Le président syrien, Ahmad al-Chareh, est arrivé aux États-Unis samedi pour une visite officielle, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays. Cette visite s'inscrit au lendemain du retrait de Ahmad al-alChareh de la liste noire américaine du terrorisme.
Le président syrien intérimaire, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer Donald Trump. Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste emmenée par les États-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.
Une base américaine près de Damas
Le groupe jihadiste État Islamique (EI) a été défait en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne. Les États-Unis pour leur part prévoient d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l'AFP une source diplomatique en Syrie.
Le pays, sorti de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction. Le coût du chantier pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (173,84 milliards de francs), selon la Banque mondiale.
Sanctions levées contre al-Chareh
Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre Ahmad al-Chareh, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international. La résolution préparée par les Etats-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités d'Ahmad al-Chareh, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à «lutter contre le terrorisme».
Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une «campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI», selon l'agence officielle Sana. C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que Ahmad al-Chareh était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU.
Un tournant à sa prise de pouvoir
Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé djihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.
Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie. Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël.
Trump soutient Damas
Aux yeux de Michael Hanna, analyste de Crisis Group, «le président Trump a bouleversé de manière inattendue la politique de longue date des États-Unis concernant la Syrie en mai et a continué à soutenir le nouveau gouvernement à Damas, malgré des épisodes d'instabilité et de violence sectaire qui ont entamé la confiance envers les nouveaux dirigeants du pays».
La visite prévue à la Maison Blanche d'Ahmad al-Chareh est «un témoignage supplémentaire de l'engagement des Etats-Unis envers la nouvelle Syrie et un moment hautement symbolique pour le nouveau dirigeant du pays, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa transformation étonnante de chef militant en homme d'Etat mondial», ajoute l'analyste.