elles se trouvait à proximité de deux réserves naturelles. La décision sera rendue le 17 juin.

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